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Biographie de Jean Hus
(1371-1415)

par Daniel S. Larangé
daniel.larange@yahoo.fr
daniel.larange@wanadoo.fr

 


Né probablement en 1371 dans un village du sud de la Bohême, Jan Hus poursuit des études universitaires à Prague. Il y obtient des grades académiques, d'abord à la faculté des arts libéraux, puis à la faculté de théologie. Il enseigne lui-même à l'université et y remplit des fonctions importantes, dont celle de recteur en 1409-1410. De bonne heure il fait la connaissance de certains travaux du réformiste John Wyclif (1330-1384), dont il adopte quelques thèses. Ses premiers écrits, dont nous ne possédons que quelques fragments, résultent de son activité universitaire : discours solennels, interprétations de textes bibliques et autres, œuvres polémiques. À partir de 1402, année où il devient prédicateur à la chapelle de Bethléem à Prague, il s'impose comme porte-parole des tendances réformistes tchèques. Excellent orateur, il attire autour de lui aussi bien les élites intellectuelles motivées pour améliorer la situation de l'Église et les mœurs du clergé que les citadins aspirant à la justice sociale. Les conflits, jusqu'alors larvés, éclatent au début du XVe siècle, et l'université à laquelle Jan Hus est attaché devient un lieu d'affrontements idéologiques.


Fondée par Charles IV, cette dernière s'est toujours avérée cosmopolite. Les enseignants et étudiants étrangers, principalement allemands, détiennent trois voix au Conseil universitaire, alors que les Tchèques ne disposent que d'une voix et se trouvent ainsi représentés en minorité pour le choix pédagogiques des programmes et des investissements du financement. Les professeurs allemands plutôt partisans du thomisme s'opposent aux théologiens tchèques attirés soit par le nominalisme de Guillaume d'Occam, soit le réalisme de John Wyclif. Les querelles idéologiques dégénèrent jusqu'à l'accusation d'hérésie, par le parti allemand, du doyen des maîtres tchèques, Stanislav de Znojmo (1360-1414). Les litiges entre les deux camps jouent un rôle important dans la conception de la politique internationale menée par la Bohême. Le parti tchèque en appelle à la convocation du concile à Pise pour régler le schisme de la papauté, tandis que le parti allemand s'y oppose fermement. Le roi Venceslas IV, dont l'approbation est nécessaire, défend la proposition tchèque et, pour évincer l'opposition allemande, réforme le droit de vote à l'université en accordant trois voix au parti tchèque et une seule au parti allemand. Maîtres et étudiants allemands quittent alors Prague et s'installent à Leipzig pour y fonder une université en 1409. En même temps éclate également un conflit entre le roi et l'archevêque de Prague, Zbynek Zajic de Hazembourg. Ce dernier, partisan du pape menacé par le concile de Pise, finit par s'incliner devant la décision royale, mais s'en prend au parti réformateur de l'Université, même s'il en a favorisé les revendications réformatrices. Il fait brûler les écrits de Wyclif et obtient du pape l'interdiction de diffuser dans le pays les doctrines du théologien anglais.

Ces actes sont autant de coups directs portés contre Jean Hus, alors recteur de l'Université depuis le 17 octobre 1409, , lequel fait l'objet de plusieurs blâmes ecclésiastiques jusqu'à l'interdit de 1411. Le réformateur tchèque se défend par des écrits polémiques. La crise atteint son apogée quand le siège apostolique autorise la vente des indulgences dans les pays tchèques. Jean Hus s'y oppose. Le roi, jusqu'alors favorable, se retourne contre lui et étouffe les manifestations populaires contre les indulgences. Jean Hus se voit contraint de quitter Prague. De 1412 à 1414, il vit à la campagne, sous la protection de quelques hobereaux tchèques, s'adonnant à une activité d'écrivain et de prédicateur. Ses meilleures œuvres littéraires datent précisément de cette période. Toutefois, sa situation reste intenable. D'un côté, le clergé exige de plus en plus vigoureusement sa punition exemplaire, de l'autre, Jean Hus lui-même exige le droit de défendre publiquement ses idées devant le concile. À la suite de difficiles tractations diplomatiques, il obtient de l'empereur Sigismond, frère du roi de Bohême Venceslas IV, un sauf-conduit censé lui garantir la liberté de mouvement et de parole au concile de Constance. Le document, et plus encore le comportement de l'empereur, s'avèrent ambigus. Peu de temps après son arrivée à Constance, le 28 novembre 1414, Hus se trouve emprisonné et, au début de juin 1415, sur l'intervention des interlocuteurs tchèques, il parvient plus ou moins à se défendre publiquement. En prison, privé de son activité de prédicateur, il entame une grande correspondance épistolaire avec ses lecteurs, amis et partisans. Ces lettres représentent la partie de son œuvre la plus intéressante du point de vue littéraire.
Le concile n'envisage pas son exécution, conscient des graves répercutions politiques. L'emprisonnement à vie lui apparaît comme une alternative. Il exige toutefois que Jean Hus renie trente points exposés dans ses écrits ou attribués par les déclarations de témoins. Le réformateur refuse et rejette même une version simplifiée de ses " hérésies ", que ses amis avaient essayé de lui faire accepter. Il est alors condamné à mort le 6 juillet 1415, brûlé le même jour sur le bûcher, et ses cendres ont été répandues dans le Rhin.

 

 

 

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