Vladislav Vančura

1891 Háj u Opavy - 1942 Zbraslav
(aujourd'hui Prague-Zbraslav)

    Médecin et romancier, il grandit à Davle près de Prague, puis, une fois ses études de médecine achevées, s'installe à Zbraslav. A partir de 1919, il publie dans diverses revues (Cerven, Kmen, Host, Panorama) et prend part à l'aventure du Devetsil (il en est le premier président). Il collabore avec divers théâtres d'avant-garde et travaille aussi en tant que réalisateur de cinéma (Marijka l'infidèle, d'après un scénario de I. Olbracht, Du côté du soleil, Avant le baccalauréat, Nos fanfarons). Dès ses premiers livres (Le courant de l'Amazone, 1923 ; Le long, le large et le clairvoyant, 1924), son approche du récit épique est fortement lyrique, avec des histoires à la cohérence et aux circonstances de temps affaiblis, pleines de contrastes entre réalité et fantaisie, portées par une langue très travaillée, mêlant argot et langue soutenue (comportant aussi des néologismes archaïsants). Un autre élément qui lui sera propre apparaît dans son roman Le boulanger Jan Marhoul (1924) : celui d'une approche synthétisante de la fonction sociale et d'une recherche novatrice de la forme. Ses personnages sont souvent des Don Quichottes, de pauvres hères, de robustes originaux et ses romans ne fonctionnent pas tant comme des tableaux naturalistes que comme des paraboles. Son travail avec les mots s'inspire librement des idées du poétisme (Un été capricieux, 1926 ; Le jugement dernier, 1929 ; Le litige criminel ou Les proverbes, 1930). Certains de ses romans se situent au moyen-âge (Markéta Lazarová, 1931) ou à la renaissance (L'arc de la reine Dorothée, 1932). Dans Les trois rivières (1936), à travers l'histoire du paysan Jean Kostka, il évoque les principaux événements des années 90 du 19e siècle jusqu'à la première république, en passant par la révolution russe et la guerre civile. Alors que la seconde guerre mondiale s'approche, il commence à rédiger ses Images de l'histoire de la nation tchèque (1939-1940) qu'il ne pourra achever. En 1942, la gestapo vient l'arrêter. Il sera exécuté peu de temps après.

 

Jean-Gaspard Páleníček

D'après Bohuš Balajka, Ladislav Soldán, Emil Charous, Histoire de la littérature, T. 2, Fortuna, 1997, p. 115-116.