Filmographie
de Bohumil Hrabal
« Au
cinéma le nom de Jiří Menzel (1938) est lié
à celui de Bohumil Hrabal, depuis la Mort de M. Baltazar
(Smrt pana Baltazara, 1965), épisode des Petites perles
au fond de l’eau jusqu’à Alouettes sur le fil
(Skřivánci na niti, 1969) en passant par les Trains étroitement
surveillés (Ostře sledované vlaky, 1966),
sans doute son meilleur film. Le sentiment, chez Hrabal, de l’absurdité
tragi-comique du quotidien trouvait son complément chez
Menzel qui considérait la vie avec une ironie savante et
témoignait envers les anti-héros de ses films d’une
compréhension philosophique ».
Antonín Liehm, Le Cinéma de l’Est de
1945 à nos jours, Éditions du Cerf, 1984
« Dans
les années soixante, les jeunes cinéastes s’identifient
aux textes de Hrabal. Ils les comprennent aussi comme un appel
à une autre forme d’adaptation littéraire :
il n’est plus possible désormais de raconter simplement
et de suivre pieusement l’uvre écrite. Aucun réalisateur
ne veut « illustrer » mais bien « interpréter »
l’uvre littéraire. Il l’analyse de manière
créative, la pousse hors de ses limites, quitte à
abandonner quelques personnages ou quelques situations. Il s’agit
avant tout de rester fidèle à l’esprit du roman.
Hrabal aime mettre en relief l’étrangeté et la magie
quotidienne au travers de monologues sans fin, où ses personnages
proposent des conceptions de la vie originales et pleines de fantaisie.
Il appelle cela « palabrer ». En palabrant, les personnages
expriment des états d’âme qui révèlent
des prises de conscience dignes du Stephen Dedalus de James Joyce.
Comme Joyce, Hrabal élimine absolument toute description,
le lecteur doit reconnaître les contours du monde et des
personnages évoqués au travers d’une avalanche d’informations,
regroupées sur le principe de l’association, sans chronologie,
et sans relations causales. Les personnages de Hrabal discutent,
mais ils ne dialoguent pas, ils soliloquent, s’écoutant
eux-mêmes. Hrabal est extrêmement positif, c’est un
humaniste, et ce sont probablement les deux seules choses qu’il
faut respecter lorsque l’on adapte ses uvres. Hrabal est
persuadé que n’importe quel être humain, aussi isolé,
perdu ou banni soit-il, recèle au plus profond de son âme
une partie de Dieu, c’est cette « petit perle au fond »,
visible seulement pour celui qui sait écouter et observer
attentivement, sans conformisme ni préjugés. »
Zdena Škapová, « La cinématographie
tchèque : littérature et cinéma, et
plus particulièrement dans les années soixante ».
In Le Cinéma tchèque et slovaque, cinéma/pluriel
Centre Georges Pompidou, 1996.
PERLIČKY NA DNĚ
(LES PETITES PERLES AU FOND DE L’EAU)
Année de production : 1965.
Production : Filmové studio Barrandov. Réalisation :
Jiří Menzel, Jan Němec, Evald Schorm, Věra
Chytilová, Jaromil Jireš. Scénario : Bohumil
Hrabal, Jiří Menzel, Jan Němec, Evald Schorm, Věra
Chytilová, Jaromil Jireš d’après les nouvelles de
Bohumil Hrabal. Chef opérateur : Jaroslav Kučera.
Musique : Jan Klusák, Jiří Šust. Décors
: Oldřich Klusák. Montage : Jiřina Lukešová,
Miroslav Hájek. Durée : 107 min (2 920 m),
couleur, noir et blanc. Casting : Emil Iserle (l’oncle),
Ferdinand Krůta (le père), Pavla Maršálková (la
mère), Miloš Čtrnáctý (le chansonnier),
Václav Žák (le peintre), Věra Mrázková (la mariée),
Dana Valtová (Margitka), Ivan Vyskočil (Gaston Košilka).
Le film se compose de cinq courts métrages
indépendants :
SMRT PANA BALTAZARA (LA MORT DE M. BALTAZAR)
de Jiří Menzel.
Le père, la mère et l’oncle rencontrent
un unijambiste lors d’une course motocycliste. Le handicapé
soutient M. Baltazar qui, sous ses yeux, a un accident et se tue.
PODVODNÍCI (LES TRICHEURS)
de Jan Němec
Dans une chambre d’hôpital, deux vieillards
se vantent de leurs succès dans la vie. Peu après,
ils se retrouvent, tous les deux, à la morgue. Un employé
s’aperçoit que rien de ce qu’ils racontaient n’était vrai.
C’étaient des tricheurs.
DŮM RADOSTI (LA MAISON DE LA JOIE)
d’Evald Schorm
Deux agents d’assurance démarchent pour
leur compagnie et arrivent dans la maison d’un peintre très
curieux. Chaque recoin est entièrement recouvert de peintures
et la mère du peintre explique... Les placiers n’arriveront
à rien...
AUTOMAT SVĚT (SELF-SERVICE UNIVERS)
de Věra Chytilová
Un repas de mariage dans un restaurant de banlieue.
Le serveur découvre une fille pendue dans les toilettes.
La police arrête le marié. La mariée ne veut
pas rester seule. Elle part avec un jeune homme, probablement
le fiancé de la fille pendue.
ROMANCE (ROMANCE)
de Jaromil Jireš
Un jeune plombier rencontre une jeune tzigane
et l’invite chez lui. La tzigane se met à planifier leur
vie future et le plombier l’écoute sans aucun enthousiasme.
Prix : XVIIIe festival de Locarno
- Prix FIPRESCI, Prix spécial du jury des jeunes ;
XIIe festival d’Oberhausen - Grand Prix pour Romance
dans la catégorie des fictions.
FÁDNÍ ODPOLEDNE
(UN FADE APRČS-MIDI)
Année de production : 1965. Production
: Filmové studio Barrandov. Réalisation :
Ivan Passer. Scénario : Bohumil Hrabal, Ivan
Passer d’après la nouvelle Un Fade après-midi
(Fádní odpoledne) de Bohumil Hrabal. Chef opérateur
: Jaroslav Kučera. Décors : Oldřich
Bosák. Montage : Miroslav Hájek. Durée :
14 min (381 m), noir et blanc. Casting : Kamila Turková,
Jan Nožička, Leopold Smolík, Miloš Končický...
L’après-midi d’un dimanche banal. Certains
jouent aux cartes, d’autres discutent du match de football ou
parlent des femmes, inspirés par une « superbe nana »
qui se promène dans la rue.
Prix : XIVe festival de Mannheim
1965 - Ducat d’or dans la catégorie « courts métrages
de fiction ».
SBĚRNÉ SUROVOSTI
(BRUTALITÉS RÉCUPÉRÉES)
Année de production : 1965. Production
: Filmové studio Barrandov. Réalisation :
Juraj Herz. Scénario : Juraj Herz, Bohumil Hrabal
d’après le conte Baron Prášil de Bohumil Hrabal.
Chef opérateur : Rudolf Milič. Musique :
Zdeněk Liška. Décors : Oldřich
Bosák. Montage : Jaromír Janáček. Durée
: 31 min (870 m), noir et blanc. Casting : Václav
Halama (Haňťa), František Ketzek (le patron), Jan
Vlček (le sacristain), Bobina Maršátová (Mařenka)...
Ce « film burlesque brutal sur la relativité
des valeurs » se déroule dans une boutique de récupération
de vieux papiers, dans la banlieue. Les gens apportent des paquets
de papier, le chef signe des reçus, paie en liquide ou propose
des billets de loterie. Son employé, Haňťa, feuillette
les vieux livres et de temps en temps se livre à de petites
escroqueries.
OSTŘE SLEDOVANÉ VLAKY
(TRAINS ÉTROITEMENT SURVEILLÉS)
Année de production : 1966. Production
: Filmové studio Barrandov. Réalisation :
Jiří Menzel. Scénario : Jiří Menzel,
Bohumil Hrabal d’après la nouvelle Trains étroitement
surveillés (Ostře sledované vlaky) de Bohumil
Hrabal. Chef opérateur : Jaromír ·ofr. Musique
: Jiří Šust. Décors : Oldřich
Bosák. Montage : Jiřina Lukešová. Durée
: 92 min (2 530 m), noir et blanc. Casting :
Václav Neckář (Miloš Hrma), Jitka Bendová (Máša),
Josef Somr (Hubička), Jitka Zelenohorská (Zdenička Svatá),
Naěa Urbánková (Viktoria Freie)...
Tragi-comédie, pendant la deuxième
guerre mondiale. Miloš, un apprenti cheminot, débute
dans une petite gare. Il tombe rapidement amoureux, et rate sa
première nuit d’amour. Il tente de se suicider. Son collègue
Hubička lui trouve une femme expérimentée qui
réussit à en faire un homme. Le sabotage
d’un train de munitions allemand occupe toute la gare. Miloš
lance l’explosif sur le train et fait sauter le convoi au prix
de sa vie.
Prix : XVe festival de Mannheim
- Grand Prix ; Oscar du meilleur film étranger,
1967.
SKŘIVÁNCI NA NITI
(LES ALOUETTES SUR LE FIL / ALOUETTES, FIL
A LA PATTE)
Année de production : 1969.
Production : Filmové studio Barrandov. Réalisation :
Jiří Menzel. Scénario : Bohumil Hrabal, Jiří
Menzel d’après Vends maison où je ne veux plus
vivre (Inzerát na dům, ve kterém nechci bydlet)
de Bohumil Hrabal. Chef opérateur : Jaromír
·ofr. Musique : Jiří Šust. Décors :
Oldřich Bosák. Montage : Jiřina Lukešová.
Durée : 90 min, couleur. Casting :
Rudolf Hrušínský (le fonctionnaire), Václav Neckář
(Pavel Hvězdář), Jitka Zelenohorská (Jitka), Vladimír
Ptáček (Mlíkař), Vlastimil Brodský (le professeur)...
Années cinquante. Dans le dépôt
de ferraille d’une aciérie travaillent des prisonnières,
condamnées pour avoir tenté de quitter illégalement
le pays, et des hommes (un philosophe, un bibliothécaire,
un procureur), soupçonnés de ne pas s’enthousiasmer
pour le régime. Ils vivent avec dignité et humour
leur nouvelle situation et suivent avec compréhension l’amour
de Pavel pour la jeune prisonnière Jitka. Lors d’un conflit
avec la direction, le communiste Mlíkař, le seul à
travailler là volontairement, au nom d’un idéal,
devient leur porte-parole. Mlíkař est arrêté.
Pendant la visite d’un dignitaire communiste et des pionniers,
le philosophe et Pavel demandent des nouvelles de Mlíkař.
Au lieu de leurs répondre, on les arrête et on les
envoie dans les mines. Là, ils retrouvent Mlíkař.
Empêché de sortir en 1969, le film
n’a pu être distribué qu’en 1990.
Prix : XXXe festival de Berlin
1990 - Ours d’or (ex aequo).
POSTŘIŽINY
(RETAILLES / UNE BLONDE ÉMOUSTILLANTE)
Année de production : 1980. Production
: Filmové studio Barrandov. Réalisation :
Jiří Menzel. Scénario : Bohumil Hrabal,
Jiří Menzel d’après La Chevelure sacrifiée
(Postřižiny) de Bohumil Hrabal. Chef opérateur :
Jaromír ·ofr. Musique : Jiří Šust. Décors
: Zbyněk Hloch. Montage : Jiří Brožek.
Durée : 93 min, couleur. Casting :
Magda Vašáryová (Maryška), Jiří Schmitzer
(Francin), Jaromír Hanzlík (Pepin) Rudolf Hrušínský
(pan dr.Gruntorách), Petr čepek (De Giorgi)...
Les années vingt. Francin, jeune gérant
d’une petite brasserie de bière dans une bourgade de campagne,
adore sa charmante femme Maryška, symbole de la joie de vivre.
Accompagnée de Pepin, son beau-frère bavard, elle
commet des tas d’étourderies attendrissantes qui mettent
en danger la carrière de son mari. En même temps,
elle le protège par son charme et sa gentillesse qui séduisent
tout le monde.
Prix : XXXVIIe festival de
Venise. Mention spéciale du jury international.
SLAVNOSTI SNĚŽENEK
(LES FETES DES PERCE-NEIGE)
Année de production : 1983. Production
: Filmové studio Barrandov. Réalisation :
Jiří Menzel. Scénario : Bohumil Hrabal,
Jiří Menzel d’après Les Fêtes des perce-neige
(Slavnosti sněženek) de Bohumil Hrabal. Chef
opérateur : Jiří Macák. Musique : Jiří
Šust. Décors : Zbyněk Hloch. Montage : Jiří
Brožek. Durée : 83 min, couleur. Casting :
Rudolf Hrušínský (Franc), Jaromír Hanzlík
(Leli), Petr Čepek (le boucher), Miloslav Štibich (Jelínek)...
Un hameau nommé Kersko, situé sur
une voie de communication importante entre Prague et Poděbrady,
est habité par des habitants permanents et par ceux que
l’on appelle les vacanciers. Régulièrement, tous
les week-ends, ces derniers rejoignent leurs maisons et maisonnettes
de Kersko. Une communauté assez curieuse composée
de diverses personnalités originales dont la vie quotidienne
avec ses petits et grands soucis constitue le sujet principal
du film.
HRABAL
Film documentaire de F. Cazals et de M. Pospíšil
Le film, réalisé en 1995 pour la
collection « Un siècle d’écrivains »
dirigée par Bernard Rapp, diffusé par France
3, est un des rares documents dans lequel l’écrivain ouvre
les portes de sa vie privée. Le témoignage émouvant
d’un être hors du commun.
PŘÍLI· HLUČNÁ SAMOTA
(UNE TROP BRUYANTE SOLITUDE)
Année de production : 1995.
Production : ETAMP film Praha, Triplan Productions
Paris, Road Movie Produktion Berlin. Réalisation :
Věra Caisová. Scénario : Věra Caisová
d’après le roman Une trop bruyante solitude (Příliš
hlučná samota) de Bohumil Hrabal. Chef opérateur :
Girolamo la Rosa. Musique : Stanislas Syrewicz,
Stéphane Moucha. Montage : Jiří Brožek.
Montage son : Patrice Mendez. Durée :
110 min, couleur. Casting : Philippe Noiret
(Haňťa), Jean-Claude Dreyfus ( le chef), Vlastimil Brodský
(oncle Albert), Jiří Menzel (le professeur)…
Haňťa, vieil employé de l’entreprise
de récupération de vieux papier où il pilonne
des livres, ce philosophe original vit dans un monde imaginaire
rempli des souvenirs….
NĚŽNÝ BARBAR
(TENDRE BARBARE)
Année de production : 1989. Production
: Filmové studio Barrandov. Réalisation :
Petr Koliha. Scénario : d’après Le
Tendre Barbare de Bohumil Hrabal. Chef opérateur :
Vladimír Smutný. Musique : Miki Jelínek. Décors
: Zbyněk Hloch. Montage : Jiří Brožek.
Durée : 94 min (2 522 m) couleur. Casting :
Boleslav Polívka (Vladimír), Jiří Menzel (docteur), Arnošt
Goldflam (Egon), Ivana Chýlková (Tereza), Evelyna Steimarová
(la serveuse Marie)...
Fondée sur le roman de Bohumil Hrabal,
l’histoire de ce film poétique mais sombre se déroule
dans les quartiers ouvriers de Prague des années cinquante.
L’artiste peintre Vladimír, l’écrivain surnommé
« le docteur » ou « le poète » et le
philosophe Egon vivent hors du temps, plongés dans des
discussions originales sur le sens de l’existence et de l’art.
Au moment du tournage, le livre de Hrabal n’était pas publié
intégralement dans une édition officielle, c’est
pourquoi le réalisateur a utilisé l’adaptation théâtrale
de Tendre Barbare par Nývlt. Une tentative de mise
en scène des souvenirs romancés de B. Hrabal sur
l’artiste peintre Vladimír Boudník.
Jitka de Préval