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L'ALLEMAGNE
Depuis 1956 la première occupation
de l'Allemagne comme celle des Etats-Unis était d'éviter
une confrontation directe avec l'URSS et l'escalade nucléaire.
La politique de la détente signifiait pour les deux puissances
continentales (l'Allemagne et la France) le signal de nouvelles
possibilités. L'Allemagne met l'accent sur la normalisatin
des relations vace le bloc soviétique.
Le rôle que l'Allemagne a joué
en 1938 a servi comme une pseudo-justification de l'intervention.
L'URSS et les pays du pacte de Varsovie voulaient " prévenir
un danger allemand ", des armes allemandes ayant été
" découvertes " en Tchécoslovaquie.
Brandt et le SPD furent extrêmement sensibles à
cette accusation d'avoir compromis les Tchèques par leur
soutien et de porter une partie de la responsabilité
à l'invasion.
En Allemagne on connaissait un intérêt
soutenu pour le Printemps de Prague. De nombreux contacts se
développaient entre l'Allemagne et la Tchécoslovaquie.
Les gens allaient passer des week-ends à Prague.
LA FRANCE
Pour le général de Gaulle
la Tchécoslovaquie ne se trouvait pas dans une zone géographique
intéressante, ainsi on peut expliquer la prise de conscience
tardive des événements tchécoslovaque par
la presse. On peut ajouter aussi le sentiment de remords et
de la méfiance dans les relations franco-tchécoslovaques.
Le Général était préoccupé
par la question allemande comme le danger permanent qui impliquait
un rapprochement nécessaire (vu les rapports dégradant
avec les Etats-Unis) avec l'URSS en vue d'instaurer la politique
de détente Est-Ouest et d'assurer ainsi une sécurité
intereuropéene. La même menace allemande préoccuppe
la Tchécoslovaquie.
En 1963 se produisent les premiers signaux
de changement du regard de la France envers la Tchécoslovaquie.
La France (hormis les milieux communistes ouverts pour des raisons
idéologiques), a toujours été très
conservatrice à l'égard de l'apport culturel de
l'Europe centrale. Ce changement a lieu en particulier grâce
au cinéma de la " Nouvelle Vague " et aussi
à la littérature qui le suit progréssivement.
Mais ce n'est que l'année 1965
qui est marqué d'une certaine ouverture et des négociations
entre la France et la Tchécoslovaquie. Les liens intensifiés
entre Paris et Moscou donnent à Prague une plus grande
assurance de légitimité de ses rapports avec la
France, nécessaires pour rattraper le retard technologique
sur l'Occident. Ce qui va caractériser les rapports franco-tchécoslovaques
c'est la volonté de la France de retrouver la place perdue
dans le domaine culturel, sa conscience d'une compétition
avec les Brittaniques et les Allemands, et l'impossibilité
de développer les relations commerciales satisfaisantes
à cause de la non-complémentarité de l'économie
française et tchécoslovaque.
Il y a une coïncidence entre le
Printemps de Prague et Mai 68. Ce dernier a donné naissance
à un nouveau mouvement qui a dévoilé le
caractère totalitaire du communisme et qui a participé
au processus de la délégitimation de l'idée
communiste en France. La société française
a politiquement déçu la société
soixante-huitarde dans ses attentes révolutionnaires.
L'aspiration à une plus grande
liberté s'exprimait bien dans les deux pays mais sous
un aspect différent correspondant aux réalités
nationales. La soif de la liberté et le désir
de vérité sur le passé de la société
tchécoslovaque sont très mal perçus, presque
niés, par la gauche française. On peut parler
de plusieurs domaines de malentendus entre Prague et Paris.
Les Français prennent les éfforts tchécoslovaques
pour un retour vers quelque chose de déjà vu,
ce n'est rien de nouveau pour les révolutionnistes français
de 1968 et ça ne les intéresse pas. C'est également
sur le plan économique que la gauche française
se méfie des démarches tchécoslovaques
qui semblent bien prendre une dimension proche du capitalisme.
En Tchécoslovaquie il y a une tendance d'autogestion,
un refus du syndicalisme de type soviétique; pour l'extrême
gauche c'est les conseils dans la filiation de la Commune de
Paris qui comptent. Prague exprime le désir de retour
en Europe quand Paris regarde vers Pékin, Alger ou La
Havane. C'est plutôt la grande réunion internationale
d'intellectuels à Cuba que Prague qui retient l'attention.
Dès le mois de mai les Occidentaux
comprennent qu'il faut s'abstenir de tout contact trop étroit
avec Prague pour ne pas alimenter les campagnes de propagandes
d'un basculement vers l'ouest.
L'annonce de l'invasion est accueillie
comme la démonstration du caractère pitoyable
de l'impérialisme soviétique et de l'incapacité
du système communiste à se réformer. Elle
a était approuvée par la plupart des gauchistes
(staliniens du PCF comme militants, ébranlés par
la défaite de la gauche aux éléctions de
juin 1968 réfusant ainsi de se mêler au Printemps
de Prague). Le 29 août Michel Debré condamne l'intervention
en affirmant que c'est un " grave accident de parcours
" mais il ne peut pas empêcher de poursuivre la politique
de la détente, l'objectif fondamental de la France. La
France s'impose un " ralentissement " des échanges
ministériels avec Moscou.
L'intervention soviétique témoigne
de la réalité que l'URSS dirige encore toujours
sa politique dans le sens des accords de Yalta imposant des
blocs en Europe. La France qui n'a pas pris part à ces
accords et elle n'approuve pas ce comportement et considère
que les événements à Prague porte atteinte
aux droits et au destin d'une nation amie et ils contrent la
détente européenne.
L'intervention du 21 août donne
fin au " communisme franco-tchécoslovaque "
dont les liens politiques, financiers, de nombreux échanges
culturels étaient très intenses jusqu'à
former un sous-système politique. Et si on peut considérer
l'échec du Printemps de Prague, sur le plan des idées,
comme le début de l'ébranlement et de la fin du
communisme en Europe, on peut également considérer
cette époque comme le début de la fin d'un certain
rayonnement littéraire et intellectuel français
en Europe de l'Est. On peut donner au Printemps de 1968 la signifiance
des retrouvailles possibles entre la France et la Tchécoslovaquie.
La conférence internationale
des partis communistes et ouvriers de juin 1969 organisée
afin de renforcer la lutte contre l'impérialisme selon
les principes du marxiste-léninisme et de l'internationalisme
prolétarien. Cette réunion fournit au PCF les
bases de la démocratie socialiste et influence sa position
à l'égard de la Tchécoslovaquie. Le PCF
est dirigé par Georges Marchais qui assume entièrement
la répression mise en oeuvre à Prague. La Démocratie
nouvelle est supprimée, Les Lettres françaises
disparaissent au cours de la normalisation, Daix est marginalisé
et Noirot exclu. Ainsi les soutiens intérieurs au révisionnisme
sont pratiquemment liquidés.
La gauche française :
- La Fédération de la gauche démocrate
et socialiste (FGDS) avec pour leader François
Mitterrand :
En octobre 1967 à Prague avec Claude Estier, François
Mitterrand rencontre Antonín Novotný. Claude
Estier fait éloge de Novotný, très
bien entouré par une nouvelle génération
de responsables dynamiques, et il se réjouit de la
sympathie créé entre Mitterrand et Novotný.
Ce qui est le plus méprisant c'est le fait que le
révisionnisme est totalement absent dans son méssage.
La politique de Mitterrand jugeait que la France avait intérêt
à l'existance du bloc soviétique pour ne pas
bouleverser le rapport des forces internationales entre
Washington et Moscou tout en souhaitant que les choses évoluent
progressivement dans un sens réformiste.
- Le PCF :
Le PCF est hostile au renouveau, très réservé
à l'égard du révisionnisme dans le
PCT. Pour la première fois c'est fin avril qu'un
premier geste à demi positif est fait : Waldeck Rochet
souhaite au PCT, à son Comité central et à
son sécrétaire " de grands succès
dans l'application de leur programme visant l'épanouissement
du socialisme ". Le sécrétaire général
du PCF soutien l'effort réformateur de Dubcek mais
sa priorité est portée à l'unité
du mouvement communiste international ( MCI), " souci
fondamental " du PCF. Rochet a également compris
que Dubcek n'était pas capable d'empêcher les
" débordement contre-révolutionnaires
".
Le 4 septembre sa position évolue dans le sens d'appartenir
au MCI mais sans le rôle dirigeant du PCUS, avec l'admission
que même l'URSS n'est pas forcément "
infaillible ". Le PCF a bougé dans une mesure,
même si ce n'était que d'un pas d'escargot
et plutôt sur un chemin local, dans la direction du
Printemps de Prague. Pourtant le Parti caché derrière
sa condamnation de l'invasion procède en même
temps à l'épuration des militants qui avaient
pris parti pour le Printemps de Prague.
Le 21 août une " surprise et réprobation
" est exprimée face à l'invasion par
le Bureau politique. Le 22 août en session extraordinaire
le mot " désapprobation " est substitué
à " réprobation ", on y parle également
de la molesse idéologique des dirigeants tchécoslovaques
et on dénonce les manipulation des revanchards allemands.
- La gauche dissidente autour du PSU ou du groupe
" Reconstruction " à la CFDT :
Cette gauche non-communiste était très intéressée
par la réforme économique et les orientations
politiques d'Ota ik. Elle cherchait, elle aussi, une
troisième voie entre le capitalisme et le communisme
soviétique dont est porteur le Printemps de Prague
- un socialisme démocratique fondé sur l'accord
entre le plan et le marché. Elle dénonce la
bureaucratisation du système soviétique, s'intéresse
à l'autogestion yougoslave et au développement
des révisionnismes en Europe centrale.
- Roger Garaudy :
Intellectuel communiste et l'homme du dégel culturel,
il parle pour la première fois du Printemps de Prague
en 1963 (le lendemain du colloque de Liblice sur Kafka).
- La revue Démocratie nouvelle :
Animée par Paul Noirot, elle se trouve sur la même
onde de la révolution scientifique et technique du
collectif Richta.
- La revue Les Lettres françaises et Louis
Aragon:
Cette revue littéraire est la plus proche du processus
en cours en Tchécoslovaquie. Pendant toute la durée
du Printemps de Prague, elle est l'ambassadeur de Literární
Listy. En avril elle publie un reportage de Pierre Daix
dont le but est d'expliquer l'importance du processus de
réhabilitation des victimes du stalinisme et d'aider
le PCT à retrouver de nouveau sa légitimité
en l'épurant du stalinisme. Pierre Daix est le plus
proche du révisionnisme mêlé au renouveau
de l'époque.
Après l'invasion Les lettres françaises continuent
à dénoncer le cours des événements
à Prague.
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