Le groupe Devětsil
1920-1930
Fondé le 5. 10. 1920, son noyau est formé par
des étudiants du lycée rue Kremencová à
Prague (les théoriciens K. Teige et V. tulc, l'écrivain
V. Vancura et les peintres A. Hoffmeister, L. Süss, L.
Vanek et A. Wachsman) et de celui de ikov (les poètes
J. Seifert, F. Nemec et I. Suk). Les autres membres fondateurs
sont le poète et théoricien A. Cerník,
le poète J. Fric, l'architecte J. Havlícek, le
metteur en scène J. Honzl, le théoricien de la
musique J. Löwenbach, le peintre F. Muzika et l'écrivain
F. C. Weiskopfem. Le nom du groupe a été proposé
par les frères Capek (il s'agit de la plante pétasite).
L'association connaîtra plusieurs changements
d'orientation artistique et changera plusieurs fois de membres
: en 1921, K. Vanek et I. Suk s'en séparent à
cause de son orientation communiste ; en 1922, l'association
accueille V. Nezval, J. Wolker et A. M. Pía. Ces
deux derniers la quitteront en 1922 lorsque l'association se
rapprochera du constructivisme et du poétisme. D'autres
changements suivront mais le noyau restera regroupé autour
de K. Teige et de V. Nezval. Le Děvetsil cesse d'être
actif en 1930, alors que ses membres commencent à travailler
pour la revue Levá fronta.
Le Děvetsil rassemblait poètes
et écrivains, théoriciens, artistes, hommes de
théâtre et architectes. Plusieurs sections sont
fondées en son sein : en 1925, de jeunes auteurs, musiciens,
danseurs et acteurs, fondent, sous la direction de J. Honzl
et de J. Frejka une section théâtrale et créent
le Théâtre libéré. En 1926, c'est
au tour des architectes de fonder leur section (ARDEV). Des
musiciens se regroupent autour du tract musical Tam-tam, dirigés
par E. F. Burian, C. Blattný et l'écrivain J.
Maránek. Le petit groupe d'étudiants devint vite
la plus importante organisation artistique tchèque des
années 20.
Le Děvetsil entretient des relations avec
maints artistes étrangers et les invite à Prague
: en 1923, il invite I. Ehrenburg, organise une exposition d'A.
Archipenko, en 1927, le Théâtre libéré
organise une soirée en honneur de V. Maïakovski
Le Děvetsil publie les revues Disk (1923-1925), Pásmo
(1924-1926), ReD (1927-1931) et plusieurs recueils collectifs,
dont Revolucní sborník Děvetsil (1922,
K. Teige, J. Seifert red.) et ivot II (1922, J. Krejcar
red.). Il organise de nombreux cycles de conférences
- celles de J. Wolker et J. Seifert sur la littérature
prolétaire notamment ont été particulièrement
remarquée - auxquels participent aussi des invités
étrangers (T. Hartwig, T. van Doesburg, L. Moholy-Nagy
).
Ses principaux auteurs littéraires sont les poètes
K. Biebl, F. Halas (dans ses débuts), J. Horejí,
V. Nezval, J. Seifert, J. Wolker, V. Závada et les écrivains
V. Vancura, J. Hulka, K. Konrád et K. Schulz.
Mais le Děvetsil compte aussi des traducteurs
(F. Píek), des écrivains étrangers
(E. E. Kisch, F. C. Weiskopf
), des journalistes (J. Cechácek,
J. Jíra), le juriste P. Levit
Ceux qui forment
sa base théorique sont principalement K. Teige, B. Václavek
et A. Cerník. K. Teige est aussi l'auteur des deux manifestes
du poétisme (1924 et 1928). Les peintres et les sculpteurs
forment un autre groupe important. Dès 1921, ils organisent
leur première exposition. Dans les débuts - notamment
sous l'influence du douanier Rousseau - une tendance vers la
poétique de l'art naïf se fait nettement sentir
(A. Hoffmeister, O. Mrkvicka, F. Muzika, B. Piskac, A. Wachsman),
dont dérive aussi la création de premiers collages
et de poèmes graphiques (K. Teige, A. Heythum, J. Voskovec
)
ainsi que d'uvres au caractère lyrique (J. íma)
ou sous influence cubiste. Dans la seconde moitié des
années 20, ce sont les travaux de J. tyrský
et de Toyen à prendre le plus d'importance (M. Cermínová
de son vrai nom), désignés par le nom d'artificielisme.
Non moindre est l'apport au Děvetsil des
architectes : eux aussi organisent expositions (ils participent
aussi à celles du Bauhaus, par exemple) et conférences
(en 1924, y participent, entre autres, A. Loos, W. Gropius,
T. van Doesburg, Le Corbusier, A. Ozenfant
). Parmi les
architectes du Devetsil, nous trouvons J. Fragner, J. Havlícek,
K. Honzík, J. Krejcar, E. Linhart, V. Obrtel, Z. Rossmann.
Après la fondation de son théâtre (le nom
de Théâtre libéré a été
proposé par J. Frejka), la section théâtrale
donne des spectacles tels que Le canard muet de G. Ribemont-Dessaignes,
La dépêche à roulettes de V. Nezval,
Les mamelles de Tirésias de G. Apollinaire. A
côté des spectacles théâtraux, le
Théâtre libéré donne aussi des soirées
de danse (le groupe de J. Kröschlová, l'école
de M. Mayerová et de M. Holzbachová) et des soirées
musicales (E. F. Burian, J. Jeek, I. Krejcí
).
En 1927, E. F. Burian et J. Frejka quittent le Théâtre
libéré pour créer le théâtre
Dada. C'est aussi en 1927 que commencent à se produire
J. Voskovec et J. Werich avec leur Vest pocket revue. Entre
1927 et 1929, ils se partageront la scène du Théâtre
libéré avec J. Honzl, puis le Théâtre
libéré deviendra leur théâtre et,
en tant que tel, survivra au Devětsil pour devenir une
des plate-formes antifascistes des années 30.
Jean-Gaspard Páleníček
D'après Zdenek Peat, " Devetsil
", in Lexikon ceské literatury, T. 1, p. 537-539.