Accueil
L'association
Nous contacter
L'atelier de traduction
Caractères spéciaux


Tous les auteurs
Le poétisme
La littérature tchèque depuis 1945


Les ouvrages
Bibliographie générale des oeuvres traduites


Chronologie générale
Le printemps de Prague
Documents sur la période communiste
Masaryk


Quelques liens utiles


 

Toute volupté
ou
Se détourner du subterfuge.

 

1. En introduction

Le recueil Toute volupté a été rédigé dans les années 1957-1959. Il a été publié pour la premičre fois par la maison d’édition Mladá fronta en 1964 avec, pour éditeur, Ivan Diviš[1]. Il a été publié une seconde fois en 1979 dans le livre Básně (Počmes) par l’édition samizdat Edice Petlice[2]. Sa troisičme édition date de 1993 : c’est alors que commence ŕ paraître la collection Sbírky Zbyňka Hejdy (Les recueils de Zbyněk Hejda) dont Toute volupté est le premier volume[3]. Enfin, le recueil est paru une quatričme fois en 1996, dans le livre Básně, publié par la maison d’édition Torst[4]. Les počmes « Le pouvoir des clés », « Toujours la męme rengaine », « Lorsque le cheval se cabre », « A la maničre du bétail » et « Toute volupté » ont été publiés sous l’instigation de Oldřich Mikulášek dans la revue Host do domu entre 1959 et 1962[5].

 

2. Remarques formelles préliminaires

Premier recueil de Zbyněk Hejda, Toute volupté se déclare consciemment du type traditionnel de poésie en tant qu’aveu. Quand le počte ne s’adresse pas directement au lecteur, le rythme de l’ensemble des textes semble ętre dicté par la diction et fait vaguement penser ŕ un flot de paroles. Certains textes donnent l’impression d’avoir été extraits plus ou moins fortuitement d’un contexte plus vaste : les premiers vers de « Mes ténčbres »[6] et de « Car il n’y a pas ŕ avoir peur des morts »[7] renvoient ŕ un texte imaginaire qui les précéderait immédiatement. Nombreuses sont les anaphores et les répétitions, les éléments s’amoncellent. Proches de l’énumération, les phrases s’allongent. Mais ce côté fragmentaire n’est qu’un voile donnant le ton. Au sein du recueil agit une tendance organisatrice : les vers libres sont distinctement rythmés et ondulant d’assonances (« A hrne se to do hospody,/kutálí se to od kutálky/a valí se to od vlaků. »[8]), souvent, des rimes apparaissent en fin de počme : « Přijíždí vlak a ženy šátky/mávají synům. Rukama/zas muži, děti do ošatky/a slepic plný dvůr a vrátky/a dokolečka/dokola... »[9]. Nous rencontrons des počmes de structure similaire, comme par exemple « Mes ténčbres »[10] et « Que cela vienne de la cécité »[11] avec leur « refrains » et répétitions. Le lien entre « La Ruée des poissons »[12] et « La Ruée des serpents »[13] est déjŕ présent dans leur titre[14]. Mais avant tout, il s’agit d’une poésie oů les effets de style agissent fortement tout en gardant caché leur côté formel. L’« artisterie » est dissimulée au profit de l’art – il s’agit d’une poésie qui puise avant tout dans le vécu de son auteur.

 

3. A nouveau : omniprésence des signes de la mort

« Qu’en savent-ils, eux, de mon enfer. Prisonniers de l’abandon, si seulement il leur était donné de pressentir lŕ-bas, quelque part au-dessus, la fenętre avec les barreaux et si au moins ils tâtonnaient le long du mur, comme moi j’y tâtonne pour voir s’il ne s’y trouve pas quelque fissure (…) »[15] disait Hejda dans Je n’y croiserai personne. Et c’est aussi l’enfer du narrateur de l’aveu formulé dans Toute volupté, prisonnier de ses propres ténčbres[16], que de voir l’annonce de la mort partout oů ses yeux se posent. Tout ce qui nous attend est déjŕ présent partout avec nous. Quels objets empoisonnés que la montre du pčre du narrateur et que cette pičce de monnaie, dernier objet que son pčre a touché avant qu’il ne meure :

« Encore aujourd’hui, je conserve la pičce
qu’il avait touché en dernier,
et sa montre
arrętée contre la mort.
Et pourtant, nous étions si nombreux
ŕ essayer de la forcer au temps. »[17]

Tous les objets dont nous nous entourons, dans la volonté – vaine oh combien – d’affaiblir notre solitude, bien que chacun d’eux nous appartienne de droit, portent les marques indélébiles du destin d’autres hommes dont la vie était elle aussi remplie d’attente et d’espoir[18] :

« Il n’y a pas ŕ avoir peur des morts,
pour autant qu’ils n’envahissent pas les chambres ŕ coucher,
seulement męme les creux dans les matelas
nous forcent ŕ ętre couchés comme l’étaient eux aussi,
mon Dieu, męme couché, ętre prédestiné
par ceux qui devraient ętre ŕ la brocante
comme leurs chambres ŕ coucher et leurs tables de toilette (…) »[19]

Il n’est pas d’échappatoire ŕ cette condamnation, pas une route ne peut mener l’homme hors de cette prison : dans la neige, le narrateur et la petite fille (peut-ętre sa propre fille) marchent sur le chemin qui, en été, mčne aux balançoires, leurs traces de pas marquant le temps, et, tout comme la lune doit repasser dans sa propre trace qui attend son passage, ils ne peuvent se dirigent que « vers le bas, toujours vers le bas » [20]. Le mort se rend au « royaume des vers », mais il sait bien – et il le dit ouvertement – que sa décomposition est déjŕ commencée : « cela a commencé il y tellement longtemps/que l’on ne saurait se rappeler quand. »[21] Et c’est vraiment marcher ŕ reculons que de marcher ainsi, lorsque chaque jour de plus que nous vivons est un jour en moins dans notre vie :

« (…) et ce bateau insensé se meut encore
contre le courant de la vie qui
marche ŕ reculons comme, toute la vie durant, elle-męme
      [a marché ŕ reculons,
comme il en augmentait et diminuait en męme temps,
comme il en diminue avec chaque jour qui l’accroît (…) »[22]

 

4. La Vysočina : les chiens et les oiseaux

Dčs ce premier recueil, on trouve des traces de ce que Vratislav Färber appelle un « cruel mythe rural »[23]. Il s’agit d’un monde campagnard peuplé de personnages, d’objets et de situations types : c’est ainsi que nous rencontrons ici des processions de jeunes filles, des mčres en train de faire leur adieux ŕ leurs fils partant pour la guerre, des enfants introduisant secrčtement leurs petites mains dans des bannetons remplis de graines pour en jeter de pleines poignées aux poules[24], nous entendons les musiciens dans la brasserie jouer du bugle, la fanfare locale accompagne tous les grands événements du village[25] – elle est sűrement présente ŕ cet enterrement oů de petits nuages de poussičre volčtent autour du carrosse funéraire et dans les traces de pas des membres de la procession[26]. La vie humaine est représentée par ces processions faisant d’incessants va-et-vient entre la brasserie, lieu de volupté et d’oubli, et le cimetičre[27]. En ce monde, l’image de la poignée de graines se confond presque avec la poignée de terre que l’on jette sur le cercueil[28]. Deux motifs importants apparaissent ici : celui des chiens et celui des oiseaux, désignés toujours de façon générique. Imprégnés d’étrangeté, ils traversent toute l’œuvre de Hejda, images fortes souvent voilées de mystčre, comme des éléments venus tout droit du ręve pour errer dans la réalité et, en tant que tels, toujours lourds de sens. « En Vysočina, on n’a pas l’habitude d’attacher les chiens, contrairement ŕ Hradecko par exemple oů les chiens vivent attachés, enchaînés prčs de leurs niches. C’est n’est pas le cas ici, ils se baladent sans arręt de par le village. Parfois, ils sont joyeux et font les fous, parfois, surtout lorsqu’il fait trčs chaud, ils sont fatigués et traînent les pattes, ou bien sont-ils allongés quelque part, mais vous ne pouvez traverser le village sans rencontrer plusieurs chiens. Lorsque vous pensez ŕ un été trčs chaud, ŕ la poussičre sur la route, immédiatement, des chiens y apparaissent aussi, comme une évidence. »[29] Dans « C’est encore un autre chemin », on entend simultanément un chien aboyer férocement dans le village au loin, « ŕ s’en déchirer la gorge/s’il était plus prčs », et un autre chien hurler en attendant l’apparition de la lune[30]. Dans « Toujours la męme rengaine », la charogne d’un chien trop légčrement recouverte de terre attire les mouches[31]. Souvent difficile ŕ interpréter, il serait peut-ętre trop simpliste de considérer l’image des chiens comme une sorte de reflet des états d’âme de l’homme. « Parfois, ils se réjouissent, lorsqu’ils sont avec leur maître ou lorsque le maître fait du vélo et eux l’accompagnent, ils sont plus joyeux alors. Mais lorsqu’ils se traînent seuls dans la canicule, ils sont assez tristes ŕ voir, les chiens. »[32] L’image des oiseaux est tout aussi difficile ŕ interpréter de façon univoque. Leur irruption dans le počme est souvent inopinée, comme celle d’ętres innocents et libres. Dans « Que cela vienne de la cécité », on entend leur battement d’ailes[33]. Mais plutôt que leur vol, c’est leurs cris qui retiennent l’attention : dans « Empli d’ombres », ils se mettent ŕ crier ŕ quatre heure du matin, au moment oů le jour prépare sa venue[34], ŕ l’instar de ces oiseaux dont il est question dans Je n’y croiserai personne : « Il est minuit passé et les oiseaux crient en plein vers ma fenętre, de la cour sur laquelle donnent mes fenętres, des milliers d’oiseaux doivent avoir leurs nids car leur cri ne cesse jamais, ils crient toute la nuit, c’est comme une marée de voix, elle descend puis remonte ŕ nouveau, on ne peut discerner les différentes voix des oiseaux dans cette marée, ce n’est plus qu’une seule voix dont le sens s’est perdu dans la multitude. »[35] Dans « C’est encore un autre chemin », leur proximité lumineuse avec la petite fille renforce leur fragilité, et lorsque le narrateur et la fillette marchent sur leurs ventres[36], on en a froid dans le dos comme lors de la mort de l’oiseau de Je n’y croiserai personne[37]. Ces deux images sont richement développées dans les recueils suivants : lorsqu’on pense au mythe rural de Hejda, immédiatement, des chiens apparaissent, qui passent, aboient au loin ou bien restent allongés lŕ, muets témoins de notre affairement. Le motif de l’oiseau victime innocente de la mort, préfiguration de notre sort ŕ tous, réapparaît notamment « L’Homme ŕ l’oiseau mort »[38].

 

5. La terre et l’eau : réceptacles des corps

Tout comme les chiens et les oiseaux, la terre n’est pas, dans l’œuvre de Hejda, une simple élément décoratif, elle apparaît sous diverses formes et toujours lourde de sens. Elle prend part au destin de l’homme :

« Nous connaissons la neige.
Lorsqu’elle grince
tout comme lorsqu’elle se tait,
c’est la neige
de notre marche. »[39]

L’élément tellurique est lié ŕ la mort et ŕ l’attirance vers le bas, vers ces lieux, ces bouches de la terre, oů l’on dépose les hosties que sont les corps des morts[40]. Quelque fort que soit le lien émotif qui nous y lie, la terre n’agit pas de façon protectrice :

« L’homme ne grandit pas ŕ partir de racines,
mais ŕ partir du pavé.
Il n’est pas en lui de terre d’appui,
sauf peut-ętre pour les minces racines de l’herbe. »[41]

A côté de la terre émerge souvent l’image de l’eau :

« Lŕ,
oů je me rends,

se trouve le royaume des eaux
et de la terre,
c’est n’est qu’ŕ présent que la terre
va se mettre ŕ renaître
de moi.
Et ensuite,
ŕ l’aide de l’eau de pluie,
le tombeau joufflu
se débarrassera de moi.
Comme s’il gargarisait en silence… »[42]

Les creux qu’ont laissés les femmes sur la plage se remplissent d’eau[43]. De męme, l’éternité qu’abandonne Sisyphe dans ses traces de pas prend la forme d’un liquide que boiront les oiseaux[44]. Des nénuphars flottent sur la surface de l’étang au fond duquel la boue recueille les noyés[45]. L’eau, ŕ son tour, devient tombeau, et, de temps en temps, relâche, parmi les tourbillons des poissons, des femmes en robe de mariée, nouvelles Ophélies terrifiantes sorties comme tout droit du ręve[46]. Voici comment Hejda commente le monde rural qu’il a créé : « Est-ce que les choses étaient telles qu’elles sont dans les počmes, difficile ŕ dire. Mais, y ont échoué des faits que j’ai connus. Regardez : notre maison était lŕ, tout de suite ŕ côté se trouve la ferme avec Hedvika, la maisonnette en face de mes parents appartenait ŕ Kolníček, c’est lŕ que Máře, d’aprčs ce que j’ai entendu dire, s’est tailladé les bras sous les couvertures et s’est vidé de son sang, derričre les Kolníček habitent les Doležal et le vieux Doležal s’est pendu sur un poirier ŕ la limite de nos champs. Tout cela a eu lieu lorsque j’étais enfant.¶On a tout de suite fait couper le poirier en question, il ne devait pas rester debout, on l’a fait couper et il a disparu. Mais ensuite, en haut, probablement en mémoire du vieux Doležal, quelqu’un a gravé une croix sur un arbre, elle brillait lŕ-haut, blanche et grande. Je n’aimais pas passer prčs de cet arbre parce que je le reliais – ŕ tort ou ŕ raison, peut-ętre que quelque chose d’autre s’était passé lŕ – ŕ la mort de ce vieil homme sur son poirier. J’ai malheureusement oublié de demander pourquoi elle y était, cette croix, je ne le saurai jamais plus… Je l’y ai cherché plusieurs fois ces derniers temps, mais je ne l’ai plus trouvée. Et Marie, la voisine – j’avais cinq ans lorsque cela a eu lieu – avait essayé de se suicider une fois ou deux fois, une fois sűrement : elle est rentrée toute trempée et a expliqué les choses en disant qu’elle voulait se noyer dans le vivier de Neplechov mais que l’eau n’était pas assez profonde et qu’elle avait raté son coup. Elle le fit plus tard, sous sa couverture. »[47]

 

6. Le désir sexuel

Aprčs la pluie, les serpents désœuvrés sortent de leur taničres et cherchent des proies ŕ empoisonner dans le sang[48]. Nous l’avons vu, chez Hejda, le sentiment amoureux est pratiquement toujours occulté par le désir. Chaque partenaire possible est avant tout considéré comme un objet sexuel. Les relations amoureuses que l’on rencontre dans Toute volupté sont cruellement étrangčres ŕ tout idylle. Dans « Le pouvoir des clefs » par exemple, il s’agit des rencontres clandestines de deux amants, peut-ętre ŕ l’insu de leur épouse et mari respectifs, dans un silence qui ne laisse de place que pour ce qui ne requiert pas de mots, et dont le seul fruit n’est que l’amertume ressentie face au vide des cœurs[49]. Dans un tel contexte, toute relation amoureuse devient nécessairement impersonnelle : c’est ainsi que, dans « Le 2 octobre », le métal du lit déteint peu ŕ peu sur le počme entier, rendant froids et dénués de vie tout objet et toute personne, augmentant encore la distance qui sépare les deux amants. Le počme fonctionne de façon fortement désillusoire : l’attente préparée par le titre et les premiers vers du počme est brutalement déçue. Un homme fait la cour ŕ une femme en lui envoyant des fleurs mais, ŕ la fin, c’est un étranger qui, avec un formidable détachement, tranche, avec ces męmes fleurs, la gorge de la femme. Pour comble, la femme supporte son sort avec un calme qui est presque de l’indifférence, comme si, quelque part, elle avait prévu ce dénouement, comme si aucun autre dénouement n’avait été possible[50]. Le schéma classique est le suivant :

« (…) et ce sont les moments de ce qu’on appelle le désespoir,
l’envie de donner des coups ŕ tout et puis,
ŕ nouveau, vient l’éclaircie dans l’œil
d’un ange descendu du ciel
qui se pose lŕ juste au bon moment
et étale ses ailes blanches comme neige sur le lit,
lorsque tu les lui brises, tu es tout surpris
oů donc sont passées ses ailes,
dans la bouche, tu n’as plus qu’un goűt de plumes,
et ce que tu recraches,
c’est autant d’anges, blancs comme neige,
qui tombent sur le trottoir d’une façon si désespérée
que l’on dirait : de la morve. »[51]

Son désir fait de l’homme un voyeur : fasciné par les membres qu’exposent les femmes sur la plage, le narrateur va jusqu’ŕ se demander si elles ne sont pas conscientes de leur provocation[52]. Selon Hejda, l’homme est comme handicapé par son désir, destiné ŕ ne voir les femmes que de la taille en bas et « des mollets ŕ la taille »[53]. Quelle est la motivation de ce désir, et qu’est-ce donc qui le rend si grand ? Peut-ętre, face ŕ l’omniprésence des signes de la mort, est-il vraiment alimenté par l’illusion d’une échappatoire ? En ce cas, la force du désir est proportionnelle au caractčre inévitable de notre destin. Mais, męme lŕ, aucune idéalisation – Hejda précise bien qu’il s’agit d’une auto-persuasion :

« Devant les étoiles, les stores tomberont,
comme tous les matins précédents.
Mais l’innocence commencée des doigts,
mais l’innocence commencée des paumes,
que ne pourrait-elle, sans la douleur initiale,
ętre nommée
amour. »[54]

Le recueil introduit dans l’śuvre de Hejda ce qui est une de ses constantes stylistiques : un travail cru avec les motifs érotiques[55]. Leur sens est indiqué ici une fois pour toute : nulle part il ne sera question de volupté et de plaisirs qui attendraient l’homme dans sa vie comme des bornes bénéfiques inattendues, car « Toute volupté doit ętre consumée,/telle est la loi (...) » [56]. Aprčs la volupté vient ŕ nouveau le désespoir et la solitude. « Mais on s’habitue ŕ tout,/męme aux infidélités passagčre de sa femme,/męme aux infidélités passagčres ŕ sa femme », et Hejda d’ajouter, si besoin était : « ce n’est pas de la passion,/mais quelqu’un y donne un nom,/c’est la démangeaison de la vie, dit-il (…) »[57] L’amour paraît impossible puisque, ainsi qu’on le voit ŕ la fin du počme « La ruée des serpents », avec chaque relation, on ne fait que tuer l’autre un peu plus[58]. Chaque destin est inévitablement sans issue, chaque vie est réglée ŕ l’avance, męme celle des ętres en apparence les plus innocents (et en ce sens, nous trouvons une préfiguration de ce que sera le motif des fillettes dans Et tout ici est plein de musique)[59] :

« (…) des files de fillettes se dirigent au-dehors du village
et passent l’une derričre l’autre,
les jambes comme de plomb,
chacune avec sa dot de jeune fille,
chacune avec sa dot de larmes,
chacune avec sa dot du giron. »[60]

 

7. Solitude dans la multitude : l’affaissement

L’érotisme et la vie sont tellement interpénétrés que ces relations érotiques en supplantent de façon symbolique presque tout autre type de relations humaines. Dans « Mes ténčbres », le narrateur est tellement rempli de sa douleur que celle-ci consume le monde alentour[61]. Face aux ténčbres qu’il porte en soi, le giron des jeunes filles (des « novices »), comparé de façon significative ŕ des nids d’oiseaux éclatés, brille[62]. Mais lorsqu’une femme – quelconque – l’embrasse, non seulement il déteint sur elle de sa noire douleur – comme s’il courrait aprčs l’illusion de s’en décharger quelque peu – mais chaque femme qui l’embrasse l’infuse de celle qu’elle porte en elle[63]. Pas d’issue possible : nous sommes tous baignés dans la męme encre et chaque rencontre, prise dans un terrible cercle vicieux, ne fait que la renforcer. Nous retrouvons ici la crainte qu’a Hejda dans Je n’y croiserai personne d’avoir męme avec ses amis des relations faussées, de ne leur présenter que la personne qui se trouve « entre le miroir et le visage »[64]. Dans « Que cela vienne de la cécité », le narrateur ne fait que croiser une femme dans la rue et cela suffit pour que leurs visages ŕ tous deux se transposent doucement vers des apparences autres[65]. Nos relations ne peuvent ętre que faussées, incomplčtes, douloureuses : en regardant en arričre, vers la route que le narrateur et la petite fille ont parcouru, il se rend compte qu’ils n’ont été vraiment ensemble que le temps de quelques pas[66]. « Car il n’y a pas ŕ avoir peur des morts, mais des contours approximatifs de l’homme, (…) mais de l’approximation de l’instant. »[67] Ces rencontres ne sont pas de vrais échanges, bien au contraire, elles renforcent la solitude de chacun de nous, elles nous renferment de plus en plus sur nous-męmes, de sorte que le monde rapetisse sans cesse jusqu’ŕ devenir un cercle fixé autour de nous, jusqu’ŕ tenir tout entier dans l’œil d’un oiseau[68]. Le caractčre cyclique de cette vie rend grotesques jusqu’aux objets les plus triviaux de notre quotidienneté ainsi que le montre les descriptions de « Empli d’ombres »[69], proches de certains passages de Je n’y croiserai personne : « A quatre heures et demie, je rentre chez moi de mon bureau, et ce n’est pas chez moi, ce sont deux lits, sur l’un dort un locataire et sur l’autre dort un autre locataire et c’est moi. Tous les jours, ŕ quatre heures et demi, il n’est pas oů aller. »[70] Le monde se réduit soudain ŕ quatre murs[71]. Quelque mouvementée que soit notre vie, quelque soit le nombre de rencontres et d’échanges, la variabilité des possibles n’est qu’une immuabilité non perçue, et, en réalité, nous ne sommes pas plus en mouvement que des blocs de pierre[72]. C’est pour cela que les paumes prodiguant les caresses dans « Lorsque s’éveillera la femme »[73], bien qu’élastiques comme des pieuvres, sont de pierre, semblables ŕ la pierre qui donne naissance au serpent de « La Ruée des serpents »[74]. La construction en répétitions de « Que cela vienne de la cécité » souligne bien ce fait : nos ténčbres nous changent en statues et cette immobilité est contagieuse[75]. Le resserrement centripčte continue son mouvement et les ombres – ces ombres non-solaires, qui ne sont pas projetées – auxquelles nous sommes collés de l’intérieur, comme ŕ un pardessus[76], font que tout autour de nous et en nous commence peu ŕ peu ŕ s’affaisser :

« Je n’ai pas d’espoir
et obscurci en moi-męme,
et pour personne (…).
Et ŕ côté, chacun, seul,
sur la table de la brasserie,
de sa paume,
soutient sa tęte et son lent
affaissement. »[77]

 

8. Motifs bibliques et absence de transcendance

La terreur de la mort, omniprésente, est rendue encore plus insupportable par l’absence totale de transcendance. Entre résignation et sarcasme[78], la terre du tombeau est désignée comme « la seule terre promise »[79]. Il n’y a pas de royaume des cieux, juste un « éternel royaume des vers »[80]. La seule résurrection possible est celle de la terre renaissante grâce ŕ l’engrais des corps en décomposition : « (…) il n’est pas de rédemption,/pourrir est le seul espoir (…) »[81] La terre entassée sur le mort et « sensée le cacher/aux regards inquisiteurs de Dieu/n’est que de la terre,/et juste entassée. »[82] De façon générale, chez Hejda, l’usage des motifs bibliques, sans jamais ętre athée, n’est presque jamais religieux au sens propre[83]. Dans Toute volupté, ils sont tous utilisés d’une façon relativement détachée de la réalité biblique. En plus des affirmations sur l’absence de transcendance dans la mort, nous rencontrons ŕ plusieurs reprises l’image de l’ange[84]. Il s’agit alors toujours d’une image rehaussant de façon ironique les femmes que le narrateur embrasse[85] ou donnant ŕ ses rencontres avec elles une atmosphčre grinçante d’enchantement[86]. Dans « A la maničre du bétail », nous rencontrons aussi les motifs de l’âme et du jugement, et, ŕ nouveau, tous deux sont utilisés de façon détournée, comme une image ironique : leur connotation religieuse donne au počme un caractčre de fatalité particuličrement terrifiant[87]. Ainsi que le fait remarquer Zdeněk Štipl, la conscience du jugement pourrait impliquer que les actions de l’homme sont en permanence inscrites quelque part ; si ce n’est pas quelque part hors de lui, elles le sont au moins au sein de son âme : « (…) mais l’âme, mes amis les fous,/pouvoir seulement mettre l’âme ŕ la laverie,/la déposer pour quelques semaines/pour qu’elle revienne propre. »[88] Si ses actions sont inscrites quelque part, c’est que l’homme pourrait valoir quelque chose, son existence pourrait acquérir un sens… – si seulement cela n’avait pas lieu, comme Hejda le précise, « ŕ la maničre du bétail », en silence, sans résistance aucune, la tęte baissée, de façon résignée[89], se remettant entičrement entre les mains du destin, maître de tout : « Ainsi, je vais/ŕ la maničre du bétail,/comme dans l’attente/d’atteindre/un boucher juste/qui effectuera mon jugement. »[90] L’attente étant la seule attitude dont l’homme est capable et le boucher étant le destin qui décide de tout, le jugement dont il est question ici n’est autre que la mort[91]. Plus loin dans le recueil, Hejda souligne, si besoin était, que la vision d’un jugement des fautes pouvant éventuellement mener ŕ un blanchissement est totalement illusoire : « pas męme l’événement/n’effectuera de jugement. »[92] Dans ce contexte, l’image de l’âme que l’on aimerait mettre ŕ la laverie, comme un vętement semble renvoyer au pardessus d’ombres collé au corps du narrateur dans « Empli d’ombres »[93]. Enfin, dans « Męme allongé », nous retrouvons le motif du jugement, côte ŕ côte avec celui des fautes – mais ici, le schéma est renversé :

« Et cela aggravera son cas
d’avoir pris la mort ŕ la légčre
et aussi de ne pas avoir su
que l’on vient au monde
d’une salle de tribunal
et non du ventre de sa mčre,
que l’on vient au monde
d’une salle de tribunal pleine de voix,
que veulent ces voix
qui, dans les pauses de nos vies,
jugent, bruyamment,
nos fautes. »[94]

Au lieu de se trouver ŕ son terme, le jugement et les fautes précčdent la vie : comme si notre vie était prédestinée ŕ ne pouvoir se diriger toujours que dans cette męme direction : « vers le bas, vers le bas »[95].

 

9. Le sort

Une des grandes particularités du recueil Toute volupté est que cette prédestination est exprimée ouvertement, contrairement aux recueils suivants qui, sans ętre plus mitigés ŕ ce sujet, éviteront d’employer les mots du champ lexical du destin :

« Chacun seul,
prčs de la table de la brasserie,
de la paume,
soutient sa tęte,
comme s’il voulait soutenir son affaissement.
Quelle paume
devrais-tu tendre contre le destin
dčs le ventre de ta mčre.
Mais le destin
coule
ŕ travers les doigts tendus. »[96]

Le sort de l’homme est comparé ŕ un cheval cabré qui retombe de tout son poids sur une poitrine pour l’écraser. C’est alors que se fait sentir la « démangeaison de la vie » et, peut-ętre, est-ce en partie ce poids de la proximité de la mort, ce cercle vicieux de ténčbres que nous portons en nous dčs la naissance, qui nous pousse ŕ consumer vainement les voluptés[97]. Dans « Męme allongé », Hejda met en scčne un Sisyphe dont le sort cruel (« úděl ») aurait pris fin : mais alors, « derričre le premier horizon/déjŕ l’attend la mort. »[98] Seule la malédiction est éternelle. En ce sens, Hejda feint ici d’ignorer les idées que présente Camus dans Le Mythe de  Sisyphe[99]. L’homme de Hejda est plus proche du personnage d’Śdipe : lui aussi a un rapport particulier avec le destin en ce sens qu’il ne peut lui échapper. Plus il cherche ŕ éviter son sort, plus les précautions męme qu’il prend l’accomplissent. Le comparant ŕ Josef Hanzlík[100], Bohumil Doležal dit que l’action désillusoire de Hejda, le fait qu’il démasque le côté pitoyablement biologique de l’homme, lui donnent le droit de parler d’espoir[101]. Et, en effet, Toute volupté est le seul recueil de toute l’œuvre de Hejda ŕ comporter, curieusement, le mot męme d’« espoir ». Si l’homme est « empli d’ombres », il doit y avoir quelque part de la lumičre pour projeter ces ombres[102]. Dans « A la maničre du bétail », le narrateur déambule – sans jamais y accoster – entre de petits îlots d’espoir verdissants qui semblent lui ętre accessibles mais vers lesquels il ne tend pas la main[103]. Le počme « Lorsque le cheval se cabre » s’achčve sur l’affirmation polémique du caractčre individuel du désespoir :

« Le monde est sans espoir, dis-tu,
mais c’est toi qui es sans espoir,
quel monde est-ce si je suis sans espoir,
mais c’est toi qui le dis. »[104]

Il est significatif que cette affirmation positive de l’existence de l’espoir se fasse dans l’impossibilité d’atteindre cet espoir : « (…) obscurcis en [nous]-męme[s]/et pour personne, » nous sommes « [nous]-męme[s] notre destin,/[nous]-męme[s] notre espoir. »[105]

 

10. Conclusion

Revenons ŕ Œdipe. C’est bien connu, le châtiment qu’il s’inflige est symbolique : Œdipe se crčve les yeux pour n’avoir pas su voir clair. Tout au long de son enquęte, il a été aveugle, ŕ son terme, il s’aveugle afin de voir en lui-męme. « C’est-ŕ-dire que le destin est présent en lui en quelque sorte[. E]tait-il vraiment irréversible de tomber dans ce que l’oracle lui avait prédit ? Ne reproche-t-on pas lŕ ŕ Œdipe de ne pas avoir suffisamment regardé en soi, oů son destin se trouvait renfermé ? »[106] A travers cette dimension du jugement, ce fait d’admettre l’existence de l’espoir – męme si Hejda précise bien que si l’espoir existe, on ne l’a pas –, d’aucuns ont voulu voir dans la poésie de Hejda un cri « contre la mort »[107], fonctionnant comme une « moralité »[108]. La terreur provoquée par cette prise de conscience permanente du cheminement de l’homme vers la mort leur semble ętre une issue en ce sens qu’elle problématise la sécurité des certitudes de notre vie. Sergej Machonin formule cela d’une façon assez belle : « La poésie agit ŕ l’instar d’un impératif spirituel qui commande de résister ŕ toute destruction de la vie, ŕ tout ce qui porte atteinte ŕ l’intégrité de l’âme et de la nature humaine, ŕ tout ce qui déforme notre caractčre, nie notre dignité, restreint notre liberté ou fausse notre vérité. Chaque počme écrit avec cette conscience-limite de la mort est alors pour l’homme un signal d’alarme : tu n’as qu’un seule vie, regarde-la dans la perspective de la mort ! Ne la laisse pas réduire ŕ néant, applique-toi ŕ en sauvegarder la pureté et la plénitude. La mort est pour ta vie une pierre de touche, ce qui permet de reconnaître la valeur de ta force morale et de ta résistance spirituelle. Toute violence faite ŕ la vérité, toute déformation de l’homme est l’œuvre de la mort. Et il n’y en a que trop ! Trop de mort ŕ l’œuvre dans la lâcheté, dans « l’abrutissement qui baisse la tęte »[109], dans l’inconscience, l’indifférence, l’inconsistance, l’ « affaissement »[110] de l’édifice « homme », dans la passivité et la putréfaction qui nous atteint de notre vivant[111]. Cette mort-lŕ est plus terrible que le fait isolé de la disparition physique d’une vie individuelle. »[112] Cette interprétation trčs plaisante a cependant le défaut de n’ętre ancrée concrčtement nulle part dans le texte, et nous savons combien Hejda est minutieux et précis dans ses formulations[113]. En écrivant, Hejda était sűrement conscient du fait qu’il allait faire naître ce type de lecture et peut-ętre désireux de le faire naître, mais il s’est arręté juste avant de l’incorporer ouvertement ŕ ses textes : « Les catégories du type optimiste ou pessimiste ne m’intéressent pas. Ce qui est important pour moi, c’est d’exprimer quelque chose qui me paraît ętre authentique, qui correspond ŕ ma façon de voir le monde. »[114] Et c’est délibérément qu’il n’y a aucune trace de l’essai de Camus dans « Męme allongé »[115]. Si l’on trouve chez Hejda de nombreux endroits que l’on pourrait rapprocher de ce passage de la conclusion de La Peste :

 
« Ecoutant, en effet, les cris d’allégresse qui montaient de la ville, Rieux se souvenait que cette allégresse était toujours menacée. Car il savait ce que cette foule en joie ignorait, et qu’on peut lire dans les livres, que le bacille de la peste ne meurt ni ne disparaît jamais, qu’il peut rester pendant des dizaines d’années endormi dans les meubles et le linge, qu’il attend patiemment dans les chambres, les caves, les malles, les mouchoirs et les paperasses (...) »,

passage rappelant singuličrement les vieux objets de « Car il n’y a pas ŕ avoir peur des morts »[116], on ne trouvera chez lui aucune formulation proche de celle-ci :

 
« (...) Rieux décida alors de rédiger le récit qui s’achčve ici, pour ne pas ętre de ceux qui se taisent, pour témoigner en faveur de ces pestiférés, pour laisser du moins un souvenir de l’injustice et de la violence qui leur avaient été faites, et pour dire simplement ce qu’on apprend au milieu des fléaux, qu’il y a dans les hommes plus de choses ŕ admirer que de choses ŕ mépriser. »[117]

La réaction de Machonin est parfaitement légitime mais Hejda se garde bien de trancher : sa poésie, plutôt qu’un cri contre la mort, est un cri face ŕ la mort. « C’est avant tout de vérité qu’il s’agit en art, quitte ŕ courir le risque de rater quelque chose. »[118] Car, pour rester chez Camus, lorsque l’homme est écrasé par son propre affaissement, il s’occupe d’espoir. « Mais ce n’est pas son affaire. Son affaire est de se détourner du subterfuge »[119].

 

Notes


[1] Zbyněk Hejda, Toute volupté [Všechna slast], Mladá fronta, « Mladé cesty », volume 18, 1964. Le livre contient aussi le second recueil de Hejda, Et tout ici est plein de musique [A tady všude muziky je plno]. L’éditeur en est Ivan Diviš, la couverture, les illustrations  et la typographie ont été faites par Rudolf Němec, « élčve de l’Ecole supérieure d’arts appliqués, sous la direction du prof. Antonín Strnadel ». La collection Mladé cesty (Jeunes chemins), désignée dans le tirage par le nom První knížky mladých autorů (Premiers livres de jeunes auteurs), était alors dirigée par Miroslav Červenka, Ivan Diviš, Vladimír Dostál, Miroslav Holub et Jan Řezáč. En 1964, ce livre a remporté le prix de Mladá fronta.

[2] Toute volupté [Všechna slast], in Zbyněk Hejda, Počmes [Básně], Edice Petlice, volume 166, 1979. Le livre contient les quatre recueils que Hejda a publié jusqu’alors et une post-face de Sergej Machonin intitulée « Un cri contre la mort » [« Křik proti smrti »] qui sera reprise pour l’édition française de Lady Feltham (Paris, Orphée/La Différence, 1989).

[3] Zbyněk Hejda, Toute volupté [Všechna slast], Sbírky Zbyňka Hejdy, volume 1, 1993, publié par l’auteur, l’association Výtvarná společnost KRUH, la revue Revolver Revue et l’édition KDM, avec l’aide du Fond littéraire tchčque [Český literární fond] et de la Brasserie Protivín. La présentation graphique est de Jindřich Růžička qui, pour la couverture et le frontispice du livre, a utilisé des empreintes de caniveaux par Viktor Karlík.

[4] Toute volupté [Všechna slast], in Zbyněk Hejda, Počmes [Básně], éd. Vratislav Färber et Antonín Petruželka, note éditoriale de Michael Špirit, Prague, Torst, 1996, p. 29-78.

[5] « Le pouvoir des clés » [« Moc klíčů »], Host do domu, année 9, n° 7, juillet 1962, p. 300 ; « Toujours la męme rengaine » [« Dokolečka dokola »], Host do domu, année 9, n° 5, mai 1962, p. 212 ; « Lorsque le cheval se cabre » [« Když se vzepne kůň »], Host do domu, année 7, n° 2, février 1960, p. 87 ; « A la maničre du bétail » [« Po způsobu dobytčat »], Host do domu, année 6, n° 12, décembre 1959, p. 543 ;  « Toute volupté » [« Všechna slast »], Host do domu, année 7, n° 6, juin 1960, p. 267. Cf. les points 6.2. et 6.3. de la bibliographie pour les autres publications de počmes individuels.

[6] « Cela dit, moi, une femme/m’embrassait, en bon accord/avec l’ange qui partageait avec elle/la bouche de mes ténčbres. » [« Mě ovšem líbala/nějaká žena, svorně/se dělíc s andělem/o ústa mé tmy. »], in « Mes ténčbres » [« Mé tmy »], Toute volupté [Všechna slast], Zbyněk Hejda, Počmes [Básně], Prague, Torst, 1996 p. 35-36.

[7] « Car il n’y a pas ŕ avoir peur des morts (…) » [« Ježto se mrtvých nemusíme bát (…) »], in « Car il n’y a pas ŕ avoir peur des morts » [« Ježto se mrtvých nemusíme bát »], Ibid., p. 54-55.

[8] « Et cela se rue dans les auberges,/cela s’en revient en roulant de la fanfare,/cela se dépęche de rentrer des trains. », in « Toujours la męme rengaine » [« Dokolečka dokola »], Ibid., p. 43-44.

[9] « Un train arrive et les femmes, de leurs foulards,/font signe ŕ leurs fils. Les hommes/font signe des mains, les enfants dans le banneton/et la cour pleine de poules et par le portail/et ainsi de suite, toujours la męme rengaine… », in « Toujours la męme rengaine » [« Dokolečka dokola »], Ibid., p. 43-44.

[10] « Cela dit, moi, une femme/m’embrassait, en bon accord/avec l’ange qui partageait avec elle/la bouche de mes ténčbres.//Paysage entouré/par l’śil d’un flamand rose,/si tu n’es pas consummée pas le počme,/tu seras consummée par mes ténčbres.//Nids éclatés des girons,/votre éclat sera fixé/dans les miroirs des novices,/mais, et moi ?//Affaissé en mes ténčbres,/je me mets sur la pointe des pieds/pour voir si j’arrive ŕ apercevoir mes ténčbres.//Nids éclatés des girons/sur les lits des mes ténčbres,/ils ne seront fixés peut-ętre/que dans le miroir de mes ténčbres.//Cela dit, moi, j’embrassais/des femmes, en bon accord/avec l’ange qui partageait avec moi/la bouche de leurs ténčbres. » [« Mě ovšem líbala/nějaká žena, svorně/se dělíc s andělem/o ústa mé tmy.//Krajino obkroužená/okem ptáka plameňáka,/neshoříš-li básní,/shoříš na mé tmy.//Puklá hnízda klínů,/v zrcadlech novicek/se ustálí váš žár,/ale co já?//Sesouván ve svou tmu/stavím se na špičky,/zda dohlednout se smím/své tmy.//Puklá hnízda klínů/na ložích mé tmy/ustálí se leda/v zrcadlech mé tmy.//Já ovšem líbal jsem/nějaké ženy, svorně/se děle s andělem/o ústa jejich tmy. »], in « Mes ténčbres » [« Mé tmy »], Toute volupté [Všechna slast], Zbyněk Hejda, Počmes [Básně], Prague, Torst, 1996, p. 35-36.

[11] « Que cela vienne de la cécité,/que, de l’autre côté de la vue,/aussi loin que l’on peut voir,/le mensonge de quelqu’un nous change/en une statue/qui n’a pas le droit de bouger.//(…)/(…)/(…)//Echos de battements d’ailes/devenus muets/frappant contre une statue de pierre,/contre une statue immobile,/en laquelle le mensonge de quelqu’un t’aura changé.//Mais pourtant tu/te dandinnes légčrement,/dans ton immobilité de pierre, emprisonnée,/tu déplaces/légčrement ton visage/en d’autres formes,/tout comme toutes/les autres femmes.//Lentement, innaperçue,/de par l’univers, légčrement,/tu te dandinnes,/moi, je passe ŕ côté de toi/et, dans la rue,/je me dandinnes légčrement,/lentement, innaperçu,/je déplaces mon visage vers mes autres formes/et au-delŕ encore.//Que cela vienne de la cécité,/que, de l’autre côté de la vue,/aussi loin que l’on peut voir,/le mensonge de quelqu’un me change/en une statue/qui n’a pas le droit de bouger. » [« Ať je to z nevidoma bráno,/ať z druhé strany zraku,/kam lze až dohlédnout,/někdo nás přelže/v sochu,/která se nesmí hnout.//(…)/(…)/(…)//Ozvuky křídel,/oněmělé/o sochu z kamene,/o sochu nehybnou,/v kterou tě někdo přelže.//Ale ty se přece/lehce kymácíš/v kamenné nehybnosti/uvězněná,/posouváš/lehce tvář/do jiné podoby,/tak jako každá/jiná žena.//Pomalu, nepozorovaně/vesmírem se lehce/kymácíš,/já kolem jdu/a ulicí/se lehce kymácím,/pomalu, nepozorovaně/v jiné své podoby posouvám tvář/a ještě za ně.//Ať je to z nevidoma bráno,/ať z druhé strany zraku,/kam lze až dohlédnout,/někdo tě přelže/v sochu,/která se nesmí hnout. »], in « Que cela vienne de la cécité » [« Ať je to z nevidoma bráno »], Ibid., p. 41-42.

[12] « La Ruée des poissons » [« Rybí horečka »], Ibid., p. 45-46.

[13] « La Ruée des serpents » [« Hadí horečka »], Ibid., p. 47.

[14] « Le recueil « Toute volupté » de Zbyněk Hejda est un de ces nombreux « débuts tardifs » – il comprend des vers de 1957-1961. Il est intéressant déjŕ par le fait qu’il se réclame consciemment du type traditionnel de poésie en tant qu’aveu, en tant que pont entre le lecteur et l’auteur (contrairement au type « khlebnikovien » oů tout, męme la confession personnelle de l’auteur, se matérialise dans le cadre d’un počme-objet, rendu étranger par un recul ironique ou humoristiquement sérieux ; c’est dans ce sens que va aujourd’hui la majeure partie des « expérimentations poétiques »). De lŕ vient la stylisation parlée, dictée par la diction (« Cela éclatera/comme une ampoule,/cela se plantera sous la peau,/ce n’est pas de la démangeaison,/mais quelqu’un y donnera un nom,/c’est la démangeaison de la vie,dira-t-il,/cela démange désagréablement, jusqu’au sang,/mais on s’habitue ŕ tout,… »), ainsi que par le fait que l’auteur semble s’adresser au lecteur, l’interpeller. Certains počmes donnent l’impression d’avoir été extraits d’un ensemble plus large (le début renvoie ŕ un texte immaginaire qui lui précčderait – Mes ténčbres, Car il n’y a pas ŕ avoir peur des morts) et le côté fragmentaire est souvent souligné par la destruction des propositions (« la paume d’une pieuvre,/une paume qui égorge,/comme lorsque la gorge d’un animal vivant,/raide et dotée de la vie solide d’un chat,/la paume elle-męme animal… »). Mais tout cela n’est qu’un point de départ, une position de base : ŕ l’intérieur du recueil, voire męme ŕ l’intérieur des différents počmes, on remarque une tendance ŕ organiser les choses, ŕ créer une forme bien délimitée et ferme : les vers libres sont rythmés, souvent, dans le final des počmes, interviennent des rimes (Brumes), on remarque des regroupements de počmes avec une structure interne semblable (les huitains rimés, puis ceux dont le lien est donné déjŕ par leur titre – La Ruée des poissons, La Ruée des serpents, La Ruée des souris) ou avec une construction motivique semblable (Mes ténčbres, Que cela vienne de la cécité). » [« Básnická sbírka Zbyňka Hejdy « Všechna slast » je jednou z četných « opožděných prvotin » – obsahuje verše z let 1957-1961. Zajímavá je už tím, že se vědomě hlásí k tradičnímu typu poezie-zpovědi, mostu mezi čtenářem a autorem (oproti typu « chlebnikovskému », kde vše, i osobní zpověď autorova, se zvěcňuje v báseň-objekt, zcizený ironizujícím nebo humorně vážným odstupem; tímto směrem se dnes obrací většina « básnických experimentů »). Odtud hovorová stylizace daná dikcí (« Rozprskne se to/jako žárovka,/zapíchá se to pod kůži,/není to svrab,/ale někdo to pojmenuje,/je to svrab života, řekne,/svrbí to do krve nepříjemně,/ale na všechno si člověk zvykne,... »), tím, že se básník oslovením jako by obrací k čtenáři. Některé básně vzbuzují dojem, jako by byly víceméně náhodně vytrženy z širšího souboru vyznání (začátek odkazuje na imaginární předcházející text – Mé tmy, Ježto se mrtvých nemusíme bát) a fragmentárnost je leckde podtržená i destrukcí souvětí (« dlaň chobotnice,/dlaň, která rdousí,/jako když hrdlo živého zvířete,/nepoddajné a tuhým životem obdařené kočky,/dlaň sama zvíře... »). To vše je ale jen východisko, základní poloha: uvnitř sbírky, ba i uvnitř básní působí tendence k organizovanosti, k tvarovému vyhranění a ustálení: volné verše se rytmizují, v závěru básně často přistupuje rým (Mlhy), sdružující se básně s obdobnou formální strukturou (rýmované osmiveršové, a pak ty, jejichž souvislost je dána už názvem – Rybí horečka, Hadí horečka, Myší horečka) a s obdobným způsobem motivické výstavby (Mé tmy, Ať je to z nevidoma bráno). », Bohumil Doležal (signé –bd–), « La poésie prise hors contexte » [« Poesie mimo kontext »], Tvář, année 2, n° 2, 1965, p. 39-40. Bohumil Doležal parle ici du livre de 1964 comprenant également le recueil Et tout ici est plein de musique [A tady všude muziky je plno] (Zbyněk Hejda, Toute volupté [Všechna slast], Mladá fronta, Mladé cesty 18, 1964).

[15] « Co oni vědí o mém pekle. V zajetí opuštěnosti kdyby jim bylo dáno tušit tam někde nad hlavou zamřížované okno a kdyby aspoň šmátrali po zdi, jako po ní  šmátrám, jestli tam není škvíra (…) » Je n’y croiserai personne [Nikoho tam nepotkám], in Zbyněk Hejda, Počmes [Básně], Prague, Torst, 1996, p. 11.

[16] « Affaissé en mes ténčbres,/je me mets sur la pointe des pieds/pour voir si j’arrive ŕ apercevoir mes ténčbres. » [« Sesouván ve svou tmu/stavím se na špičky,/zda dohlednout se smím/své tmy. »], in « Mé tmy », Toute volupté [Všechna slast], in Zbyněk Hejda, Počmes [Básně], Prague, Torst, 1996, p. 35.

[17] « Dodnes mám uschovanou minci,/které se naposled dotýkal,/a jeho hodinky,/zastavivší se o smrt./A kolik nás bylo,/abychom je přinutili k času. » in « Car il n’y a pas ŕ avoir peur des morts » [« Ježto se mrtvých nemusíme bát »], Ibid., p. 54

[18] « Ce qui nous attend est partout présent avec nous et dans tous les objets dont nous nous entourons afin (quelle vanité !) d’affaiblir notre solitude. Et bien que chacun de ces objets nous appartienne de droit, rien ne peut effacer les traces qui y ont été gravées par le destin d’autres hommes, d’hommes dont la vie était elle aussi emplie d’attente et d’espoir. » [« To, co nás očekává, je s námi přítomno všude a ve všech věcech, jimiž se obklopujeme, abychom (jaká marnost!) oslabili samotu. A ačkoliv je každy takový předmět právem náš, nic nemůže zahladit stopy, které jsou do něj vryty osudem jiných, jejichž život byl rovněž naplněn očekáváním a nadějí. »], Zdeněk Štipl, Le počte Zbyněk Hejda [Básník Zbyněk Hejda], Prague, Univerzita Karlova, Pedagogická fakulta, 2001, p. 22.

[19] « Mrtvých se nemusíme bát,/jen když se nevtírají do ložnic,/jenže i důlky v matracích/nutí nás ležet, jakož i oni líhávali,/můj Bože, i vleže být předurčen/těmi, kdo patří do starého krámu/jako jejich ložnice a toaletní stolky (…) », in « Car il n’y a pas ŕ avoir peur des morts » [« Ježto se mrtvých nemusíme bát »], Zbyněk Hejda, Toute volupté [Všechna slast], in Počmes [Básně], Prague, Torst, 1996, p. 54-55.

[20] « Ainsi donc, les voies de la lune/non traversées/et la douleur dans la paume/non blessée/et les traces de pas/retournées contre le gel,/nous marchons ŕ travers tout cela,/par-dessus les petits ventres des oiseaux/autrefois en été,/aujourd’hui dans la neige,/et toujours vers le bas,/vers le bas. » [« A tak tedy dráhy luny/neprošlé/a bolest v dlani/nezraněné/a stopy chůze/přivrácené k mrazu,/tím vším jdem spolu,/přes bříška ptáků/tenkrát v létě,/dnes sněhem,/a vždy dolů,/dolů. »], in « C’est encore un autre chemin » [« To je zas jiná cesta »] Ibid., p. 51-53.

[21] « Lŕ/oů je me rends,/se trouve l’éternel royaume des vers,/mais, moi,/je suis déjŕ rongé,/cela a commencé il y a si longtemps/que je ne saurais m’en souvenir. » [« Tam,/kam se ubírám,/je věčné království červů,/ale já/jsem už nahlodán,/to začalo tak dávno,/že nelze vzpomenout. »], in « Drazí pozůstalí » [« Chers survivants »], Ibid., p. 74-76.

[22] « (…) a tato nesmyslná loď se ještě pohybuje/proti proudu života, který/jde nazpět, jako šel po celý život nazpět,/jak ho přibývalo a ubývalo zároveň,/jak ho ubývá každým dnem, o který vzroste (…) », in « Na konec », Ibid., p. 77-78.

[23] « Dans le recueil Toute volupté, ainsi que dans le livre suivant, Proximités de la mort, Hejda nous amčne dans la contrée fantomatique de la ruine et du déclin, oů le monde des morts se fond avec le monde de ceux qui sont encore vivants. On y trouve les personnages traditionnels de la campagne – l’équarisseur, l’idiot du village, le fossoyeur, les musiciens, les demoiselles d’honneur, les putes et les chiens errants – se forme ainsi une sorte de cruel mythe rural. » [« Ve sbírce Všechna slast i v následující knize Blízkosti smrti nás Hejda přivádí do přízračné krajiny zmaru a zániku, v níž se svět mrtvých prolíná se světem ještě živých. Vystupují zde tradiční venkovské postavy – ras, obecní blb, hrobník, muzikanti, družičky, děvky a potulní – a vytváří se jakýsi krutý rurální mýtus. »], Vratislav Färber, « Básník blízkosti smrti » [« Le počte de la proximité de la mort »], Revolver Revue, n° 16, 1991, p. 44-46.

[24] « Ca y est, on se rue sur les seuils./Les mčres font signe ŕ leurs fils/avec leurs foulards/et les hommes, avec leurs mains,/et les enfants/que personne ne surveille/fourrent leurs mains dans le banneton/et lancent aux poules/des poignées pleines de graines. (…)/des processions de jeunes filles sortent du village (…)/Dans l’auberge, en attendant,/les recrues ont décoré leurs casquettes/de plumes prises aux ailes blanches/de l’ange de la mort. Et ils le vécurent tant et tant/qu’ils se mirent ŕ boire. Mais ils ne surent boire/jusqu’ŕ atteindre l’oubli. » [« Už se to hrne na prahy./Matky synům mávají/šátky/a muži rukama/a děti,/nikým nehlídány,/strkají ruce do ošatky/a rozhazují slepicím/plnými hrstmi zrní. (…)/zástupy děvčat táhnou ze vsi (…)/V hospodě si rekruti/čepice zatím ozdobili/péry z bělostných perutí/anděla smrti. A tak ho žili,/že pili. Ale nedopili/se zapomenutí. »], in « Toujours la męme rengaine » [« Dokolečka dokola »], Zbyněk Hejda, Toute volupté [Všechna slast], in Počmes [Básně], Prague, Torst, 1996, p. 43-44.

[25] « On a commencé ŕ jouer dans l’auberge./Par les fenętres, au-dessus du village, on lance/les ailes de laiton des bugles (...) » [« V hospodě začli hrát./Křídlovky křídla mosazná/pouštějí okny nad vesnici (…) »], in « Toujours la męme rengaine » [« Dokolečka dokola »], Zbyněk Hejda, Toute volupté [Všechna slast], in Počmes [Básně], Prague, Torst, 1996, p. 44.

[26] « Encore un clou dans le cercueil,/encore une tape sur l’épaule,/encore une fois baigner d’une larme,/et c’en est balayé,/proprement balayé de la vie./Et pas męme la poussičre ne se lčvera,/juste peut-ętre un petit nuage/sous les roues/du corbillard,/juste peut-ętre quelques nuages/dans les traces de pas/de la procession funéraire. » [« Ještě jeden hřebík do rakve,/ještě jednou poklep na rameno,/ještě jednou slzou pokropit,/a je to zameteno,/čistě zameteno po životě./A nezvedne se ani prach,/leda mráček/pod kolem/vozu pohřebního,/leda mráčky/v šlápotách/pohřebního průvodu. »], in « Variation máchienne » [« Máchovská variace »], Ibid., p. 71.

[27] « Encore une fois,/le bruit de la terre/sur le couvercle,/puis s’en retourner ŕ nouveau/par le chemin accoutumé./Les allers et retours/sur la route menant du cimetičre au bourg/et du bourg au cimetičre,/route apprise par cśur/dčs l’enfance (…) » [« Ještě jednou/poklep hlíny/na víko/a zase cesta zpátky/pěšinou navyklou./A sem a tam,/cestou od hřbitova ke vsi/a od vsi ke hřbitovu,/cesta zapamatovaná/od dětství (…) »], in « Variation máchienne » [« Máchovská variace »], Ibid., p. 71.

[28] « (…) c’est pourquoi on dit enterrer/avec autant d’évidence que donner des graines aux oiseaux (…) » [« (…) proto se říká nasypat hlínu/tak samozřejmě jako nasypat ptákům (…) »], in « A la fin » [« Na konec »], Ibid., p. 77-78. Hejda joue ici avec le verbe nasypat (verser).

[29] « Na Vysočině nemají ve zvyku psy uvazovat, oproti třeba Hradecku, kde psi žijí u bud, na řetěze. Tady ne, tady se pořád potulují po vesnici. Někdy jsou veselí a dovádějí, někdy jsou, zvlášť ve vedrech, utahaní a plouží se, případně někde leží, ale nemůžete jít přes ves, abyste nepotkal několik psů. Jakmile si vybavite horké léto, prach na cestě, okamžitě se vám taky objeví psi, samozřejmě. », in Antonín Petruželka, « Je ne pense pas que le lecteur puisse ne pas se passer de mes vers » [« Nemyslím, že čtenář by se bez mých veršů neobešel »], Revolver Revue, n° 35, 1997, p. 124.

[30] « Dans le lointain,/du bourg,/un chien aboyait,/il se serait lacéré la gorge/s’il avait été plus prčs/tant ses aboiements étaient enragés,/un autre huait,/mais pas sur la lune,/elle n’était pas encore sortie,/elle était attendue/de ses voies, mais n’était pas encore sortie. » [« Vzdáleně,/ze vsi,/štěkal pes,/že by si hrdlo rozedral,/kdyby byl blíž,/tak vztekle štěkal,/a jiný vyl,/ne ale na lunu,/ta ještě nevyšla,/byla očekávána/drahami svými, ale nevyšla. »], in « C’est encore un autre chemin » [« To je zas jiná cesta »], Toute volupté [Všechna slast], in Zbyněk Hejda, Počmes [Básně], Prague, Torst, 1996, p. 52.

[31] « Dans la grange, un attelage noir. Dessus ręve/un chat, il se lčche/les pattes, puis chasse/les mouches/et les mouches recherchent les charognes/a foncent sur la charogne du chien qui git/ŕ peine deux doigts sous terre. » [« Pod kolnou černý kočár. Sní/na něm kočka, líže/si tlapy a zas ohání/se po mouchách/a mouchy vzůru na mrchy/a na mršinu psí, jež leží/sotva dva prsty pod zemí. »], in « Dokolečka dokola », Ibid., p. 43.

[32] « Někdy se radují, když jdou se svým pánem nebo když on jede na kole a oni ho doprovázejí, to jsou veselejší. Ale když se plouží sami v těch vedrech, je na ně docela smutný pohled, na ty psy. », in Antonín Petruželka, « Je ne pense pas que le lecteur puisse ne pas se passer de mes vers » [« Nemyslím, že čtenář by se bez mých veršů neobešel »], Revolver Revue, n° 35, 1997, p. 125.

[33] « Que cela vienne de la cécité,/que, de l’autre côté de la vue,/aussi loin que l’on peut voir,/le mensonge de quelqu’un nous change/en une statue/qui n’a pas le droit de bouger.//Elle se tient lŕ, de pierre, et les sonores/échos des ailes d’oiseaux/ne la touchent pas.//Echos de battements d’ailes/devenus muets/frappant contre une statue de pierre,/contre une statue immobile,/en laquelle le mensonge de quelqu’un t’aura changé. » [« Ať je to z nevidoma bráno,/ať z druhé strany zraku,/kam lze až dohlédnout,/někdo nás přelže/v sochu,/která se nesmí hnout.//Ta stojí z kamene a znělé/ozvuky ptačích křídel/jí se nedotknou.//Ozvuky křídel,/oněmělé/o sochu z kamene,/o sochu nehybnou,/v kterou tě někdo přelže.//Ale ty se přece/lehce kymácíš/v kamenné nehybnosti/uvězněná,/posouváš/lehce tvář/do jiné podoby,/tak jako každá/jiná žena.//Pomalu, nepozorovaně/vesmírem se lehce/kymácíš,/já kolem jdu/a ulicí/se lehce kymácím,/pomalu, nepozorovaně/v jiné své podoby posouvám tvář/a ještě za ně.//Ať je to z nevidoma bráno,/ať z druhé strany zraku,/kam lze až dohlédnout,/někdo tě přelže/v sochu,/která se nesmí hnout. »], in « Ať je to z nevidoma bráno », Toute volupté [Všechna slast], Zbyněk Hejda, Počmes [Básně], Prague, Torst, 1996, p. 41-42.

[34] « On doit laisser la lumičre allumée,/la lumičre est comme le sel, elle pique les yeux aussi comme le sel, lorsqu’il est quatre heures du matin/et que les chats font place aux oiseaux,/en ce moment miraculeux/oů les yeux piquent,/les oiseaux se mettent ŕ hurler (…) » [« Svítit se musí,/světlo je jako sůl,/i do očí štípe jako sůl,/jsou-li čtyři hodiny zrána/a kočky umlkají před ptáky,/v tuto zázračnou chvíli,/kdy oči pálí,/ptáci se rozkřičí (…) »], in « Empli d’ombres » [« Pln stínů »], Ibid., p. 64-66.

[35] « Je po půlnoci a ptáci mi tady křičí do okna, na dvoře, do něhož mám okna, musí hnízdit tisíce ptáků, protože jejich křik vůbec neustává, oni po celou noc křičí, je to jako příboj hlasu, odlévá se a zase narůstá, není v tom příboji rozeznat ptačí hlasy, je to už jeden jediný hlas, jehož smysl se ztratil v množství. » Je n’y croiserai personne [Nikoho tam nepotkám], in Zbyněk Hejda, Počmes [Básně], Prague, Torst, 1996, p. 24.

[36] « Ainsi donc, les voies de la lune/non traversées/et la douleur dans la paume/non blessée/et les traces de pas/retournées contre le gel,/nous marchons ŕ travers tout cela,/par-dessus les petits ventres des oiseaux/autrefois en été,/aujourd’hui dans la neige,/et toujours vers le bas,/vers le bas. » [« A tak tedy dráhy luny/neprošlé/a bolest v dlani/nezraněné/a stopy chůze/přivrácené k mrazu,/tím vším jdem spolu,/přes bříška ptáků/tenkrát v létě,/dnes sněhem,/a vždy dolů,/dolů. »], in « C’est encore un autre chemin » [« To je zas jiná cesta »], in Zbyněk Hejda, Počmes [Básně], Prague, Torst, 1996, p. 51-53.

[37] « Une fois, la nuit, (…) [j]e rentrais par un chemin sur lequel gisait un oiseau blessé. C’était un petit oiseau, mais déjŕ emplummé, il frappait la terre de ses ailes et criait alors que je passais prčs de lui et moi, je voulais l’aider. Je me suis baissé, mais il se mit ŕ crier encore plus et, en frappant de ses ailes, il fuyait devant moi de par l’herbe. Je l’ai tout de męme attrapé./Je l’ai pris dans ma main, (…) je sentais son cśur battre, d’abord fortement et plein de peur, puis plus silencieusement et plus calmement, jusqu’ŕ ce que je sente qu’il cesse de trembler. Je l’ai reposé dans l’herbe, mais alors que je m’éloignais, il se mit ŕ crier avec tellement d’angoisse, il avait tellement peur, il avait tellement peur d’ętre seul qu’il se remit ŕ avancer sur ailes, mais dans ma direction cette fois. Je dus retourner sur mes pas. Je l’ai pris dans ma main et nous nous tenions lŕ ainsi, il s’est roulé en boule dans la paume de ma main et c’était comme s’il pleurait en silence. Je me tins lŕ longtemps, longtemps son cśur terminait de battre, je me tins lŕ longtemps, jusqu’ŕ ce que je sente qu’il est en train de refroidir doucement dans ma main. Lorsqu’il s’est figé tout ŕ fait, je l’ai reposé avec précaution dans l’herbe. » [« Jednou v noci, (…) [v]racel jsem se po cestě, ne které ležel zraněný pták. Byl to ptáček, ale už opeřený, tloukl do země křídly a křičel, jak jsem šel okolo, a já jsem mu chtěl pomoci. Shýbl jsem se, ale on se ještě víc rozkřičel a tluče křídly unikal mi trávou. Já jsem ho přece jen chytil./Vzal jsem ho na dlaň, (…) cítil jsem, jak mu tluče srdce, nejdřív hlasitě a polekaně, potom tišeji a klidněji, až jsem cítil, jak se přestává chvět. Položil jsem ho do trávy, ale jak jsem se vzdaloval, rozkřičel se tak úzkostlivě, tolik se zase bál, tolik se bál být sám, že se zas dal po křídlech na cestu, jenomže teď za mnou. Musel se vrátit. Vzal jsem ho na dlaň a tak jsme tam stáli, on se mi celý schoulil do dlaně a bylo to, jako když tiše pláče. Stál jsem tam dlouho, dlouho mu srdce dotloukalo, stál jsem dlouho, až jsem cítil, jak mi v dlani pomalu vychládá. Když ztuhl, položil jsem ho opatrně do trávy. »], Je n’y croiserai personne [Nikoho tam nepotkám], in Zbyněk Hejda, Počmes [Básně], Prague, Torst, 1996, p. 23.

[37] « (…) son pauvre cśur exténué s’était déjŕ tu ; lorsqu’il mourait, on pouvait entendre son cśur ŕ plusieurs pas, paraît-il. J’ai entendu les coups que sa tęte donnait contre le bois du cercueil, j’ai entendu ces sombres frappements de tęte, parce que les routes sont tortueuses lŕ-bas, profondes, et moi, j’allais parmi les premiers derričre le cercueil. » [« (...) jeho ubohé uvláčené srdce už umlklo; když umíral, bylo prý slyšet na několik kroků. Slyšel jsem ůdery jeho hlavy o rakvové dřevo, slyšel jsem to temné otloukání hlavy, protože cesty jsou tam nerovné, hluboké a já jsem šel s prvními za rakví. »], Ibid., p. 15.

[38] « L’homme ŕ l’oiseau mort » [« Muž s mrtvým ptákem »], Et tout ici est plein de musique [A tady všude muziky je plno], in Zbyněk Hejda, Počmes [Básně], Prague, Torst, 1996, p. 111-120.

[39] « My známe sníh./Když vrže/i když mlčí,/je to sníh/naší chůze. » Ibid., p. 51.

[40] « L’élément tellurique est lié ŕ la mort et ŕ l’attirance vers le bas. Cette attirance vers le bas, vers la terre, lŕ oů, dans la bouche de la terre, on dépose les hosties des corps des morts, crée une des actions principales délimitant l’espace chez Zbyněk Hejda. » [« Telurické souvisí se smrtí a s tíhnutím směrem dolů. Toto tíhnutí směrem dolů k zemi, l místu, kam se do úst země vkládají hostie těl zemřelých, tvoří jeden ze základních prostorově vymezujících poetických děju u Zbyňka Hejdy. »], Michal Janata, « Smrt jako múza » [« La mort pour muse »], Český týdeník, année 2, n° 181, le 27 septembre 1996, p. 11.

[41] « Člověk nevyrůstá z kořenů,/ale z dláždění./V něm není půdy/záchytné,/ledaže pro kořínek trávy. » in « A la maničre du bétail » [« Po způsobu dobytčat »], in Toute volupté [Všechna slast], in Zbyněk Hejda, Počmes [Básně], Prague, Torst, 1996, p. 58-59.

[42] « Tam,/kam se ubírám,/je království vod/a hlíny,/to začne teprv nyní/zrozní hlíny/ze mne./A pak si zas/dešťovou vodou/ode mne pomůže/tlamatý hrob./Jako by tiše kloktal… », in « Chers survivants » [« Drazí pozůstalí »], Ibid., p. 74-76.

[43] « C’est ainsi du temps émergera une plage/avec les creux creusés par les femmes qui étaient allongées lŕ. (…)/De la pluie tombera dans les creux, elle les remplira, en étranger,/avec des miroirs vides et glacés (…) » [« Tak se vynoří z času pláž/s důlky, které v ní vyležely ženy. (…)/Do důlků spadne déšť a naplní je cize/zrcadly prázdnými a ledovými (…) »], in « Za přesýpání hodin » [« Pendant l’écoulement de la clepsydre »], Ibid., p. 37.

[44] « Lorsque Sisyphe quittera son sort,/lorsqu’il abandonnera sa pierre et s’en ira librement,/laissant dans les traces de sa marche/son immortalité/goutte aprčs goutte,/et lorsqu’il se sera soulagé,/les oiseaux/peuvent bien/la boire,/derričre le premier horizon,/déjŕ, l’attend la mort. » [« Až Sisyfos vyjde z údělu,/opustí kámen a vyjde do svobody,/ve stopách chůze své/zanechávaje nesmrtelnost/kapku po kapce,/a až si ulehčí,/ať si ji/vypijí/ptáci,/za prvním obzorem/už na něj čeká smrt. »], « Męme allongé » [« Ani natažený »], Ibid., p. 72-73.

[45] « Des couronnes de nénuphars/attireront le noyé/pour danser. » [« Utopence/přitáhnou k tanci věnce/z leknínů. »], in « La ruée des poissons » [« Rybí horečka »], Ibid., p. 45-46.

[46] « Aprčs quoi cependant, ŕ la surface remontent/les corps de femmes en robes de mariées. » [« Posléze vyplují na hladinu/ženy v svatebních toaletách. »], in « La ruée des poissons » [« Rybí horečka »], Ibid., p. 45-46. Ce motif de la femme noyée est disséminée un peu partout dans toute la premičre moitié de l’śuvre de Hejda, on le retrouve aussi notamment dans le počme « Lorsqu’il pleut » [« Když prší »] du recueil Proximités de la mort [Blízkosti smrti], Ibid., p. 145 : « Lorsqu’il pleut,/l’étang/semble comme guéri depuis peu/de la varicelle./En bas, sous le barrage,/les chevesnes font claquer leur langue avec la pluie./Enfin,/la lune apparaît aux jeunes filles,/la lune qu’attire tant/la paille virginale./Et combien tendrement craque la paille/dans les petits genoux !/En bas, sous le barrage,/ŕ la surface remontent cependant/les corps blancs/de femmes noyées. » [« Když prší,/ryník/jako by se z neštovic/právě vystonal./Dole pod hrází/s deštěm mlaskají tloušti./Posléze/se dívkám měsíc zjevuje,/jenž všecek tíhne/na panenskou slámu./A v kolínkách/jak něžně praská sláma!/Dole pod hrází/vyplouvají ale/bílá těla/utonulých žen. »]. Comment ne pas penser aussi ŕ ces vers de Trakl : « L’étang sous les saules/Se gonfle des fétides soupirs de la mélancolie. » [« Der Weiher unter den Weiden/Füllt sich mit den verpesteten Seufzern der Schwermut. »], in « Présence de la mort » [« Nähe des Todes »], Les Chants du rosaire [Rosenkranzlieder], 1913. Cf. aussi le commentaire de ce motif en 3.2.5.

[47] « Jestli to bylo tak, jak je to v těch básních, těžko říct. Ale uvízly v nich skutečnosti, které jsem znal. Podívejte: tady byla naše chalupa, hned vedle je statek s Hedvikou, malá chaloupka na druhé straně našich byla Kolníčkova, tam si Máře, jak jsem slýchával, pod peřinou pořezala ruce a vykrvácela, za Kolníčkovýmí jsou Doležalovi a starej Doležal se pověsil na naší mezi na hrušce. To se přihodilo v době mého dětství, tohle všechno.¶Ta hruška se hned podřezala, nesměla zůstat stát, podřezala se a zmizela. Ale potom ve vrchu, zřejmě na památku starýho Doležala, byl na jednom stromě vyratý kříž, svítil tam, bílý, veliký. Já jsem kolem toho stromu chodil nerad, protože jsem si to spojoval – buď právem, nebo neprávem, možná se tam přihodilo i něco jiného – se smrtí toho starce na hrušni. Zapomněl jsem se bohužel zeptat, proč tam ten kříž byl, už se to nedovím… Hledal jsem ho tam teď několikrát a už jsem ho nenašel. A sousedka Marie – bylo mi pět let, když se to přihodilo – se o sebevraždu pokoušela jednou nebo dvakrát, jednou určitě: přišla celá zmáchaná domů a vysvětlila to tak, že se chtěla utopit v Neplechový sádce, ale bylo tam mělko a nepovedlo se jí to. Pak to udělala pod peřinou. » Antonín Petruželka, « Je ne pense pas que le lecteur puisse ne pas se passer de mes vers » [« Nemyslím, že čtenář by se bez mých veršů neobešel »], Revolver Revue, n° 35, 1997, p.132.

[48] « Dans les hautes herbes,/au ras de la terre,/pareils ŕ des membres souples/comme ils se frottent/et maillent des fuseaux de leurs tętes/les dentelles des herbes/prčs des trous vaginaux de la terre./Les petites langues fouaillent/et c’est un toucher/aveugle et éternel. Le tâtonnement/d’une terre ŕ une autre,/inconnue,/éveillée seulement/de la langue,/convulsivement/et dans une souple convulsion,/erre./Le temps d’un instant,/il se brise/et recrache son poison quotidien,/dans l’attente impassible/que s’assouplisse de convulsion/la femelle de l’oiseau,/humectée/de gouttelettes sanglantes,/de deux toutes petites gouttelettes de sang,/couleur de rubis,/comme le sont les yeux des serpents. » [« V travách vysokých/nizoučko u země,/podobni vláčným údům,/jak se tak třou/a hlavičkami paličkují/krajky trav/u pochevních děr země./Jazýčky šlehají/a je to hmat/slepý a věčný. Tápání/od pevniny k pevnině/nepoznané,/jazykem/pouze probouzené,/křečovitě/a v křeči vláčně/bloudí./Na okamžik/se zlomí/a vystříká svůj denní jed,/netečně čekaje,/až křečí zvláční/samička ptačí,/orosená/krvavými krůpějemi,/dvěma docela malými krůpějemi krve,/rubínovými,/jako jsou hadí oči/rubínové. »], in « La ruée des serpents » [« Hadí horečka »], Toute volupté [Všechna slast], in Zbyněk Hejda, Počmes [Básně], Prague, Torst, 1996, p. 47-48.

[49] « Un jour, l’amant/recevra des clefs/de la main tendre de la femme,/puis, les pas furtifs/dans les couloirs/tomberont dans le cśur avec un écho répété,/car tout doit rester dissimulé/comme le destin non-interchangeable.//Mais le cśur se trahira/et, aprčs quelque temps, les pas furtifs dans les couloirs cesseront,/la porte du troisičme étage/s’ouvrira dčs la premičre marche,/la femme descendra/de quelques marches,/combien de marches dois-je encore monter/de ce pas furtif/parce que quelque chose doit rester dissimulé,/au moins ce qui concerne le cśur,/le fait qu’il ne s’y trouve plus d’écho, rien/de ce qui pourrait tenir/dans cette porte grand-ouverte/d’oů est est la femme descendue au-devant de l’homme/de quelques marches,/bien que tout doive rester dissimulé. » [« Jednou se milenci/dostane klíčů/z něžných rukou ženy/a potom plíživé kroky/po chodbách/zapadnou do srdce několikerou ozvěnou,/neboť vše musí zůstat utajeno/jako nezamětitelný osud.//Ale srdce se prozradí/a začas ustanou plíživé kroky po chodbách,/dveře ve třetím poschodí/se otevřou už na prvním schodě,/žena sestoupí/o několik schodů níž,/kolik schodů ještě musím vystoupit/těmito plíživými kroky,/protože něco musí zůstat utajeno,/apoň to o srdci,/že už v něm není ozvěn, nic,/co by se mohlo vtěsnat/do široce otevřených dveří,/ze kterých vyšla žena naproti muži/o několik schodů níž,/ačkoli vše musí zůstat utajeno. »], in « Le pouvoir des clefs » [« Moc klíčů »], Ibid., p. 39-40.

[50] « C’est ton anniversaire aujourd’hui,/certains hommes envoient des fleurs ŕ des femmes dans des villes éloignées,/les grands magasins de fleurs s’en chargent./Je paie les fleurs ŕ Prague,/une main étrangčre dans ta ville/prendra ces fleurs étrangčres, et toi,/tu auras des fleurs étrangčres dans un vase./Tu regardes les fleurs étrangčres de tes yeux étrangers/et je sais que tu attends que quelque chose arrive,/et quelque chose va bel et bien arriver. Par la porte, entre/un homme étranger. Mais toi, tu restes assise sur ton lit de métal,/les yeux figés sur les fleurs de métal,/l’homme étranger sortira les fleurs du vase,/de ses mains de métal, il vérifiera/si elles sont assez aiguisées contre la tige de ta gorge/et celle-ci ne tremblera pas le moins du monde/lorsque ces mains étrangčres t’égorgeront. » [« Máš dnes narozeniny,/někteří muži posílají ženám květiny do vzdalených měst,/velká květinářství jsou na to zařízena./Zaplatím květiny v Praze,/nějaká cizí ruka zase v tvém městě/vezme ty cizí květiny a ty/budeš mít cizí květiny ve váze./Hledíš cizíma očima na cizí květiny/a já vím, že očekáváš, že se něco stane,/a ono se stane. Do dveří vstoupí/cizí muž. Ale ty zůstaneš sedět na své kovové posteli,/oči upírajíc na ty kovové květiny,/cizí muž vyjme květiny z vázy,/svýma kovovýma rukama zkusí,/jsou-li dost ostré, o stonek tvého hrdla/a ono se ani nezachvěje,/když tě ty cizí ruce podřežou. »], in « Le 2 octobre » [« 2. října »], Ibid., p. 61.

[51] « (…) a to jsou ty chvíle takzvaného zoufalství,/do všeho se chce praštit a pak/se zase vyjasní v oku/nějakého snebesestoupivšího anděla,/který se snese v tu pravou chvíli/a rozloží v posteli svá sněhobílá křídla,/když mu je ulomíš, žasneš,/kam se mu poděla křídla,/v ústech máš už jenom chuť peří,/a to, co vyplivuješ,/jsou jenom samí sněhobílí andělé,/kteří padají na chodník tak beznadějně, že bys řekl: chrchel. », in « Lorsque le cheval se cabre » [« Když se vzepne kůň »], Ibid., p. 49-50. Ces ailes blanches, étalées sur le lit, réapparaîtront, d’une façon plus prosaďque, dans Lady Feltham [Lady Felthamová] : « Pas męme la pute ne viendra,/douce,/la pute porte-bonheur,/les jambes allant de la tęte du lit au pied du lit. » [« Ani nepřijde děvka,/hebká,/děvka pro štěstí,/s nohama od pelesti k pelesti. »] (« Les feuilles de vigne rougeoient devant les fenętres » [« Před okny rudne listí vína »], Lady Feltham [Lady Felthamová], in Zbyněk Hejda, Počmes [Básně], Prague, Torst, 1996, p. 198).

[52] « C’est ainsi que du temps émergera une plage/avec des creux creusés par les femmes qui ont été allongées lŕ.//Peut-ętre ne sont-elles pas męme conscientes/du sens de leur posture et de leurs genoux soulevés,/bien que les couleurs mâles travaillent/ŕ l’image de leurs ventres bronzés. » [« Tak se vynoří z času pláž/s důlky, které v ní vyležely ženy.//Snad si ani nejsou vědomy/významu svého natažení a pozvednutých kolen svých,/i když samčí barvy pracují/na obraze jejich opálených břich. »], in « Pendant l’écoulement de la clespydre » [« Za přesýpání hodin »], Toute volupté [Všechna slast], in Zbyněk Hejda, Počmes [Básně], Prague, Torst, 1996, p. 37.

[53] « (…) nous seuls connaissons le monde/des mollets ŕ la taille,/légčrement balancé dans les hanches (…) » [« (…) jen my známe svět/od kotníků k pasu,/v kyčlích mírně rozhoupaný (…) »], in « La vie dans un fauteuil roulant » [« Život ve vozíku »], Ibid., p. 56. Le mouvement du fauteuil roulant, légčrement balancé dans les hanches [« v kyčlích mírně rozhoupaný »] n’est pas sans rappeler, d’une façon particuličrement désagréable, les mouvements de balancier de l’acte sexuel. Cf. aussi Zbyněk Hejda, Je n’y croiserai personne [Nikoho tam nepotkám], in Počmes [Básně], Prague, Torst, 1996, p. 14 : « Lorsque je pense ŕ elles, les femmes ne m’intéressent que des genoux en haut et de la gorge en bas. » [« Mne, když na ně myslím, zajímají ženy od kolen nahoru a od hrdla dolů »].

[54] « Rolety před hvězdami spadnou,/tak jako po všechna minulá rána./Ale počatá nevinnost prsů,/ale počatá nevinnost dlaní,/kéž by bez oné vstupní bolesti/mohla být nazvána/láskou. », in « Lorsque s’éveillera la femme » [« Až se probudí žena »], Toute volupté [Všechna slast], in Zbyněk Hejda, Počmes [Básně], Prague, Torst, 1996, p. 38.

[55] Cf. notamment l’emploi du verbe « pokrývat » [« couvrir »] dans « Za přesýpání hodin » (Ibid., p. 37) se référant aux femmes allongées sur la plage, mais faisant désagréablement penser ŕ l’acte sexuel des chiens : « Vers le soir, elles se lčveront de leurs creux,/nous nous lčverons aussi. Et le sens du fait de recouvrir,/soudain aliéné, toute la nuit, des creux,/volera en lambeaux au-dessus de la plage. » [« Navečer se zvednou ze svých důlků,/my vstanem též. A smysl pokrývat,/pojednou odcizený, po celou noc z důlků/nad pláží bude cárovitě vlát. »]. Les recueils suivants iront plus loin, dans une sécurité plus affirmée et avec plus de précision.

[56] « Všechna slast musí být spotřebována,/ takový je zákon (…) », in « Toute volupté » [« Všechna slast »], Ibid., p. 60. C’est nous qui soulignons.

[57] « (…) ale na všechno si člověk zvykne,/i na občasnou nevěru své ženy,/i na občasnou nevěru své ženě,/není to vášeň,/ale někdo to pojmenuje,/je to svrab života, řekne (…) » in « Lorsque le cheval se cabre » [« Když se vzepne kůň »], Ibid., p. 49-50.

[58] Le temps d’un instant,/il se brise/et recrache son poison quotidien,/dans l’attente impassible/que s’assouplisse de convulsion/la femelle de l’oiseau,/humectée/de gouttelettes sanglantes,/de deux toutes petites gouttelettes de sang,/couleur de rubis,/comme le sont les yeux des serpents. » [« Na okamžik/se zlomí/a vytříká svůj denní jed,/netečně čekaje,/až křečí zvláční/samička ptačí,/orosená/krvavými krůpějemi,/dvěma docela malými krůpějemi krve,/rubínovými,/jako jsou hadí oči/rubínové. »], in « La ruée des serpents » [« Hadí horečka »], Ibid., p. 47-48.

[59] Cf. le commentaire de ce motif en 3.2.4.

[60] « (...) zástupy děvčat táhnou ze vsi/a táhnou si to za sebou/a nohy jako olověné/a každá se svým dívčím věnem/a každá se svým věnem slz/a každá se svým věnem klína. », in « Toujours la męme rengaine » [« Dokolečka dokola »], Ibid., p. 43-44.

[61] « Cela dit, moi, une femme/m’embrassait, en bon accord/avec l’ange qui partageait avec elle/la bouche de mes ténčbres. » [« Mě ovšem líbala/nějaká žena, svorně/se dělíc s andělem/o ústa mé tmy. »], in « Mes ténčbres » [« Mé tmy »], Ibid., p. 35-36.

[62] « Nids éclatés des girons,/votre éclat sera fixé/dans les miroirs des novices,/mais, et moi ? » [« Puklá hnízda klínů,/v zrcadlech novicek/se ustálí váš žár,/ale co já? »], Ibid., p. 35-36.

[63] « Cela dit, moi, j’embrassais/des femmes, en bon accord/avec l’ange qui partageait avec moi/la bouche de leurs ténčbres. » [« Já ovšem líbal jsem/nějaké ženy, svorně/se děle s andělem/o ústa jejich tmy. »], in « Mes ténčbres » [« Mé tmy »], Ibid., p. 35-36.

[64] « Heureusement, il y a le miroir,/et moi, je vis entre le miroir et mon visage (…) » [« Ještě že je tu zrcadlo/a já mezi zrcadlem a tváří žiju (…) »], in « Empli d’ombres » [« Pln stínů »], Ibid., P. 65.

[65] « Que cela vienne de la cécité,/que, de l’autre côté de la vue,/aussi loin que l’on peut voir,/le mensonge de quelqu’un nous change/en une statue/qui n’a pas le droit de bouger.//(…)//Mais pourtant tu/te dandinnes légčrement,/dans ton immobilité de pierre, emprisonnée,/tu déplaces/légčrement ton visage/en d’autres formes,/tout comme toutes/les autres femmes.//Lentement, innaperçue,/de par l’univers, légčrement,/tu te dandinnes,/moi, je passe ŕ côté de toi/et, dans la rue,/je me dandinnes légčrement,/lentement, innaperçu,/je déplaces mon visage vers mes autres formes/et au-delŕ encore.//Que cela vienne de la cécité,/que, de l’autre côté de la vue,/aussi loin que l’on peut voir,/le mensonge de quelqu’un me change/en une statue/qui n’a pas le droit de bouger. » [« Ať je to z nevidoma bráno,/ať z druhé strany zraku,/kam lze až dohlédnout,/někdo nás přelže/v sochu,/která se nesmí hnout.//(…)// Ale ty se přece/lehce kymácíš/v kamenné nehybnosti/uvězněná,/posouváš/lehce tvář/do jiné podoby,/tak jako každá/jiná žena.//Pomalu, nepozorovaně/vesmírem se lehce/kymácíš,/já kolem jdu/a ulicí/se lehce kymácím,/pomalu, nepozorovaně/v jiné své podoby posouvám tvář/a ještě za ně.//Ať je to z nevidoma bráno,/ať z druhé strany zraku,/kam lze až dohlédnout,/někdo tě přelže/v sochu,/která se nesmí hnout. »], in « Que cela vienne de la cécité » [« Ať je to z nevidoma bráno »], Ibid., p. 41-42.

[66] « En ces soirées d’hiver,/oů, sur les rebords des ténčbres,/s’allument des oiseaux de lumičre,/en ces soirées d’hiver,/oů dans nos traces de pas de neige,/un peu de notre marche reste figée,/nous pouvons dire:/nous avons donc déjŕ fait tout ce chemin,/et si nous revenions sur nos pas,/insérant attentivement nos pieds dans les traces,/nous avons déjŕ fait ce chemin,/nous l’avons déjŕ fait. Nous le/savons./Et c’est ainsi que tu as marché tes quatre printemps./Combien de pas/en avons-nous fait ensemble ?/Quelques pas. » [« V těchto zimních večerech,/kdy se na okrajích tmy/rozněcují ptáci světel,/v těchto zimních večerech,/kdy v našich sněhových šlápotách/zůstává kus naší chůze stát,/můžeme říci,/to jsme tedy už ušli,/a kdybychom šli zpátky,/pozorně do svých šlápot těsnajíce nohy,/už jsme to ušli,/už jsme to jednou ušli. My to/víme./A tak jsi ušla svá čtyři léta./Kolik kroků z toho/jsme udělali spolu?/Pár kroků. »], in « C’est encore un autre chemin » [« To je zas jiná cesta »], Ibid., p. 51.

[67] « Ježto se mrtvých nemusíme bát,/ale přibližných obrysů člověka,/(…)/ale přibližnosti okamžiku. », in « Car il n’a pas ŕ avoir peur des morts » [« Ježto se mrtvých nemusíme bát »], Ibid., p. 54.

[68] « Paysage entouré/par l’śil d’un flamand rose,/si tu n’es pas consummée pas le počme,/tu seras consummée par mes ténčbres. » [« Krajino obkroužená/okem ptáka plameňáka,/neshoříš-li básní,/shoříš na mé tmy. »], in « Mes ténčbres » [« Mé tmy »], Ibid.,p. 35-36.

[69] « Empli d’ombres,/mais d’ombres non-solaires,/non-projetées,/et donc aussi empli de lumičres,/mais sans sources,/entre mes quatres murs,/jaunes et nus/et sans un tableau,/lŕ oů je rentre la nuit,/sur mon lit de métal,/et ce lit ne m’appartient pas,/tout comme ne m’appartient pas/la couette ridiculement violette,/tout comme ne m’appartient pas/la lampe de chevet prčs de la petite table/qui ne mappartient pas (…) » [« Pln stínů,/ale neslunečných,/co nejsou vrženy,/a tedy také světel,/ale beze zdrojů,/mezi svými čtyřmi stěnami,/žlutými a holými/a obrazu tam není,/tam, kam se vracím za nocí/na svou kovovou postel,/a ta mi nepatří,/jako mi nepatří/nesmyslně fialová přikrývka,/jako mi ani nepatří/lampička u stolku,/který mi nepatří (…) »], in « Empli d’ombres » [« Pln stínů »], Ibid., p. 64.

[70] « V půl paté se ze svého úřadu vracím domů, a není to domů, jsou to dvě postele, na jedné spí nájemník a na druhé spí druhý nájemník a to jsem já. Každý den v půl páté není kam jít. », Je n’y croiserai personne [Nikoho tam nepotkám], in Zbyněk Hejda, Počmes [Básně], Prague, Torst, 1996, p. 13.

[71] « Empli d’ombres,/mais d’ombres non-solaires,/non-projetées,/et donc aussi empli de lumičres,/mais sans sources,/entre mes quatres murs,/jaunes et nus (…) » [« Pln stínů,/ale neslunečných,/co nejsou vrženy,/a tedy také světel,/ale beze zdrojů,/mezi svými čtyřmi stěnami,/žlutými a holými (…) »], in « Empli d’ombres » [« Pln stínů »], Ibid., p. 64.

[72] Hejda s’exprime ouvertement ŕ ce sujet en commentant l’immobilité des personnages figurant sur les tableaux du cycle Le Centre de la périphérie [Centrum periferie] de Viktor Karlík : « Les personnages de Karlík ne se meuvent pas, ils sont d’une immobilité figée. Je n’ai pas l’intention de formuler des interprétations trop libres de ce motif, conscient du fait que de telles considérations nous éloignent souvent des tableaux, mais je ne peux néanmoins m’empęcher de faire la remarque suivante : l’immobilité des personnages de Karlík ne peut-elle tendre vers un sens plus universel ? Ne sont-ils pas, dans ce monde si mobile, oů des millions de personnes se déplacent et se laissent pousser d’un endroit ŕ l’autre, le signe d’une immobilité spirituelle de l’homme ? » [« Karlíkovy figury se nepohybují, jsou až strnule nehybné. Nechci se pouštět do příliš volné interpretace tohoto motivu, vědom si, jak takové ůvahy vedou často od obrazu, ale přece jen si neodpustím tuto poznámku: nemůže nehybnost Karlíkových figur sahat k universálnějšímu významu? Že totiž v tomto tak mobilním světě, kde se miliony lidí přesouvají a dávají postrkávat s místa na místo, značí ducovní nehybnost člověka? »], Zbyněk Hejda, « S grafikou to Viktor Karlík zkoušel už před léty » [« Viktor Karlík s’était déjŕ essayé ŕ l’art graphique il y a plusieurs années. »], in Viktor Karlík, Linoleums [Linolea], Prague, ŕ compte d’auteur (Viktor Karlík), 2000 ; repris in Viktor Karlík, Catalogue [Katalog], Galerie Klatovy/Klenová, 2001, p. 102.

[73] « Une paume broyeur,/une paume pieuvre,/une paume qui égorge,/comme la gorge d’un animal vivant,/rigide et dotée de la vie solide du chat,/rigide/comme une pierre dotée d’une vie solide (…) » [« Drtič dlaň,/dlaň chobotnice,/dlaň, která rdousí,/jako když hrdlo živého zvířete,/nepoddajné a tuhým životem obdařené kočky,/dlaň sama zvíře,/nepoddajná,/jako když tvrdým životem obdařený kámen (…) »], in « Lorsque s’éveillera la femme » [« Až se probudí žena »], Toute volupté [Všechna slast], in Zbyněk Hejda, Počmes [Básně], Prague, Torst, 1996, p. 38.

[74] « Un serrement de pierre/comme un serrement de main/sur la pierre échauffé/du versant. » [« Stisk kamene/jako stisk dlaně/na vyhřátém kamení/stráně. »], in « La Ruée des serpents » [« Hadí horečka »], Ibid., p. 47.

[75] « Que cela vienne de la cécité,/que, de l’autre côté de la vue,/aussi loin que l’on peut voir,/le mensonge de quelqu’un nous change/en une statue/qui n’a pas le droit de bouger.//(…)//Mais pourtant tu/te dandinnes légčrement,/dans ton immobilité de pierre, emprisonnée,/tu déplaces/légčrement ton visage/en d’autres formes,/tout comme toutes/les autres femmes.//Lentement, innaperçue,/de par l’univers, légčrement,/tu te dandinnes,/moi, je passe ŕ côté de toi/et, dans la rue,/je me dandinnes légčrement,/lentement, innaperçu,/je déplaces mon visage vers mes autres formes/et au-delŕ encore.//Que cela vienne de la cécité,/que, de l’autre côté de la vue,/aussi loin que l’on peut voir,/le mensonge de quelqu’un me change/en une statue/qui n’a pas le droit de bouger. » [« Ať je to z nevidoma bráno,/ať z druhé strany zraku,/kam lze až dohlédnout,/někdo nás přelže/v sochu,/která se nesmí hnout.//(…)// Ale ty se přece/lehce kymácíš/v kamenné nehybnosti/uvězněná,/posouváš/lehce tvář/do jiné podoby,/tak jako každá/jiná žena.//Pomalu, nepozorovaně/vesmírem se lehce/kymácíš,/já kolem jdu/a ulicí/se lehce kymácím,/pomalu, nepozorovaně/v jiné své podoby posouvám tvář/a ještě za ně.//Ať je to z nevidoma bráno,/ať z druhé strany zraku,/kam lze až dohlédnout,/někdo tě přelže/v sochu,/která se nesmí hnout. »], in « Que cela vienne de la cécité » [« Ať je to z nevidoma bráno »], Ibid., p. 41-42.

[76] « Empli d’ombres,/mais d’ombres non-solaires,/non-projetées,/bien que je sois collé ŕ elles,/et de l’intérieur,/comme ŕ un pardessus (…) » [« Pln stínů,/ale neslunečných,/co nejsou vrženy,/ačkoli přisát k nim/a zevnitř/jako ke svrchníčku (…) »], in « Empli d’ombres » [« Pln stínů »], Ibid., p. 65.

[77] « Já nemám naději/a v sobě zatemněn/a pro nikoho,/(…)/(…)./A vedle každý sám,/když na stole hospody/dlaní/podpírá hlavu a pomalé/svoje sesouvání. » in « A l’occasion d’un réel événement » [« Na skutečnou událost », Ibid., p. 62-63.

[78] « De la quotidienneté transparaît la mort (…) en tant qu’unique et ultime chose sűre, le cimetičre est désigné, ŕ moitié par résignation, ŕ moitié de façon sarcastique, comme « terre promise ». » [« Každodenností prosvítá smrt (…) jako jediná a poslední jistota, hřbitov je zpola rezignovaně, zpola sarkasticky nazýván « zemí zaslíbenou ». »], Bohumil Doležal (signé –bd–), « La poésie prise hors contexte » [« Poesie mimo kontext »], Tvář, année 2, n° 2, 1965, p. 39-40.

[79] « Les allers et retours/sur la route menant du cimetičre au bourg/et du bourg au cimetičre,/route apprise par cśur/dčs l’enfance,/route véritablement promise/vers la terre véritablement promise,/la seule terre promise. » [« A sem a tam,/cestou od hřbitova ke vsi/a od vsi ke hřbitovu,/cesta zapamatovaná/od dětství,/cesta doopravdy zaslíbená/k zemi doopravdy zaslíbené,/k jediné zaslíbené zemi. »], in « Variation máchienne » [« Máchovská variace »], Toute volupté [Všechna slast], in Zbyněk Hejda, Počmes [Básně], Prague, Torst, 1996, p. 71.

[80] « Lŕ/oů je me rends,/se trouve l’éternel royaume des vers (…) » [« Tam,/kam se ubírám,/je věčné království červů (…) »], in « Chers survivants » [« Drazí pozůstalí »], in Ibid., p. 75-76.

[81] « Chers survivants,/il n’est pas de rédemption,/pourrir est notre seul espoir,/et cela a commencé il y a si longtemps/que l’on ne saurrait s’en souvenir. » [« Drazí pozůstalí,/vykoupení není,/jen tlít je naděje/a to začalo tak dávno,/že těžko vzpomenout. »], in « Chers survivants » [« Drazí pozůstalí »], in Ibid., p. 75-76.

[82] « (…) navršená hlína,/co ho má krýt/před pátravými zraky Boha,/je jenom hlína,/a jen navršená. » in « Męme allongé » [« Ani natažený »], Ibid., p. 72-73.

[83] Et, tout comme pour un grand nombre d’autres motifs présents dans Toute volupté [Všechna slast] et Je n’y croiserai personne [Nikoho tam nepotkám], le recueil Valse mélancolique [Valse mélancolique] leur apporte une sorte de résolution. Cf. « Sonnet » [« Sonet »] ou « Etre seul » [« Být sám »], in Zbyněk Hejda, Počmes [Básně], Prague, Torst, 1996, p. 272 et 285. Voir l’annexe pour la traduction française.

[84] Au sujet de l’image de l’ange, cf. : « Et lorsqu’un motif chrétien apparaît dans vos počmes ? Des anges, par exemple ?¶¶Les anges ne sont pas seulement chrétiens…¶¶Si, les anges sont bibliques.¶¶L’ange du Nouveau Testament est celui qui aporte une bonne nouvelle, c’est un bon messager. C’est pire avec les anges de la mort. Ceux-lŕ ne portent pas de bonne nouvelle, du moins c’est comme cela que je vois les choses.¶¶Mais je ne me souviens pas d’un ange de la mort, chez vous. Alors que vous mentionnez souvent l’enfer, par exemple.¶¶(La réponse ne fut qu’un signe de tęte désaprobateur.) » [« Když se v básni vyskytne křesťanský motiv, třeba andělé…¶¶Andělé nejsou jenom křesťanští…¶¶Ano, andělé jsou bibličtí.¶¶Novozákonní anděl je ten, kdo přináší dobrou zprávu, dobrý posel. Horší je to s anděly smrti. Ti dobrou zprávu nepřinášejí, jak já to vidím. ¶¶Ale to si u vás nevybavuju, anděla smrti. Zato o pekle se zmiňujete dost často.¶¶(Odpovědí bylo jenom zavrtění hlavou.) »], Antonín Petruželka, « Je ne pense pas que le lecteur puisse ne pas se passer de mes vers » [« Nemyslím, že čtenář by se bez mých veršů neobešel »], Revolver Revue, n° 35, 1997, p.127-128. Le motif de l’ange de la mort apparaît précisémment dans le recueil Toute volupté [Všechna slast] et fonctionne comme annonce de la mort sűre des recrues du počme « Toujours la męme rengaine » : « Dans l’auberge, en attendant,/les recrues ont décoré leurs casquettes/de plumes prises aux ailes blanches/de l’ange de la mort. Et ils le vécurent tant et tant/qu’ils se mirent ŕ boire. Mais ils ne surent boire/jusqu’ŕ atteindre l’oubli. » [« V hospodě si rekruti/čepice zatím ozdobili/péry z bělostných perutí/anděla smrti. A tak ho žili,/že pili. Ale nedopili/se zapomenutí. »] (« Toujours la męme rengaine » [« Dokolečka dokola »], Toute volupté [Všechna slast], in Zbyněk Hejda, Počmes [Básně], Prague, Torst, 1996, p. 43-44).

[85] « (…) et ce sont les moments de ce que l’on appelle le désespoir,/envie de donner des coups ŕ tout et puis,/ŕ nouveau, vient l’éclaircie dans l’śil/d’un ange descendu du ciel/qui se pose lŕ juste au bon moment/et étale ses ailes blanches comme neige sur le lit,/lorsque tu les lui brises, tu es tout surpris,/oů donc sont passées ses ailes,/dans la bouche, tu n’as plus qu’un goűt de plumes,/et ce que tu recraches,/c’est autant d’anges, blancs comme neige,/qui tombent sur le trottoir d’une façon si désespérée/que l’on dirait : de la morve. » [« (…) a to jsou ty chvíle takzvaného zoufalství,/do všeho se chce praštit a pak/se zase vyjasní v oku/nějakého snebesestoupivšího anděla,/který se snese v tu pravou chvíli/a rozloží v posteli svá sněhobílá křídla,/v ústech máš už jenom chuť peří,/a to, co vyplivuješ,/jsou samí sněhobílí andělé,/kteří padají na chodník tak beznadějně,/že bys řekl: chrchel. »] in « Lorsque le cheval se cabre », Toute volupté [Všechna slast], in Zbyněk Hejda, Počmes [Básně], Prague, Torst, 1996, p. 49-50.

[86] « Cela dit, moi, une femme/m’embrassait, en bon accord/avec l’ange qui partageait avec elle/la bouche de mes ténčbres.//(…)//Cela dit, moi, j’embrassais/des femmes, en bon accord/avec l’ange qui partageait avec moi/la bouche de leurs ténčbres. » [« Mě ovšem líbala/nějaká žena, svorně/se dělíc s andělem/o ústa mé tmy.//(...)//Já ovšem líbal jsem/nějaké ženy, svorně/se děle s andělem/o ústa jejich tmy. »], in « Mes ténčbres » [« Mé tmy »], Ibid.,p. 35-36.

[87] « Ô ces petits îlots d’espoir,/verts comme s’excusant,/et moi aussi, je vais, comme m’excusant,/entre de verts îlots d’espoir,/dans un pardessus/dont il me faut réfléchir/s’il vaut encore d’ętre mis ŕ la laverie,/mais l’âme, mes amis les fous,/pouvoir seulement mettre l’âme ŕ la laverie,/la déposer pour quelques semaines/pour qu’elle revienne propre./Ainsi, je vais/ŕ la maničre du bétail,/comme dans l’attente/d’atteindre/un boucher juste/qui effectuera mon jugement. » [« Ó tyto malé ostrovy naděje,/zelené jakoby s prominutím/mezi zelenými ostrůvky naděje,/v převlečníku,/o kterém musím přemýšlet,/stojí-li ještě za čistírnu,/ale duši, mí přátelé blázni,/duši tak dát do čistírny,/na pár týdnů jí odložit,/aby se vrátila čistá./Tak jdu/pozpůsobu dobytčat,/jakoby v očekávání,/že dojdu/řezníka spravedlivého,/jenž nade mnou vykoná soud. »], in « A la maničre du bétail » [« Po způsobu dobytčat »], Ibid., p. 58-59.

[88] « (…) ale duši, mí přátelé blázni,/duši dát takhle do čistírny,/na pár týdnů ji odložit,/aby se vrátila čistá. », in « A la maničre du bétail » [« Po způsobu dobytčat »], Ibid., p. 58-59.

[89] « Mes amis,/comment marchons-nous donc,/la tęte baissée,/ŕ la maničre du bétail ? » [« Mí přátelé,/jak to chodíme/s hlavama skloněnýma,/po způsobu dobytčat? »], in « A la maničre du bétail » [« Po způsobu dobytčat »], Ibid., p. 58.

[90] « Tak jdu/po způsobu dobytčat,/jakoby v očekávání,/že dojdu/řezníka spravedlivého,/jenž nade mnou vykoná soud. » in « A la maničre du bétail » [« Po způsobu dobytčat »], Ibid., p. 58-59.

[91] « Avec la conscience du jugement, l’activité de l’homme pourrait ętre dotée d’un sens, comme si l’homme était assuré du fait qu’il a quelque valeur valeur aprčs tout, que ses actions ne se perdent pas mais qu’elles sont en permanence inscrites quelque part, si ce n’est pas quelque part hors de lui, elles le sont au moins au sein de son âme : « Mais l’âme, mes amis les fous,/pouvoir seulement mettre l’âme ŕ la laverie,/la déposer pour quelques semaines/pour qu’elle revienne propre. ». Mais de la sorte, l’ętre de l’homme aussi est doté d’un sens nouveau – ou plutôt pourrait en ętre doté, si cela n’avait pas lieu, ainsi que Hejda le discerne immédiatement, ŕ la maničre du bétail – en silence, sans résistance aucune, la tęte baissée, résigné, se remettant entičrement entre les mains du destin maître de tout : « Ainsi, je vais/ŕ la maničre du bétail,/comme dans l’attente [c’est-ŕ-dire l’unique attitude dont je suis capable]/d’atteindre/un boucher juste [le destin lui-męme qui décide de tout]/qui effectuera mon jugement. ». Et le jugement dont il est question ici n’est autre que la mort » [« Vědomím soudu jako by aktivita člověka mohla nabývat smyslu, jako by člověk byl ujišťován, že na něm přece jen nějak záleží, že se jeho skutky neztrácejí, ale že jsou stále zaznamenávány, ne-li někde mimo něj, pak alespoň v jeho duši: « Ale duši, mí přátelé blázni,/duši dát takhle do čistírny,/na pár týdnů ji odložit,/aby se vrátila čistá. » Tím však i bytí člověka získává nový smysl, tedy mohlo by získávat, kdyby se to nedělo, jak Hejda okamžitě rozpoznává, po zbůsobu dobytčat – mlčky, bez odporu, s hlavou skloněnou, s rezignující « vydaností » na milost a nemilost do rukou vše řídícímu osudu: « Tak jdu/po způsobu dobytčat,/jakoby v očekávání [to jest v tom jediném, čeho jsem schopen],/že dojdu/řezníka spravedlivého [osudu samotného, který o všem rozhoduje],/jenž nade mnou vykoná soud. ». Soudem, o němž je zde řeč, není však nic jiného než smrt. »], Zdeněk Štipl, Le počte Zbyněk Hejda [Básník Zbyněk Hejda], Prague, Univerzita Karlova, Pedagogická fakulta, 2001, p. 23.

[92] « Soud nevykoná/ani událost. » in « A l’occasion d’un réel événement » [« Na skutečnou událost »], Toute volupté [Všechna slast], in Zbyněk Hejda, Počmes [Básně], Prague, Torst, 1996, p. 62-63.

[93] « Empli d’ombres,/mais d’ombres non-solaires,/non-projetées,/bien que je sois collé ŕ elles,/et de l’intérieur,/comme ŕ un pardessus (…) » [« Pln stínů,/ale neslunečných,/co nejsou vrženy,/ačkoli přisát k nim/a zevnitř/jako ke svrchníčku (…) »], in « Empli d’ombres » [« Pln stínů »], Ibid., p. 65.

[94] « A to mu přitíží,/ta lehkovážnost k smrti/a to, že nevěděl,/že na svět přichází/ze soudní síně plné hlasů,/co chtějí ty hlasy/v pomlkách našich životů,/tak hlučné a rozsuzující/naše viny. », in « Męme allongé » [« Ani natažený »], Ibid., p. 72-73.

[95] « Ainsi donc, les voies de la lune/non traversées/et la douleur dans la paume/non blessée/et les traces de pas/retournées contre le gel,/nous marchons ŕ travers tout cela,/par-dessus les petits ventres des oiseaux/autrefois en été,/aujourd’hui dans la neige,/et toujours vers le bas,/vers le bas. » [« A tak tedy dráhy luny/neprošlé/a bolest v dlani/nezraněné/a stopy chůze/přivrácené k mrazu,/tím vším jdem spolu,/přes bříška ptáků/tenkrát v létě,/dnes sněhem,/a vždy dolů,/dolů. »], in « C’est encore un autre chemin » [« To je zas jiná cesta »], Ibid., p. 51-53.

[96] « Každý sám/u stolu hospody/dlaní/podpírá hlavu,/jako by chtěl/podepřít sesouvání./Jakou dlaň/bys to musel nastavit osudu/už v břiše matky./Ale osud/skrz nastavené prsty/protéká. », in « A l’occasion d’un réel événement » [« Na skutečnou událost »], Ibid., p. 62-63. Pour ce motif du jugement, voir l’épisode lié ŕ la consomation du champignon hallucinogčne en 2.5., p. 58.

[97] « Mais que faire du Sort,/lorsque celui-ci se cabre comme un cheval/et retombe sur le portail,/retombe de tout son poids,/et sur quelque poitrine,/de tout son poids, se couche…/Cela éclate/comme une ampoule,/cela pique sous la peau,/ce n’est pas de la démangeaison,/mais quelqu’un y donne un nom,/c’est la démangeaison de la vie, dira-t-il,/cela gratte jusqu’au sang de façon insupportable (…) » [« Ale co s Údělem,/když ten se zvepne jako kůň/a vpadne do dveří,/celou svou vahou padne/a na hruď některou/celou svou vahou lehne…/Rozprskne se to/jako žárovka,/zapíchá se to pod kůži,/není to svrab,/ale někdo to pojmenuje,/je to svrab života, řekne,/svrbí to do krve nepříjemně (…) »], in « Lorsque le cheval se cabre » [Když se vzepne kůň »], Ibid., p. 49-50.

[98] « Lorsque Sisyphe quittera son sort,/lorsqu’il abandonnera sa pierre et s’en ira librement,/laissant dans les traces de sa marche/son immortalité/goutte aprčs goutte,/et lorsqu’il se sera soulagé,/les oiseaux/peuvent bien/la boire,/derričre le premier horizon,/déjŕ, l’attend la mort. » [« Až Sisyfos vyjde z údělu,/opustí kámen a vyjde do svobody,/ve stopách chůze své/zanechávaje nesmrtelnost/kapku po kapce,/a až si ulehčí,/ať si ji/vypijí/ptáci,/za prvním obzorem/už na něj čeká smrt. »], « Męme allongé » [« Ani natažený »], Ibid., p. 72.

[99] « Je laisse Sisyphe au bas de la montagne ! On retrouve toujours son fardeau. Mais Sisyphe enseigne la fidélité supérieure qui nie les dieux et soulčve les rochers. Lui aussi juge que tout est bien. Cet univers désormais sans maître ne lui paraît ni stérile ni futile. Chacun des grains de cette pierre, chaque éclat minéral de cette montagne pleine de nuit, ŕ lui seul forme un monde. La lutte elle-męme vers les sommets suffit ŕ remplir un cśur d’homme. Il faut immaginer Sisyphe heureux. », Albert Camus, Le Mythe de Sisyphe, Gallimard, 1942 (édition citée : Gallimard, 1967, p. 166).

[100] Josef Hanzlík (*1938), počte et scénariste de films pour enfants. Son premier recueil, La Lampe [Lampa] (1961), fut beaucoup loué au début des années 60 : ses vers, transformant la réalité en une vision fantasque proche de l’univers du conte, oů de tendres sentiments surmontent le mal, souvent représenté par la souffrance d’un enfant innocent, représentaient un changement salutaire aprčs la décennie précédente, parsemée de textes idéologiques et des počmes célébrant la quotidienneté des auteurs regroupés autour de la revue Květen. Cependant, ses recueils suivants, se voulant plus réflexifs, n’eurent plus le ton naďvement sincčre et touchant de son premier recueil.

[101] « On peut donc considérer la poésie de Hanzlík comme hypertrophique, ornementale et, au fond, dissimulant sa supestructure quant ŕ cette base existentielle – en cela, Hanzlík est clairement aux antipodes d’un Hejda, par exemple, qui, lui, démasque les côtés pitoyablement biologiques de l’homme, Hejda, dont l’activité est désillusoire, ce qui lui donne le droit de parler du « grand espoir qui est. » » [« Lze tedy Hanzlíkovu poezii chápat jako přebujelou, ornamentální a v podstatě maskující nadstavbu nad touto existenční základnou – v tom je Hanzlík zřetelným antipodem třeba takového Hejdy, který demaskuje trapně biologické stránky v člověku, jehož činnost je desilusivní, a to mu dává právo mluvit o « veliké naději, která je. » »], in Bohumil Doležal, « Poesie Josefa Hanzlíka », Prague, Tvář, année 2, n° 4 et 5, 1965, p. 23-26 (n°4) et 22-24 (n°5), repris in Tvář, Prague, Torst, 1995, p. 258-267. Doležal cite un vers de Hanzlík que nous n’avons pas identifié.

[102] « Empli d’ombres,/mais d’ombres non-solaires,/non-projetées,/et donc aussi empli de lumičres (…) » [« Pln stínů,/ale neslunečných,/co nejsou vrženy,/a tedy také světel (…) »], in « Empli d’ombres » [« Pln stínů »], Toute volupté [Všechna slast], in Zbyněk Hejda, Počmes [Básně], Prague, Torst, 1996, p. 64.

[103] « Ô ces petits îlots d’epoir,/verts comme par permission,/et moi aussi, je vais/comme par permission/entre de verts îlots d’espoir (...) » [« Ó tyto malé ostrovy naděje,/zelené jakoby s prominutím,/i já jdu/jakoby s prominutím/mezi zelenými ostrůvky naděje (...) »], in « A la maničre du bétail » [« Po způsobu dobytčat »], Ibid., p. 58-59.

[104] « Svět nemá naději, řekneš,/ale jsi to ty, kdo nemá naději,/jaký je to svět, že nemám naději,/ale jsi to ty, kdo to říká », in « Lorsque le cheval se cabre » [« Když se vzepne kůň »], Ibid., p. 49-50.

[105] « Je n’ai pas d’espoir/et, obscurci en moi-męme,/et pour personne,/moi-męme destin pour moi-męme,/moi-męme espoir pour moi-męme. » [« Já nemám naději/a v sobě zatemněn/a pro nikoho,/sám sobě osudem,/sám sobě nadějí. »], in « A l’occasion d’un réel événement » [« Na skutečnou událost »], Ibid., p. 62-63.

[106] « Čili je v něm osud nějak uložený, je skutečně nevyhnutelné zaplést se do toho, co mu věštba řekla? Neklade se tady Oidipovi za vinu, že nedostatečně hleděl do sebe, kde byl jeho osud nějak uložen? », Antonín Petruželka, « Je ne pense pas que le lecteur puisse ne pas se passer de mes vers » [« Nemyslím, že čtenář by se bez mých veršů neobešel »], Revolver Revue, n° 35, 1997, p.128.

[107] Sergej Machonin, « Un cri contre la mort » [« Křik proti smrti »], in Zbyněk Hejda, Básně [Počmes], Edice Petlice, 1979, p. 184-198, repris in Zbyněk Hejda, Počmes [Básně], Prague, Torst, 1996, p. 319-326 ; trad. Fr. Erika Abrams, « Un cri contre la mort », in Zbyněk Hejda, Lady Feltham, Orphée/La Différence, 1989, p. 7-21.

[108] « En męme temps, la poésie de Hejda est une « moralité » dans le sens premier du terme. » [« Hejdova poezie je přitom « moralitou » v původním smyslu slova. »], Bohumil Doležal (signé –bd–), « La poésie prise hors contexte » [« Poesie mimo kontext »], Tvář, année 2, n° 2, 1965, p. 39-40.

[109] Référence ŕ « A la maničre du bétail » [« Po způsobu dobytčat »] : « Mes amis,/comment marchons-nous donc,/la tęte baissée,/ŕ la maničre du bétail ? » [« Mí přátelé,/jak to chodíme/s hlavama skloněnýma,/po způsobu dobytčat? »] (« A la maničre du bétail » [« Po způsobu dobytčat »], Toute volupté [Všechna slast], in Zbyněk Hejda, Počmes [Básně], Prague, Torst, 1996, p. 58-59).

[110] Cf. le commentaire de cette notion en 3.2.6, 3.2.7. et en 3.3.7.

[111] Cf. le commentaire de cette notion en 3.2.2.

[112] « [Poezie se stává] duchovním imperativem k obraně proti každé destrukci života a proti všem podobám usmrcování duší, lidské přirozenosti, charakteru, důstojnosti, svobody, pravdy. Každá báseň psaná s tímto mezním vědomím smrti je pak pro člověka alarmující signálem: Máš jen jeden život, podívej se na něj z perspektivy smrti! Nedej ho zabíjet, uchovej si jeho čistotu a celistvost. Smrt je měřízkem hodnoty tvého života, tvé mravní síly a duchovní resistence. Každé nasilí na pravdě, každé deformování člověka je kus srmti. A kolik je jí! Toho umírání ve zbabělosti, v « dobytčím životě se skloněnou hlavou », v lhostojném nevědomí, v « krčení sypkém », v « sesouvání », v tlení zaživa. Tato smrt je hroznější než jednotlivý fyzický zánik jednotlivého života.  », Sergej Machonin, « Křik proti smrti », in Zbyněk Hejda, Básně [Počmes], Edice Petlice, 1979, p. 184-198, repris in Zbyněk Hejda, Počmes [Básně], Prague, Torst, 1996, p. 319-326 ; trad. Fr. Erika Abrams, « Un cri contre la mort », in Zbyněk Hejda, Lady Feltham, Orphée/La Différence, 1989, p. 7-21. Nous citons la traduction d’E. Abrams. La traductrice évince ici la référence au « croupissement si friable » [« [krčení tolik sypké] »] de « La Ruée des souris » [« Myší horečka »], in Zbyněk Hejda, Počmes [Básně], Prague, Torst, 1996, p. 103. Cf. le commentaire en 3.2.7.

[113] Ce n’est pas seulement par modestie qu’il a toujours refusé de parler de son śuvre d’une façon concrčte : « Je ne vais pas parler de mes vers parce que ce que je veux dire ŕ ce sujet, je le fait dans ma poésie. Je n’ai pas dans l’intention de commenter cela autrement. » [« Já nebudu o svých verších mluvit, protože to, co v té věci chci říct, to říkám v poezii. To já už nehodlám nějak komentovat. »] (Vratislav Färber, « Pojmenovat co nejpřesněji », Proglas, année 7, 1996, n. 3, p. 45-47). C’est aussi parce qu’il n’y a aucun flottement dans ces textes. Il n’y a aucune raison de clarifier ce qui est dit clairement.

[114] « Nezaujímajú ma kategórie typu optimistická či pesimistická. Mne záleží na tom, aby som vyjadril to, čo sa mi zdá, že je autentické, čo zodpovedá môjmu videnia sveta. », in Alexander Balogh, « Le fait d’ętre počte, cela, personne ne pouvait me le prendre » [« Byť básnikom, to mi nik nemohol vziať »], in knihy.sme.sk/clanok.asp?rub=knihy_rozhov&cl=146772

 

[115] « Męme allongé » [« Ani natažený »], Toute volupté [Všechna slast], in Zbyněk Hejda, Počmes [Básně], Prague, Torst, 1996, p. 72-73. Cf. le commentaire en 3.3.9.

[116]« Je m’en souviens/ou je le sais seulement,/comment je me tiens ŕ la station de Horní Ves/alors que papa s’en va ?/La voie ferrée y prend une assez brusque pente./Il faisait signe encore dans le tournant./Jusqu’ŕ aujourd’hui, je conserve la pičce de monnaie/qu’il avait touché en dernier,/et sa montre/arrętée contre la mort./Et pourtant, combien étions-nous/ŕ la forcer au temps./Parfois, c’est quelque chose d’autre qui s’arręte avec l’homme,/ou bien quelque chose reste abandonné quelque part,/il y a bien des boutiques pleines de vieux meubles,/de chambres ŕ coucher avec leurs tables de toilettes,/mais sans miroirs./Cela n’arrange pas les gens/lorsqu’ŕ travers le miroir, un inconnu/regarde dans leur chambre ŕ coucher,/parce que la chambre ŕ coucher, c’est un lieu rose,/et lorsqu’on le repeint ŕ neuf,/il se peut/que cela soit une petite cage./Il n’y a pas ŕ avoir peur des morts,/tant qu’il ne se faufilent pas dans nos chambres ŕ coucher,/mais męme les creux dans les matelas/nous forcent ŕ coucher comme eux aussi ont couché,/mon Dieu, męme allongé, ętre prédestiné/par ceux qui devraient ętre ŕ la brocante/comme leurs chambres ŕ coucher et leurs tables de toilette,/ŕ quoi bon penser aux asiles pour vieux,/leurs chambres ŕ coucher nous serviront/ŕ nous les jeunes qui sommes pleins de vie,/qui n’avons pas ŕ penser aux asiles,/propres et collectifs,/vastes et vides,/nous, nous avons des chambres ŕ coucher intimes comme des cages,/tant qu’on les repeint ŕ neuf/et que l’on a changé les matelas,/car il n’y a pas ŕ avoir peur des morts,/mais des creux. » [« Pamatuji si to,/nebo to jen vím,/jak stojím na zastávce v Horní Vsi/a tatínek odjíždí?/Trať tam má dosti prudký spád./Ještě v ohybu mával./Dodnes mám uschovanou minci,/které se naposled dotýkal,/a jeho hodinky,/zastavivší se o smrt./A kolik nás bylo,/abychom je přinutili k času./Někdy se s člověkem zastaví zase jiná věc,/nebo někde zůstane vězet,/jsou přece plné krámy starého nábytku,/ložnic i s toaletními stolky,/ale bez zrcadel./Lidem to není vhod,/když se jim dívá do ložnic/zrcadlem někdo cizí,/protože ložnice, to je místo růžové,/a když se znovu natře,/může být,/že je to zase klícka./Mrtvých se nemusíme bát,/jen když se nevtírají do ložnic,/jenže i důlky v matracích/nutí nás ležet, jakož i oni líhávali,/můj Bože, i vleže být předurčen/těmi, kdo patří do starého krámu/jako jejich ložnice a toaletní stolky,/nač myslet na útulky starých,/jejich ložnice poslouží/nám mladým, kteří jsme plni života,/kteří nemusíme myslet na útulek,/čistý a hromadný,/skladný a prázdný,/my máme ložnice útulné jako klícky,/jen když se znovu natřou/a matrace se vymění,/ježto se mrtvých nemusíme bát,/ale důlků. »], in « Car il n’y a pas ŕ avoir peur des morts » [« Ježto se mrtvých nemusíme bát »], Ibid., p. 54-55.

[117] Albert Camus, La Peste, Gallimard, 1947 (édition citée : Folio, Gallimard, 1991, p. 279).

[118] « Pravda je to, oč v umění především běží, i za cenu rizika, že se něco nepovede. », in « La vérité dans l’art » [« Pravda v umění »], Lidové noviny, année 13, n. 28, 3. 2. 2000, supp. Umění a kritika, p. 2.

[119] Albert Camus, « L’espoir et l’absurde dans l’śuvre de Franz Kafka », L’Arbalčte, 1943, repris in Le Mythe de Sisyphe, Gallimard, 1967, p. 186. Ici aussi, nous sommes bien entendu conscients d’ętre loin d’avoir fait le tour de la question. Un des éléments importants que nous n’avons qu’effleuré est la reflexion que Hejda consacre au sein męme de son śuvre ŕ l’écriture et ŕ sa propre écriture plus spécialement. En ce sens, le dernier počme de Toute volupté [Všechna slast] est particuličrement important : « (…) pourquoi moi, pourquoi dois-je entendre, moi,/la terre tomber sur mes vivants,/voyons, ce sont eux la soif de mes fičvres,/voyons, ce sont eux l’ardeur de mes soifs glacées,/voyons, c’est moi qui les ai mis ŕ sac,/je les renferme en moi-męme comme un fśtus mort,/ô, je les ai essorés/et je n’ai pas encore appris ŕ parler leur langue,/je vais me réveiller dorénavant avec le mot que/je n’ai pas eu le temps, tout au long de leur vie, de leur dire,/jusqu’ŕ ce que, inévitablement, m’apparaissent/des mots adhérents comme des tricots,/il y a toujours eu assez de temps pour ces mots,/je ne me suis pas dépęché et le temps semblait debout, les jambes écartées/et les pieds solidement par terre, la tęte dans les étoiles de ce ciel éternellement identique,/combien de nuit passerai-je sans dormir/parce que je ne saurai qu’en faire ŕ présent/qu’ils adhéreront enfin aux choses, comme un chiffon mouillé,/il ne me restera plus qu’ŕ oublier/parce que je n’ai pas eu le temps de les dire,/combien y en aura-t-il avant que je ne les oublie,/mais je ne les oublierai pas, je dois mourir ŕ cause d’eux. » [« (…) proč já, proč právě já musím slyšet/padat hlínu na mé živé,/vždyť oni jsou žízní mých horeček, ti živí,/vždyť oni jsou žárem mých mrazivých žízní,/vždyť jsem je vydrancoval já,/chovám je v sobě jako mrtvý plod,/ó já je vyždímal/a ještě jsem se nenaučil mluvit jejich řečí,/budu se probouzet se slovem, které/jsem jim nestačil po celý jejich život říci,/až se mi najednou nevyhnutelně zjeví/slova přiléhavá jako trikoty,/stále bylo dost času na ně,/já nespěchal a čas se zdál stát rozkročmo/a pevně na zemi hlavou do hvězd věčně stejného nebe,/kolik nocí probdím,/protože nebudu vědět, kam s nimi,/když konečně přilnou k věcem jak mokrý cár,/nezbude než je zapomenout,/protože jsem je nestačil říci,/kolik jich bude, než na ně zapomenu,/ale já na ně nezapomenu, já na ně musím umřít. »], in « A la fin » [« Na konec »], Toute volupté [Všechna slast], in Zbyněk Hejda, Počmes [Básně], Prague, Torst, 1996, p. 77-78. Encore une fois, loin d’ętre un passe-temps ou un échappatoire, l’écriture est pour Hejda une question existentielle.

 

© Bohemica 2.0, 2001-2006 - Accueil - Contact