Jiří Kolář
(1914-2002)
Avant d’être mondialement connu
comme créateur de collages, Jiří Kolář
fut poète et dramaturge, l’un des plus importants
et des plus personnels de sa génération. Menuisier
de formation, il exerce toutes sortes de métiers et expose
en 1937 des collages « poétistes » avant
de publier son premier recueil de poésie en 1941 qui
annonce déjà l’esthétique du Groupe
42 qu’il fonde l’année suivante avec le théoricien
de l’art Jindřich Chalupecký et d’autres
poètes et artistes. Dans cette conception qui identifie
le « sens et l’intention de l’art »
au « drame quotidien, terrifiant et glorieux de l’homme
et de la réalité », il publie plusieurs
textes, dont Jours de l’année [Dny v roce], journal
poétique de 1947, dont le second volet en prose, Années
des jours [Roky v dnech], sera saisi par la censure. En 1953,
il est condamné à un an de prison. Entre 1959
et 1961, il travaille à ses Poèmes du silence
[Básně ticha] qui consomment la rupture avec la poésie
verbale (la « camisole de force des mots ») en faveur
d’une poésie « concrète » et
« évidente » qui prendra dès lors
la forme du collage à base de textes et d’images
imprimés. Signataire de la Chartre 77, interdit de publication
et d’exposition par le régime de la normalisation,
il émigre à Paris en 1980 où il fonde la
Revue K consacrée aux artistes d’origine tchèque
vivant en exil. La suite de son œuvre écrite sera
un commentaire de l’œuvre plastique, avec l’interview
Réponses [Odpovědi] (1984) et surtout le Dictionnaire
des Méthodes [Slovník metod] (1986).
J. G. Páleníček