Milan Kundera
(Brno, Moravie, 1929)
Poète, auteur dramatique, nouvelliste,
romancier et essayiste. Après des débuts poétiques
d’un « lyrisme progressiste » (1953 et 1955),
vers 1958, il écrit l’une des nouvelles du cycle
Risibles amours, puis il consacre un essai à
Vladislav Vančura (Umění románu
[L’art du roman], 1960) et s’impose avec
la pièce Les Propriétaires des clefs
(1962 ; 1963). Mais sa première œuvre majeure demeure
cependant La Plaisanterie (1967). Ce roman où
l'on voit déjà en place l’ironie et la complexité
formelle, presque musicale, qui caractérisent son œuvre
est suivi d’un recueil de nouvelles dans la même
veine, Risibles amours (1968). Professeur à
l’Institut des Hautes études cinématographiques,
il devient lors du Printemps de Prague l'un des porte-parole
de l'intelligentsia tchèque en quête de son émancipation
totale. Après l'invasion soviétique de 1968, il
perd son poste par le nouveau régime, son œuvre
est interdite et lui-même devient l’objet d’attaques
virulentes. Invité en France, il enseigne à partir
de 1975 d’abord à Rennes puis à Paris, à
l’École de hautes études en sciences sociales.
Déchu de la nationalité tchécoslovaque
en 1979, il est naturalisé français en 1981. Dans
les romans suivants (La Vie est ailleurs, 1973 ; La
Valse aux adieux, 1976 ; Le Livre du rire et de l'oubli,
1979), dont la traduction française parait avant le texte
tchèque, Kundera effectue des variations sur ses thèmes
de prédilection : plaisanteries qui deviennent tragédies
dans le monde kafkaïen des pays de dictature, impuissance
des individus devant la force de l’histoire, solitude
et grimace de l'érotisme. Tout cela est peint dans un
style incisif qui refuse toute effusion et avec la verve et
l'ironie d'un moraliste amer et grinçant qui, au-delà
de la description de la société tchèque
des années 1960, nous parle de l’homme. Cette manière
ira s'accentuant : si L’Insoutenable légèreté
de l’être (1984) a encore pour cadre la Tchécoslovaquie
communiste, L’Immortalité (1990) et La
Lenteur (1995) questionnent plus volontiers notre conception
de la culture et de l'image aujourd'hui. Il est également
l'auteur d’une autre pièce de théâtre,
Jacques et son maître (créée à
Paris en 1984), de nombreux articles et études dans des
revues et de deux essais : L'Art du roman (1986) et
Les Testaments trahis (1993).
J. G. Páleníček