Jiří Weil
(1900-1959)
Issu d'une famille juive de la campagne. Journaliste
dans la presse communiste tchécoslovaque, de 1922 à
1931, il travaille à l'ambassade soviétique à
Prague, puis devient traducteur des classiques marxistes-léninistes
aux éditions du Komintern à Moscou. En 1935, victime
des purges, il est envoyé en camp de " rééducation
" au Kazakhstan. De retour en Tchécoslovaquie, il
rapporte un témoignage sévère sur ses expériences
soviétiques dans un livre de reportage et dans deux romans
(le second, La cuiller en bois [Dřevená
líce] (1938) est l'un des premiers livres consacrés
au " goulag "). Sous l'occupation nazie, il échappe
à la déportation et vit dans la clandestinité.
En 1949, il publie son chef-d'uvre Vivre avec une étoile
[ivot s hvezdou]. " D'inspiration autobiographique,
ce roman raconte l'histoire d'un homme que son origine et l'étoile
de son manteau excluent du monde des hommes et qui, comme le
héros du Procès de Kafka, attend le verdict dans
la crainte et la misère : résignation face à
la mort dont le tirera seule la découverte de la solidarité
humaine. " (Xavier Galmiche). Après la prise du
pouvoir par les communiste en 1948, il est exclu de l'Union
des écrivains pour ses ouvrages d'avant-guerre et interdit
de publication. Il travaille au Musée juif de Prague
; les documents sur le génocide des Juifs tchèques
lui inspirent un impressionnant collage littéraire, Complainte
pour 77297 victimes [alozpev za 77297 obetí],
qui ne paraîtra qu'après sa réhabilitation
en 1958, ainsi que le thème de son dernier livre achevé,
Mendelssohn est sur le toit (posth., 1960).
Jean-Gaspard Páleníček