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Il était entendu
que j’attende jusqu’à la nuit
à la station de Bojanov.
Or, le dernier train opportun
partait déjà dans l’après-midi,
et c’est ainsi que j’ai fait les cent pas dans la forêt autour de la station de Bojanov,
attendant que tombe la nuit
et qu’au loin s’allume le petit feu de la cigarette
et qu’elle dessine le signal
de son arrivée
et, surtout, le signal de la voie libre.
C’était au temps où,
par peur d’être trahis,
nous ne nous rencontrions presque plus.
Mais, à présent,
M. est parti
pour une semaine en Afrique.
Cette nuit-là,
comme exprès,
des avions survolaient
Bojanov presque sans arrêt.
Faisant l’amour, les amoureux
durent penser aux horaires des vols aériens,
après tout,
l’Afrique n’est pas si loin.

Je ne sais
comment décrire
maintenant - presque trente ans après -
cet après-midi d’attente
dans cette forêt que rien
ne différenciait des autres
telles que je les connaissait,
une simple forêt
de pins sylvestres, de sapins et, ça et là, de bouleaux,
lorsque soudain,
tout à coup :
tout à coup
- aussi bien dans l’ensemble (en tant que forêt)
que dans les particularités (pins, sapins, bouleaux)
en gardant les noms -
tout cela a perdu son sens,
mais tellement en profondeur et en largeur
que tout devint incompréhensible
et il n’y eut plus ni droite, ni gauche,
ni haut, ni bas,
et n’ayant de (car ce n’était pas une) relation envers rien,
ce fut comme si je n’étais pas...

Je repartis pour Prague par le premier train,
tôt, en ce frais matin de juin ;
le long du train en marche,
peu à peu, la forêt apparut.

 

*

Bylo domluveno,
že počkám do tmy
na zastávce v Bojanově.
Poslední příhodný vlak ale
jel už v odpoledních hodinách,
a tak jsem obcházel bojanovskou zastávku v lesích,
než padne tma
a v dálce zasvítí ohníček cigarety
a nakreslí znamení
jejího příchodu
a zejména znamení, že vzduch je čistý.
Bylo to v době,
kdy ve strachu z prozrazení
téměř už jsme se nesetkávali.
Ale ted'
odletěl M.
na týden do Afriky.
Tu noc
jako naschvál
nad Bojanovem téměř bez přestání
přelétávala letadla.
Za milování zamilovaní
museli myslet na letové řády,
Afrika není
zas tak daleko.

Nevím,
jak bych popsal
ted' - málem po třiceti letech -
to odpolední čekání
v lese, který se ničím
neodlišoval od jiných,
jak jsem je znal,
prostě les
z borovic, smrků a tu a tam bříz,
když náhle
z ničeho nic:
z ničeho nic
- jak v celku (jako les),
tak v jednotlivostech (borovice, smrk, bríza)
při podržení jmen -
to všechno ztratilo smysl,
ale tak do hloubi i šíre,
že všechno bylo nesrozumitelné
a nebylo ani vpravo vlevo
a nahoře a dole
a nemaje k ničemu (nebot' to nebylo) vztah,
jako bych nebyl...

Do Prahy jsem odjížděl prvním vlakem
za časného svěžího červnového rána,
podél jedoucího vlaku
se postupně zobrazoval les.

 

 

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