Chapitre I
Le programme des rédormes du
printemps de Prague
LA REFORME ECONOMIQUE
Peu après 1960
un nouveau groupe d'économistes autour du professeur
Ota ik a commencé à préparer une
réforme économique pour changer la méthode
de gestion du système économique et pour corriger
aussi les défaults de ce système. Cette réforme
visait de parvenir à l'aide du marché et du plan
bien équilibré à une économie ouverte
et adaptée aux besoins du marché.
La situation économique se dégradait
rapidement. L'industrie ne réagissait plus aux besoins
du marché et la qualité et le niveau technique
des produits devenaient arriérés par rapport à
l'Occident. Le stock des produits invendables continuait à
augmenter sans cesse alors que certains produits indispensables
manquaient. Le suremploi dans l'industrie était énorme
mais les entreprises pas efficaces. Le système de subventions
très compliqué et la régulation des prix
étaient des causes de l'impossibilité de calculer
correctement les prix.
Cette réforme ne pouvait pourtant
transformer les éléments principaux du système,
la nationalisation et la collectivisation forcée de la
propriété étant imposée et effectuée
d'une manière assez radicale (commerces, métiers,
agriculture, immeubles, ...). Les projets de la réforme
ne visait non plus une diminuation du pouvoir du PC ni de son
influence sur la nomination des cadres supérieurs. Les
réformateurs étaient limités par leurs
convictions politiques et seule une réforme modérée
avait une chance de réussir.
Les principaux changements au programme
étaient:
Le plan national ne devait devenir qu'un
moyen de coordination et une source d'information (au lieu de
constituer l'instrument d'une régulation obligatoire)
- Un renforcement sensible du rôle du marché
intérieur comme du celui extérieur.
- Plus de compétences aux entreprises lors
de la prise des décisions importantes.
- L'Etat devait utiliser en imposant sa politique
des moyens de motivation économique.
ik étaient
parvenu à convaincre quelques fonctionnaires importants
du PCT. Les principes de la réforme ont été
approuvés par le Comité central du Parti en 1965
et plus tard même par le XIIIe congrès du Parti.
La mauvaise situation économique et le mécontentement
qu'elle provoquait ont beaucoup aidé à l'adoption
du projet. Mais c'était surtout l'atmosphère de
la détente politique qui commencait à se faire
ressentir déjà à l'époque.
Lors de l'application de quelques changements
(dès 1967) les difficultés dans certains domaines
étaient déjà assez graves. Cela était
d'une part aussi en raison de la complexité insuffisante
de la réforme et d'autre part en raison d'une influence
toujours très forte du Parti et de l'appareil administratif
de l'Etat qui agissaeint contre la réforme.
C'est l'invasion soviétique du
21 août 1968 qui a mis fin à la réforme
économique de 1968. Les auteurs de la réformes
ont étaient exclus du Parti et chassé de leurs
positions, nombreux ont émigré. Le Parti prétendait
qu'il allait poursuivre la réforme une fois épurée
des " éléments anti-socialistes ". Mais
l'autorité affermie du plan national, la diminuation
de l'influence du marché, l'indépendance économique
de nouveau très limitée des entreprises et l'influence
grandissante du Parti sur les nomination aux postes importants
a été de nouveau installé. Pourtant les
idées de la réforme réprimées, l'élément
très positif est le fait que la centralisation du système
économique n'a jamais plus été aussi centralisée
qu'auparavant. On ne saura jamais si le projet d'Ota ik
avait ou non une réelle chance de réussir.
En 1989 on voulait changer complètement
de système. Les projets de 1968 n'étaient plus
acceptables et c'est l'équipe de Václav Klaus
qui a préparé une nouvelle réforme.
LES REFORMES A L'INTERIEUR DU PC TCHECOSLOVAQUE
Les réformes
idéologiques vont dans le sens de la déstalinisation
tardive appelée " socialisme à visage humain
", encore jamais vécue en Tchécoslovaquie.
Cette socialisme réformé a des éléments
communs avec d'autres doctrines réformistes comme l'eurocommunisme
par exemple. L'atmosphère de la détente politique
des années 60 lui confie un caractère particulièrement
efficace.
Dans le gouvernement tchécoslovaque
il y avait une coalition de trois forces hostiles au régime
incarné par Antonín Novotný :
-
Une aile libérale tchèque
s'appuyant sur la contestation des milieux intellectuels
communistes et réclamant une vraie rupture avec l'héritage
stalinien.
-
Les partisans d'une réforme
économique avec Ota ik comme porte-parole.
-
Les communistes slovaques avec
à leur tête Alexander Dubcek, contestant
de plus en plus ouvertement le centralisme pragois appelé
" centralisme bureaucratique ".
Depuis le milieu des
années 60 toute une série de groupes de réflexions
étaient créés dans le cadre du Parti, parmi
les plus importants :
- Les économistes dirigés par Ota
ik.
- Les juristes et les politologues réfléchissant
à la réforme du système politique dirigé
par Zdenek Mlynár.
- Les théoriciens autour de Radovan Richta
qui visaient une " révolution scientifique
et technique".
Le fruit de ces réflexions
fut le Programme d'action de Dubcek rédigé par
une centaine de collaborateurs et publié le 5 avril 1968.
Ce programme traite entre autre de la question concernant la
séparation du Parti et de l'Etat portant également
sur l'appareil de la Sécurité, la durée
des mandats limitée, l'élection des dirigeants
par un vote secret, l'autorité du Parti qui ne devrait
plus être " imposée " et ne peut avoir
recours à la répression contre la minorité,
tout cela sans négliger l'amitié avec l'URSS.
C'est un changement toutefois modéré (au moins
dans ses débuts) conservant le " rôle dirigeant
du Parti " comme seule source du pouvoir.
En adoptant le Programme d'action de
Dubcek, le Parti communiste est devenu l'initiateur des changements
au sein du PCT. Mais bientôt c'est la société
civile qui emportera la situation par l'élan et l'énérgie
de ses initiatives qui allèrent bien au-delà du
cadre envisagé par les communistes réformateurs
et dont les aspirations à la liberté et à
la démocratie étaient incompatibles avec tout
programme.
Les sondages montrent que 85% de la population faisait confiance
à Dubcek à cette époque et 50% au Parti,
tout en témoignant d'une confiance croissante de la population
dans le projet réformiste. L'écart entre les communistes
et les non-communistes se réduisait dans une attitude
de plus en plus positive envers un pluralisme politique (68%
des membres du PCT et 86% des non-communistes considéraient
l'instauration d'un pluralisme de parti en Tchécoslovaquie
comme souhaitable).
Paradoxalement, c'est également
le PCT qui jouera le rôle de frein de ce mouvement de
renouveau pour tenter de préserver le " rôle
dirigeant " dans le pays et pour répondre aux attentes
du communisme international.
Après l'invasion un demi-million
de communistes réformateurs ont étaient exclus
du Parti et chassé de leur emploi pour avoir participé
aux réformes de 1968. Il fallait normaliser le Parti
pour normaliser la société.
Après 1989, le PC tchèque
se trouve dans un isolement. Les anciens " soixante-huitards
" sont aujhourd'hui le plus souvent les membres de la social-démocratie.
Pour la société l'année 1968 fut un espoir
déçu condamnant définitivement le communisme
et même une événtuelle réforme de
celui-ci. C'est pourquoi en 1989 c'est Havel et non Dubcek qui
représentera l'espoir de la transition vers la démocratie.
LA QUESTION TCHECO-SLOVAQUE
Déjà
pendant la Seconde Guerre mondiale les slovaques s'opposaeint
à un état monolithique tchécoslovaque.
Depuis 1945 le peuple slovaque demeurait dans un rapport d'inégalité
par rapport au peuple tchèque. En 1948 les aspirations
slovaques à la souveraineté nationales furent
condamné par le régime comme une "manifestation
de nationalisme bourgeois ".
En 1968 la Slovaquie formula des revendications
démocratiques avec le but de créer un état
fédératif, ce qui a également donné
un " coup de pouce " aux réformes en voie de
développement.
Le Conseil national slovaque envisageait
d'établir des rapports interétatiques sur les
principes d'égalité, d'égalité en
droits et de l'identité nationale. Mais cette fédération
construite sur les principes d'équité ne serait
possible que dans des conditions démocratiques que le
système communiste ne fournissait pas. Une partie des
Tchèques n'était pas prête à accepter
ces revendications qu'elle sous-estimait, beaucoup parmi eux
ne faisaient pas confiance aux Slovaques. Ils craignait également
l'autonomisme et le séparatisme slovaques en raison d'une
possible contagion par la révolution hongroise en Slovaquie.
Pour eux la conception d'un Etat tchèque
ou d'un Etat tchécoslovaque était pratiquemment
la même. A cela s'ajoutait les différents concepts
idéologiques : la démocratisation dans tous les
secteurs du système politique en Bohême et la fédéralisation
de l'Etat provenant de la part des Slovaques. Les Tchèques
visaient les droits individuels et les libertés des citoyens.
Tandis que les réformes envisagées par les Slovaques
défendaient les droits collectifs de la nation, elles
comprenaient aussi la question réligieuse et nationale
de la Slovaquie, y compris la réhabilitation des "
nationalistes bourgeois slovaques ". La société
tchèque et la société slovaque présentaient
chacune une différente économie, mentalité
et société; le tragique répose dans l'incapacité
de concilier les priorités dans un programme commun.
C'est dans la réforme du droit constitutionnel qu'on
choisit une fédération conséquente de l'Etat
tchécoslovaque avec une Constitution nationale Tchèque,
une autre Slovaque et une Constitution de la fédération.
On envisageait de réviser également le statut
des nationalités, le système électoral
et la réorganisation territoriale de l'Etat. Le processus
de démocratisation et de fédéralisation
était encore lié à la réforme économique.
Pour Gustav Husák, une fois au
pouvoir, comme pour Moscou la seule variante acceptable en matière
de la direction de l'Etat était le Parti communiste avec
son rôle dirigeant. Ni une fédération du
parti communiste ni une réforme économique dans
un Etat fédéralisé, qui seraient un signe
du début de l'affaiblissement du pouvoir d'Etat et de
la politique, n'étaient en aucun cas souhaitables. Le
Protocole marque le début de la " normalisation
" - processus de restauration des méthodes néostaliniennes,
d'oppression des éléments démocratiques
et autonomes dans tous les secteurs, qui a marqué la
fédération tchéco-slovaque.
Les tentatives de créer une fédération
continuaient après l'invasion et elles débouchèrent
sur l'adoption de la loi constitutionnelle de la fédération
tchéco-slovaque du 27 octobre 1968. Il s'agit d'une union
volontaire des deux Etats, égaux en droits, des Tchèques
et des Slovaques. La République fédérative
tchéco-slovaque a pris la naissance en janvier 1969 mais
d'une manière antidémocratique quand grâce
à l'attitude négative des Tchèques la République
gardera son appelation " socialiste " et ne deviendra
" fédérative " qu'en avril 1990. Une
période d'étouffement par le régime arrêtant
les réformes de force et des querelles entre les Tchèques
et les Slovaques marqueront la période d'après
1968.
En 1990 de nouveaux de différents
concepts de réformes montreront la différence
entre la société tchèque et la société
slovaque. Pour les Tchèques c'est le centralisme de l'Etat
nécessaire pour effectuer leurs réformes, pour
les Slovaques la priorité est donnée au respect
de l'union des deux Etats nationaux. Dans les années
90 les rapports se déteriorèrent en raison des
désaccords sur la conception de l'organisation de l'Etat
et des tendances de créer deux Etats indépendants
commencèrent à se multiplier. En conséquence
du mépris des principes essentiels qui devaient régir
la Fédération tchéco-slovaque l'Etat commun
s'est finalement écroulé et la République
tchèque et la Slovaquie sont nées le 1er janvier
1993 comme deux états indépendants.
L'ESSOR CULTUREL
Contrairement à
d'autres domaines, l'épanouissement culturel du Printemps
de Prague, cette nouvelle culture émergée dans
la deuxième moitié des années 60, n'a pas
été interrompu par l'intervention soviétique.
L'action culturelle s'est seulement retirée dans les
couloirs souterrains de la vie de la société tchécoslovaque
et certains artistes ont choisi de partir en exil pour pouvoir
mieux continuer leur oeuvres là-bas. Il s'agit d'une
culture libre de toute exigence et de tout engagement politique,
elle s'attache aux valeurs occidentales. Même si elle
ne survivra pas toute entière, ça sera au moins
dans ses formes traditionnelles qu' elle continuera son existence
. Un nouveau espace de la liberté " intérieure
" est conçu dans les conditions étouffantes
de la vie publique. Etrangement, cette période a vu naître
des oeuvres d'une étonnante qualité dont on ne
prendra connaissance que plus tard lors des expositions d'atelier,
grâce aux éditions samizdat, aux représentations
théâtrales d'appartement et lors des séminaires
privés. Ce n'est qu'à partir des année
80 que l'Occident substituera l'immage pessimiste de la Tchécoslovaquie
par l'admiration pour les oeuvres de sa culture " dissidente
".
La frontière entre les communiste
" réformateurs " et les non communistes progressivement
s'éffaçait, on pouvait le voir en particulier
dans les théâtres, les cinéma, les rédactions
des journaux, les instituts de recherche, les universités,
les maisons d'édition.
Dans le milieux de
la cinématographie on peut parler de la "
Nouvelle Vague " dont faisaient partie les anciens
élèves de la FAMU: Vera Chytilová, Milo
Forman, Edvald Schorm, Jirí Menzel etc.
Pour la littérature
on peut citer des auteurs comme Ludvík Akenázy,
Eduard Bass, Karel Capek, Ladislav Fuks, Jaroslav Haek,
Václav Havel, Vladimír Holan, Bohumil Hrabal,
Pavel Kohout, Jirí Kolár, Milan Kundera, Vera
Linhartová, Jan Otcenáek, Jaroslav Seifert,
Josef kvorecký, Josef Topol ou Ludvík
Vaculík et bien d'autres.
Dans ce domaine il faut également
évoquer la revue Literární noviny (Nouvelles
littéraires) qui jouait un rôle important pendant
le Printemps de Prague avec son nombre de lecteurs élévé
ou bien la création de la revue Tvár. Quand le
Parti communiste tchécoslovaque a essayait de créer
l'hébdomadaire Kulturní Tvorba (Création
culturelle) pour concurrencer Literární Listy,
Kulturní Tvorba s'est aussi mis progressivement sur la
voie de transformation de l'époque.
La " libération
" concernait même la télévision
et la radio tchécoslovaques. Pour la télévision
on peut mentionner surtout les fictions et les documentaires
qui furent présentés au festival de Monte-Carlo
au début des années 60.
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