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Et tout ici est plein de musique
ou
La Perte de l’innocence et la découverte en soi du néant

 

 

1. En introduction

Le recueil Et tout ici est plein de musique a été rédigé entre 1959 et 1961 et est paru pour la première fois en édition pour bibliophiles, à Prague, chez l’imprimeur Alois Chvála, en 1963[1]. Il a été publié une deuxième fois, officiellement cette fois, dans un volume intitulé Toute volupté, avec le recueil Toute volupté, en 1964[2]. En 1979, il paraît une troisième fois, en samizdat, dans le volume Poèmes édité par Sergej Machonin pour l’édition Petlice[3]. Il sera republié deux fois après la chute du régime : une fois individuellement, en 1993, dans le cadre des œuvres poétiques complètes de Hejda publiées par KDM[4], puis dans le volume Poèmes publié par Torst en 1996[5]. Sous le communisme, quelques poèmes du recueil ont paru dans la revue Tvář, quelques autres ont paru après 1989 dans diveres revues[6]. Tout comme Toute volupté, il est composé de deux parties, mais, cette fois, la seconde partie est formée d’un seul long poème, « L’Homme à l’oiseau mort »[7]. La construction interne du recueil, du point de vue de l’alternance des formes, marque une claire progression : nous partons de quatre poèmes en quatrains rythmés et rimés, retrouvons des poèmes en vers libre rappelant ceux de Toute volupté, passons à deux courts textes en prose, pour arriver enfin au dernier long poème, sorte de parabole aux accents proche du mythe. Dans tout le reste de son œuvre, Hejda ne s’écartera plus de ces types de forme.

 

2. Memento mori et mort en action dans les vivants

A nouveau, nous sommes confrontés à l’omniprésence de signes nous rappelant la seule issue possible de tout être vivant. La vue de ces vieux ossements dépassant de la terre dans « Un peu d’archéologie »[8], la vue de ces milliers de mâchoires, est un signe aussi évident que celle d’un tombeau ou d’un cimetière[9]. Mais, tout comme dans « Car il n’y a pas à avoir peur des morts »[10], il s’agit aussi et surtout des objets qui nous entourent habituellement, des objets quotidiens. Que de choses ici, nous dit le titre d’un poème[11] et, en effet, le bruit des horloges[12], la vue des lampes dans lesquelles l’huile finit peu à peu de brûler[13], les milliers de pots, la multitude de vaisselle en terre cuite dans laquelle mangeaient nos ancêtres et que l’on déterre à présent, tout, jusqu’aux banales pièces de monnaie[14], est un lancinant memento mori – la coutume ne veut-elle pas que nos fils introduisent une pièce dans notre bouche lorsque nous serons morts ? Il nous faudra bien, à nous aussi, payer Charon. Nous vivons dans un trop plein de mort : les cimetières ne suffisent plus à nous contenir[15]. Cette image du cimetière trop plein, où l’on a cessé d’enterrer, sert aussi à souligner l’horreur de la mort de l’enfant, présente au vers suivant, la plus injuste des morts qui soit[16]. A nouveau, nous nous sentons entourés de mystérieux messagers, dont le message – non-entendu ou même non-dit – n’a qu’une seule interprétation possible. C’est avec terreur que le narrateur du poème « Le matin » guette par la petite fente de sa porte entrouverte l’arrivée du facteur. Celui-ci ne porte pas de lettres mais le bandage qu’il a à la tête ne nous permet pas de douter quant à la signification de sa venue[17]. De même, dans « Les brumes », le feuillage semble détenir les réponses à nos incertitudes, mais nous ne saurons pas ce que disent les feuilles, nous n’apprendrons que le fait que « Les feuilles ne se sont pas tues »[18]. Néanmoins, nous sentons qu’il s’agit d’un message terrible et dont l’importance est capitale. Hejda parle de force d’inertie : la vie est une grande fabrication de mort en série. Face à la mort, les mâchoires, telles des haches de bourreaux, tombent, à la fois de surprise, à la fois parce que privées de vie[19]. A de nombreux endroits, les mots déteignent sur les mots : l’action de gratter l’écorce d’un arbre, au vers 3 de « Que de choses ici », déteint sur le vers suivant, et c’est ainsi que, naturellement, les poils du pubis deviennent des forêts[20]. De même, les objets déteignent sur les hommes : nous-même devenons de bois[21]. Hejda retourne les choses : l’image « Derrière les oreilles de la terre, on trouvera des merveilles (…) » ne parle pas seulement des objets que l’on déterre, mais dit bien que nous, les vivants, avons déjà de la terre plein les oreilles[22]. Cette multitude d’objets déposés ici d’en haut, c’est nous[23] : « Ainsi, nous sommes là, comme jetés ici,/nous, comme par hasard, nous pour personne, comme ça (...) »[24] Lue ainsi, l’image de cette lampe à huile, grasse et malade, devient alors particulièrement sinistre, car nous ne sommes pas seulement des morts en sursis : vivants, nous sommes déjà en train de mourir (ne dit-on pas mourir à petit feu) [25]. Le bois vivant des arbres est déjà en train de travailler à devenir cercueil et, comme pour les arbres dans « Ainsi nous sommes là », c’est d’un ennui à n’en pas finir que de ne vivre qu’avec cette seule certitude de mourir, de vivre sans raison – puisque tout ce que l’on pourrait faire est futile, en ce sens que cela ne fait que nous rapprocher de la mort[26]. La mort est déjà au travail dans tout ce qui est vivant : « La dernière fois, après qu’on m’a arraché une dent, la gencive s’est un peu retroussée et j’ai vu mon os, ma mort. Il était tout blanc, cet os, comme le sont ces os d’habitude, ça se sait bien, il y a plein d’os semés un peu partout, surtout des mâchoires. C’est étrange de voir sur soi, le temps d’un instant, quelque chose que l’on ne voit d’habitude que lorsqu’il n’y a plus d’yeux depuis longtemps. »[27]

 

3. L’illusoire échappatoire du sexe

Cette mort en action sur les vivants est présente aussi dans la volupté : chacun des deux quatrains du poème « Dans les pointes des doigts » est divisé en deux, les deux premiers vers disent la volupté de l’amour charnel, les deux derniers dévoilent la putréfaction déjà avancée de ces corps qui se touchent[28]. D’un côté, nous avons des caresses aussi légères que les battements de cœur d’un frêle rossignol, l’infime du toucher, magistralement décrit à travers l’image des pointes des doigts devenant des perles de nacre, à travers la folie de l’argent des ongles qui brillent, étincellent, une folie toujours aussi puissante que la première fois – et comment pourrait-elle faiblir puisqu’à travers elle, follement, nous cherchons non pas l’amour mais l’illusion, le subterfuge[29]. Mais sous les chemises blanches, les corps ne sont déjà plus que sang noirci et les pointes des doigts sont de petites gorges tachées de sang : on dirait presque que les doigts de la volupté ont eux-même contribué à égorger cet oiselet[30]. Comment ne pas penser aux images expressionnistes avant l’heure des prédicateurs de l’âge baroque ? Prenons pour exemple ce passage de la Prison éternelle de l’enfer… de Giovanni Battista Manni :

 
« A Paris, trois gentilshommes, soit pour leur plaisir soit à cause de quelque devoir, s’en allaient de par les rues vers minuit, lorsqu’ils aperçurent une certaine dame, devant laquelle marchait un valet, tenant une torche allumée. La dame avait le visage dissimulé par un voile, comme c’est l’habitude pour les femmes de hobereaux. Ils s’approchèrent d’elle et, avec des mots plaisants, ils lui demandèrent d’où elle venait et où elle se rendait si tard dans la nuit. Elle leur répondit que les prières pressantes de ses amis l’avaient retenue au dîner de l’un d’eux ; mais qu’enfin, elle les avait quittés sans donner explications, en leur laissant son époux, et qu’elle se dépêchait à présent de rentrer chez elle. L’entourant tout de suite, les gentilshommes proposent de la raccompagner, pour plus de sûreté. Et puisque la dame ne s’y opposa pas, ils partirent tous trois avec elle et, chemin faisant, tinrent divers discours et échangèrent diverses plaisanteries. Puis, lorsqu’ils arrivèrent devant une maison au sujet de laquelle la dame dit que c’était la sienne, le valet s’empressa d’ouvrir la porte avec une clef qu’il tenait toute prête, et eux, sur l’invitation de la dame, entrèrent avec elle et virent que la maison était fournie de nombreux beaux meubles. Après un accueil amical, la dame les pria de s’asseoir. Ils s’assirent donc et elle avec eux. Puis le valet apporta du vin et, après que la dame ait trinqué avec ses hôtes, elle demanda au valet de l’aider à ôter son voile. Lorsque cela fut fait, on put voir que c’était là une jeune femme au visage très beau, et lorsque les hommes la virent, ils en furent émus et, enflammés par un désir sans bornes, ils la désirèrent dans leurs cœurs, et, oui, l’un d’eux alla même jusqu’à se mettre à jouer avec elle de façon légère. Cependant, la dame rougit d’abord, comme si on l’avait baignée de sang, et fit mine d’être fort mécontente ; néanmoins, d’ici peu, elle fit ce qu’il désiraient tous trois, ce qui causa leur perte. Mais quelle perte ? Que t’en semble-t-il, honoré lecteur ? Son mari serait-il rentré soudainement avec ses serviteurs et, les ayant surpris, les aurait-il attaqué, blessé ou assassiné ? Le maire serait-il venu les prendre et aurait-il mis ces hommes adultères en prison ? Rien de tout cela n’eut lieu, mais quelque chose de différent, de bien plus terrible. Ecoute. Ce n’était pas du tout là une femme vivante, c’était le corps mort de quelque femme maudite dans lequel se terrait le diable en personne, et c’est le diable qui le déplaçait, c’est lui qui parlait par sa bouche, c’est lui qui, aussi longtemps que cela lui plut, donnait à ce corps une apparence de beauté, trompant ces amants impurs. Car lorsqu’il les eut assez trompé, à la place de la belle jeune femme, on vit soudain un corps des plus affreux, puant, en grande partie décomposé et dévoré par les vers, de sorte que tous trois furent terrorisés. Et soudain, la femme, le valet, oui, même la maison avec tous ses meubles, tout cela disparut. Deux des hommes furent égorgés par le diable ; quant au troisième, il fut retrouvé le lendemain à demi mort entre leurs cadavres dans un recoin malodorant de la ville. Tout d’abord, il se confessa comme il se doit à un prêtre correctement ordonné, après quoi il raconta à d’autres ce qui lui était arrivé, à lui et à ses deux compagnons. »[31].

 

C’est dans le sens de l’oxymore baroque que va aussi l’usage que fait Hejda des diminutifs par exemple : ils soulignent l’innocence initiale du sujet (le plus souvent en parlant d’oiseaux, d’enfants…) pour mieux creuser le contraste entre cette pureté fuyante et le sort qui lui est réservé[32]. Mais l’éventail d’images terrifiantes des auteurs baroques servait à détourner du péché, et, face à l’horreur de l’enfer, l’homme avait l’espoir de l’éternel bien-être dans la contemplation de Dieu. Il n’y a pas de transcendance chez Hejda, nous ne pouvons être à genoux que devant le seul miracle possible : celui des ventres[33]. L’ensemble du recueil semble baigner dans une atmosphère implicitement sulfureuse où tout, les voix derrière les portes[34], « le désir des bateaux »[35], peut faire office d’allusion au sexe. Parfois, Hejda retourne les choses et une allusion sexuelle peut devenir l’image d’un paysage, comme dans les vers : « La langue près des sources/des montagnes. » [36]

Dans Et tout ici est plein de musique, le sexe est déjà abordé d’une façon plus crue que dans Toute volupté, d’une façon qui annonce les images en apparence toutes dénuées de stylisation de Lady Feltham et du Séjour au sanatorium :

« Les fillettes,
dans les caves humides
de leur désir, dorment.
Les bougies se consument et des larmes
de cire, goutte à goutte, coulent dans la bouche.
Goût de perles. (...) »[37]

Un texte fait exception, comme sorti d’un autre monde, et annonçant, lui, les tons apaisés de Valse mélancolique : dans « Les feuilles appartiennent au paysage »[38], la femme qui se trouve aux côtés du narrateur est nommée (un nom qui – mais c’est sans aucun doute un hasard – rappelle les poèmes d’ouverture et de clôture des Amours jaunes[39]) et ce n’est qu’en rapprochant ce poème du poème « Il était entendu » que l’on comprend qu’il s’agit probablement d’une amante[40]. A part cette exception, les motifs érotiques suivent et prolongent la route engagée dans Toute volupté. Il n’est pratiquement plus question ici de la femme, abordée encore le plus souvent au singulier dans Toute volupté[41], qu’au pluriel. Ce n’est plus seulement l’amante utilisée et délaissée comme dans « Le pouvoir des clés », c’est encore plus impersonnel[42]. Le désir de volupté, d’illusion, est universel[43] et permanent : les lits ne sont jamais faits[44]. Nous trouvons même une « Variation sur Gellner », variation très libre puisque Gellner n’écrit qu’en strophes et en rimes, et qui est plutôt une variation sur l’image que se fait Hejda de Gellner[45] : vers courts, rythme proche de celui d’une comptine, léger blasphème (Laisse-nous/nos gargouillements, ô Seigneur), motif de la faim du pauvre bougre, contraste entre le verbe « gargouiller » (kručet) et l’appellation « ma chérie » (milá)[46]... L’amour (milování) dont il est question d’une façon légèrement ironique ici se limite bien entendu au côté charnel de l’amour, fidèle à la fameuse « Perspective » de Gellner[47]. Le porte-jarretelle est un accessoire qui renvoie plutôt à un érotisme vulgaire, à la prostituée ou, au mieux, à l’amante. La référence à Gellner peut paraître surprenante au premier abord – en quoi ce provocateur un peu dolent du début du siècle est-il en relation avec la poésie « noble et pleine de pathos » de Hejda[48] ? La raison est la même que celle qui pousse Hejda à se sentir proche de cet autre « poseur », J. H. Krchovský[49] : chez tous deux, le poète se montre de son plus mauvais côté possible – mais ce côté est aussi peut-être le plus douloureux. « Je ne pense pas que cela soit par complaisance. (…) Et je me demande à présent : la morale, c’est-à-dire quelque chose qui permet de dissocier le bien du mal, a-t-elle une place dans la poétique de Krchovský ? Pour l’homme qu’il a dévoilé dans son isolement, dans sa totale futilité, dans son désespoir, ce que nous sommes habitués à appeler morale est plutôt quelque chose d’incompréhensible, quelque chose qui constitue une barrière qu’il lui faut surmonter ; quelque chose comme de la provocation par exemple. Quoi qu’il en soit, il ne s’agit pas d’indifférence. Rien de ses poèmes ne peut nous toucher si l’on ne comprend pas que le tourbillon qui, chez lui, entraîne tout en son centre est la douleur. La franchise avec laquelle il expose ses plaies peut être déconcertante ; déconcertante pour celui qui donne priorité à la       dissimulation. »[50] Le vers libre de Hejda est parsemé, de-ci de-là, de quelques rimes – il en est une particulièrement significative dans la « Variation sur Gellner » : celle qui lie la « chérie » à la fausse-couche (potratila/milá)… ou à l’avortement[51] ? On ne va pas s’embarrasser d’un mioche, il est déjà suffisamment dur de vivre, évitons-lui de naître pour vivre ici, dans cette incessante douleur immotivée. S’il y avait une petite fille – peut-être la fille du narrateur – dans Toute volupté[52], la fécondité, la procréation est un thème nouveau. Or, l’enfant est un accident, un rebut :

« Nous tous par deux. Ô nous, à genoux
juste peut-être face au miracle des ventres.
Juste peut-être dans le lit, voilé du lange
des petites âmes des enfants non-voulus. »[53]

Notons le contraste entre le registre du mot « lože » (le lit) et la chute du poème, dont le côté criminel d’irresponsabilité est renforcé par le choix du motif de l’âme. Savoir cela rend d’autant plus sinistrement ironiques les vers : « Quelque part derrière le mur/on gémit en vue d’un homme nouveau. »[54]

 

4. Les fillettes ou la perte de l’innocence

Le recueil est traversé par le motif des fillettes. Et, tout comme les âmes des enfants non-voulus sont présentées à l’aide d’un diminutif qui les rend plus vulnérables et souligne leur innocence, les fillettes sont elles aussi, toujours, présentées au diminutif (fillettes/děvčátka[55], demoiselles d’honneur/drůžičky[56]…) et parfois associées de plus à d’autres diminutifs : un petit manteau (zimníček)[57], de petits chiffons (hadříčky)[58]… Proches de ce que pouvait être le motif de l’oiseau dans Toute volupté et dans Je n’y croiserai personne, elles représentent un état d’innocence avant la chute. Nus pieds, elles ont encore la pureté de ce qui est dans la nature (comme les oiseaux précisément, par exemple) et qui ne distingue pas le sombre manège de la vie[59]. Elles ne s’y connaissent pas encore en ces jeux de l’« âge adulte », si l’on peut appeler ainsi la période où l’on ne sent plus autour de soi que les proximités de la mort, et leur curiosité qui les en rapproche n’est encore qu’une tendance, une pulsion irréfléchie[60]. Mais ce jeu du baptême de « La Jeune fille » est un jeu mortel et cette curiosité de volupté (d’une façon peu raffinée, l’oiseau qu’elles égorgent renvoie vaguement au sexe masculin) fait d’elles des cibles faciles[61]. Et c’est ainsi qu’émerge le motif de la destruction de l’innocence, de l’expulsion hors de l’enfance, car ces fillettes sont aussi l’objet d’un sombre désir en suspens. Le poème « Là, en bas » fait sonner une sinistre note qui peut renvoyer à un désir pédophile – voire incestueux, si l’on rapproche la route enneigée que suivent le poète et sa fille dans « C’est encore un autre chemin »[62] de cette nouvelle route, sans traces de pas, par laquelle il lui montre que les routes ne partent de nulle part et ne vont nulle part[63]. L’évocation du sexe féminin est suivie d’un point de suspension qui dit l’intensité du désir tout en taisant ce qui a vraiment eu lieu[64]. Par contraste, la strophe suivante commence par le premier verbe du poème, conjugué au passé, annonçant avec nostalgie (« C’était du temps/des fillettes aux pieds nus ») que ce n’est pas une simple jupe qui a été retroussée mais la peau elle-même, le petit ventre. Suit une évocation du cadavre de la fillette[65]. Hejda chante sa « Chanson sur les petites filles »[66] mais l’image du premier déchirement sexuel, alors que les fillettes en sont encore à « travailler à la craie/à la compréhensibilité des murs », représente pour lui le déchirement du voile de l’innocence sans soucis de l’enfance[67]. Ce déchirement est accompli malgré le fait que « personne ne voulait se brûler les doigts » –  il n’y avait pas non plus de souffle pour éteindre les bougies (autre symbole vaguement phallique) dans les chambres à coucher des vierges[68]. C’est alors que les fillettes « ouvertes comme la lumière/[comprennent] les ténèbres qui nous entourent »[69]. Le comble est lorsque l’enfant non-voulu est conçu dans le ventre d’une de ces fillettes[70]. Hejda recours alors à un autre diminutif particulièrement cruel en évoquant les faiseuses d’anges (andělíčkářky) – le mot est préparé avec ironie par cinq répétitions du mot « printemps », significativement situées dans le décor des cimetières[71]. L’ange étant lié à la pureté, il ne s’agit pas seulement du meurtre d’un être humain, mais de celui de l’innocence de celle qui aurait dû l’enfanter. Ainsi, toutes nos joies trouvent leur fin dans le rictus du mort innocent :

« Les fillettes alors, dans les rideaux,
étranglées.
Autour des bouches bleues,
les dots accumulées.
Joies rassemblées par bribes,
petits linceuls délavés à la mesure des choses prochaines,
joies de la vie entière confiées
au sourire immobile de ce visage putréfié. »[72]

(A noter : le jeu de mots entre la dot/věno et la mousse de la bave/pěna attendue.) Hejda formule la chose plus ouvertement dans le poème « Les mains du pendu n’attirent pas les oiseaux » :

« Les mains du pendu n’attirent pas les oiseaux,
de loin déjà, l’oiseau les évite.
Il y a toujours un arbre, resté là en mémoire du paradis
dont je ne sais rien d’autre que cet arbre.

De l’enfance, on nous a chassé aveugles,
nous appuyant à une cane, de laquelle nous nous ruons
       [dans les girons.

On s’y sent mieux, seulement d’un poil,
le temps d’une seconde. »[73]

C’est le personnage de l’Allongé, rencontré dans Toute volupté, qui, dans « La Ruée des souris », a le dernier mot à ce sujet : le désir charnel est aussi une preuve que nous sommes encore en vie[74]. Tant que les hommes tamisent les seins des femmes à travers leurs doigts, c’est qu’ils sont encore en train de tendre (vainement) la main contre le destin[75]. Ce désir, fuite devant la dure réalité de la vie, désir d’aveuglement, d’anéantissement, et donc de mort, est peut-être aussi un désir d’absolu, ou encore est-il une pure nostalgie de l’enfance, de la vie insouciante dans le ventre de la mère ? A travers la superposition de l’image du sexe féminin et de celle du tombeau, ce désir deviendra, dans Proximités de la mort, un désir de retour à l’élément tellurique, de retour dans le ventre de Gaïa. En attendant, « seules les canalisations/vibrent encore, elles,/car, Dieu merci, à ce qu’il paraît,/il y a encore assez de souris. »[76]

 

5. La terre, l’eau, l’âme

Avec Et tout ici est plein de musique, nous nous rapprochons peu à peu du « mythe rural » qui sera pleinement déployé dans Proximités de la mort[77]. Le recueil entier est introduit par l’image de l’égorgement des animaux[78] et l’image reparaît dans « Avant la kermesse »[79] en un raccourci presque surréaliste qui n’est pas sans rappeler le monde de Toyen et, notamment, certains motifs de son cycle Le Champ de tir[80]. Nous sommes dans un monde peuplé de terre et d’eau, de bois et de pierre, où tuer les animaux est bénéfique, nécessaire en quelque sorte (ils serviront de nourriture), où tuer les animaux est devenu une habitude. Un monde où les chevaux secouent la poussière de leur crinières et, l’instant d’après, se prennent les pattes dans leurs propres entrailles[81]. Lorsque les brumes se lèvent, nous sentons la présence d’oiseaux divers et rencontrons parfois des chiens errants. Dans ce recueil, les motifs des oiseaux et des chiens, spectateurs innocents et impartiaux, prennent parfois eux aussi une connotation sexuelle (nous l’avons vu pour les oiseaux) : les chiens qui se traînent derrière la femme dans « Avant la kermesse » fonctionnent aussi comme une image de l’homme, jouet du désir[82]. Or, ces animaux divers ne sont pas des animaux attirants dont on aimerait s’approcher pour les caresser, des êtres rendant la vie plus agréable. Ils sont les fruits étranges et incompréhensibles d’une nature étrange et incompréhensible. Et en ce sens, ils relèvent d’une expérience de la vie proche de celle de L’Etranger de Camus[83]. Le motif de la noyée, apparu dans « La Ruée des poissons »[84] dans Toute volupté, réapparaît, lui aussi utilisé de façon métaphorique, accouplé avec celui de l’âme : dans « Les Jeunes filles »[85], l’âme semble être noyée dans les larmes. Dans « Le Matin »[86], l’âme elle-même est la meule d’un moulin – motif qui n’est pas sans rappeler la « Ballade vieille – vieille » de Jan Neruda[87] tant le motif de l’âme semble, dans Et tout ici est plein de musique, être exclusivement lié à l’élément aquatique : dans, « Là, en bas », aveugle, elle laisse des traînées de bave comme une limace[88]. Et à travers l’eau, l’âme, très vite, est à relier au phénomène de la putréfaction :

« Herbes trop pleines de pluie et dessus,
par endroits, l’âme de l’automne qui rouille. »[89]

L’âme devient quelque chose de difficilement définissable tellement elle semble être engloutie par cet environnement de feuilles humides et de lichens, couvert de brumes s’étendant comme des musiques. De ces herbes s’élève la vision spectrale d’une autre femme à moitié décomposée, traversée de végétation. Le domaine rural commence à envahir le motif de la femme : belle et désirable, tu es déjà en train de pourrir, ta poitrine est vapeur et, au contact de l’eau rance, la terre refleurit à travers tes yeux[90]. C’est alors que les poèmes « La ruée des poissons » et « Pendant l’écoulement de la clepsydre » de Toute volupté prennent leur pleine valeur[91] : les creux laissées dans la plage marquent autant le désir que la putréfaction avancée, fruit de l’œuvre insensible de l’eau des campagnes. « (Ne tombera-t-il pas un peu d’eau/dans ces creux, ici ?) »[92]

 

6. Perméabilité et immobilité

Dès Et tout ici est plein de musique, Hejda instaure son espace-temps particulier où minuit n’est pas un temps mais un lieu[93], où le passé, le présent et le futur se recouvrent[94], où les chemins ne partent de nulle part et ne vont nulle part[95]. D’une façon significative, ce n’est pas la lune qui se lève dans le paysage nocturne, mais la nuit qui se lève dans le paysage de la lune[96]. Et l’homme qui apparaît à l’horizon à la fin de « Des horreurs aux alentours », faisant singulièrement penser au bourreau de « A la manière du bétail »[97] à cause de sa hache, et annonçant la parabole de l’Homme à l’oiseau mort[98], devient lui-même la plaie, devient lui-même le ciel[99]. Ici aussi, nous rencontrons le motif du mort s’adressant aux vivants[100]. Cette perméabilité des choses est soulignée de façon très sensible par la profusion d’enjambements dont recèle le recueil. Il s’agit toujours d’enjambements faits de telle sorte que le second vers concerné modifie le sens du premier, pouvant fonctionner, lui, de façon isolée. Ainsi, dans « Ainsi, nous sommes là », le vers 3 nous laisse croire que le tronc dont il est question se rapporte à nous, le vers suivant précise qu’il s’agit de celui d’un arbre coupé[101]. Dans « Les feuilles appartiennent au paysage », le vers 4 expose l’image presque surréaliste de chaînes suspendues entre les étoiles et les deux passants, le vers suivant précise qu’il s’agit de la pluie[102]. Le vers 2 de « Les fillettes » nous fait croire que celles-ci se trouvent dans des caves, ce n’est que le vers suivant qui complète l’image des caves du désir[103]. Dans « Des horreurs aux alentours », le vers 1 nous laisse croire que ce sont les horreurs qui brûlent, le vers suivant complète la comparaison avec les bougies[104]. Tous ces effets de style visent à renforcer l’interpénétration des choses, toutes égales face à la mort. Peut-être Hejda a-t-il fait sien là un procédé utilisé par Mikulášek dans « Reproches », un poème que Hejda admire beaucoup[105]. Cette interpénétration relève d’une des principales caractéristiques du monde de Hejda : celle de l’immobilité, de l’immobilité dans la chaleur. En ce sens, le poème « Durant l’été 1959 » est le plus explicite de toute son œuvre :

« J’ai ouvert la fenêtre ainsi que la porte,
la fenêtre dans le couloir ainsi que la porte dans le couloir,
pour faire un courant d’air.
L’air est devenu pierre. »[106]

Mais, il s’agit là principalement de notre immobilité intérieure, de notre incapacité à vivre. La vie, elle, continue d’avancer sans prendre d’égards : le lait derrière la fenêtre a tourné[107]. Cette contradiction de l’immobilité dans le mouvement donne à l’ensemble du recueil une tension toute particulière. Même lorsqu’il fait silence, le silence est tellement gonflé qu’il menace d’éclater : « Cela craque en lui/comme s’il était travaillé/en vue de la charge du mot. »[108] Les hommes se sentent « maîtres des canicules », maîtres de leur immobilité, mais ils ne font qu’enlacer une statue[109]. Au lieu d’y vivre, on étouffe dans le sexe. Là aussi, il fait chaud à n’en plus bouger, là aussi, « Tous le cœurs fatigués étouffent/dans la gorge des volcans. »[110] Si, d’un côté, Hejda précise qu’« Il n’est pas d’échappatoire de cette immobilité »[111], de l’autre, il nous rappelle que quelle que soit la route sur laquelle nous nous trouvons, une autre route s’enfonce toujours en nous[112] : si les ténèbres décroissent, c’est qu’elles sont en train de pénétrer en nous[113]. Et ce décroissement est bien plus douloureux que la douleur physique : « J’ai été chez le dentiste, il m’a encore arraché une dent et je suis fourbu, pas tant à cause des tiraillements des gencives et de la tête, mais plutôt à cause du décroissement. »[114]

 

7. Impersonnalité et dépersonnalisation

Cet écrasement, très proche du motif de l’affaissement, nous définit en quelque sorte : par opposition à l’Allongé, les vivants sont désignés par le terme de Croupissants[115]. Nous, les Croupissants, sommes aveugles et esseulés dans un monde où tout, même les gestes les plus quotidiens sont totalement impersonnels. Ainsi, dans « Les Fillettes », c’est l’âme même qui nous empêche de voir[116]. De même, dans « Là, en bas », Hejda affirme que l’âme autant que les yeux est aveugle[117]. « Les paupières, dans cette hâte,/en oublient les yeux. »[118] On retrouve ici un motif rencontré dans Je n’y croiserai personne : il n’est personne qui pourrait dire « oui, oui », pas même l’amante – « Deux personnes descendent du train./Une petite gare de campagne et juste nous deux./Je prends ma solitude par la main/et suis incapable de pleurer. »[119] Tout est impersonnel ici, fait de non-dits. Le message, d’une importance capitale apparemment, qui se répand dans « Les Brumes », n’est pas décrit autrement que par le mot « ça » (to)[120]. Nous retrouvons une ellipse semblable dans le titre même du poème « Là, en bas »[121]. Dans « Les Fillettes », l’être humain va jusqu’à s’effacer complètement pour n’être plus figuré que par les empreintes qu’il laisse sur les coussins[122]. D’ordinaire, on se ménage pour avoir plus d’énergie lorsqu’il faudra apporter des efforts, seulement Hejda nous dit que le ménagement est la seule activité possible qui nous reste : nous ne pouvons que chercher à ne pas trop souffrir dans cette vie qui, entière, est un effort[123].

 

8. Néant des mots

Dans le même sens que le motto weinerien de Toute volupté, Hejda dénonce l’insuffisance du langage, l’inconsistance des mots : « Il est tant de souffrance/cachée derrière le mot/et qui se tait. »[124] La langue a disparu sous le poids de la pièce[125]. On retrouvera ce motif dans toute l’œuvre de Hejda : « Abruti par de si longues souffrances,/je dis avec soulagement à tout venant/que je vais bien. »[126] Le recueil entier est traversé de voix qui ne font que murmurer ou hurler indistinctement[127]. Or, ce néant des mots ne fait que refléter le néant de notre existence :

« Et on entendit les premiers mots,
comme quoi quelqu’un, par ivresse,
nous a craché au monde, dans un hoquet,
il n’y a donc pas de raisons d’avoir peur,
nous, juste comme ça,
nous, semence éjectée,
nous, dits par quelqu’un
juste au moment où il taisait quelque chose. »[128]

 

9. La musique des brumes : le néant

Les chemins allant de nulle part vers nulle part[129], le ciel d’où des étoiles tombent vers nulle part[130], tout cela est voilé par un filtre de brume, sorte de matérialisation spectrale des « naissance[s] du néant »[131] :

« C’est d’une façon tout aussi collante que peut être conçue
       [la brume,
la brume qui s’élève des lits,
la brume des douces veines de la peau,
lorsqu’elle s’élève,
souffle d’oiseaux morts
au fond des vallées.
C’est cette brume
au-dessus de l’accouplement des mammifères,
c’est cette brume
dissimulée dans les rêves,
c’est cette brume
dans les yeux sanglants des prédateurs,
c’est cette brume de lichen. »[132]

La grande musicalité de cette description des « fêtes de brumes », la profusion d’assonances et de rimes de la fin de ce poème, nous tend la clé de l’image qui donne son nom au recueil[133] : cette musique funéraire qui s’élève en fumées au lointain, c’est la plus sinistre expression de notre néant[134]. Car tout ici est plein de cette musique, figuration abstraite du mal absolu. Et rien ne l’empêche de se faire sentir alors que joue de la vraie musique, de la musique au sens propre[135]. L’instrument souverain en est le couteau passant sur les cordes des gorges[136] – « Que de musique ! Et sans le moindre filet de voix ! »[137] Elle fait éclater les bas-ventres[138] (notons le jeu un peu poussé sur le verbe vrznout dont les trois sens sont activés ici : grincer, faire de la musique et copuler[139]) : « (…) seule la musique souffle de par l’univers/émise par les girons ouverts. »[140]. Face à la Musique (hudba) des sources de Březina[141], Hejda érige son flonflon sinistre (muzika), sa musique de mort puisque sans souffle (bez dechu)[142]. Or, en nommant ainsi l’innommable, Hejda ne s’est pas libéré de son « enfer »[143], mais il a relancé ce défi formulé par Pascal : « Toutes choses sont sorties du néant et portées jusqu‘à l‘infini. Qui suivra ces étonnantes démarches ? »[144] L’expérience de l’absence de sens est une des caractéristiques de notre temps – la fascination du déclin qu’a Hejda est une tentative conséquente de comprendre le néant comme une des formes de l’infini[145].

« Ô il était des musiques de par les villages
et les fanfares de nos veines et de nos maux
nous jouaient de sombres chorals.
Et moi, j’allais
et dans ma gorge, j’étouffais
mes pleurs et ce que je devrais avouer. »[146]

 

Notes


[1] Zbyněk Hejda, Et tout ici est plein de musique [A tady všude muziky je plno], Prague, Alois Chvála, couverture de Jaroslav Vodrážka, 1963.

[2] Zbyněk Hejda, Toute volupté [Všechna slast], Mladá fronta, Mladé cesty 18, 1964 (850 exemplaires). Et tout ici est plein de musique s’y trouve aux pages 51-88. Par rapport à l’édition de Chvála, l’ordre des poèmes « Durant l’été 1959 » [« V létě 1959 »] et « La Fillette » [« Děvčátko »] est inversé (chez Chvála, « La Fillette » [« Děvčátko »] précédait « Durant l’été 1959 » [« V létě 1959 »]), les poèmes « Lorsque la fillette de novembre » [« Když listopadové děvčátko »] et « Variation sur Gellner » [« Variace na Gellnera »] ont été nouvellement ajoutés et la dernière strophe de « L’Homme à l’oiseau mort » [« Muž s mrtvým ptákem »], originairement composé de sept strophes, a été supprimé.

[3] Zbyněk Hejda, Poèmes [Básně], Edice Petlice 166, 1979. Comporte les recueils Toute volupté [Všechna slast], Et tout ici est plein de musique [A tady všude muziky je plno], Proximités de la mort [Blízkosti smrti] et Lady Feltham [Lady Felthamová]. Et tout ici est plein de musique [A tady všude muziky je plno] s’y situe aux pages 48-86. L’ensemble est accompagné d’une postface par Sergej Machonin intitulée Un cri contre la mort [Křik proti smrti].

[4] Zbyněk Hejda, Et tout ici est plein de musique [A tady všude muziky je plno], Sbírky Zbyňka Hejdy, volume 2, publié par l’auteur, l’édition KDM, l’association Výtvarná společnost KRUH et la revue Revolver revue, avec l’aide du Fond littéraire tchèque [Český literární fond] et de la brasserie Protivín. La présentation graphique est de Jindřich Růžička qui, pour la couverture et le frontispice, a utilisé des dessins de Jiří Lindovský.

[5] Zbyněk Hejda, Poèmes [Básně], Prague, Torst, 1996, p. 83-120.

[6] « Et tout ici est plein de musique » [« A tady všude muziky je plno »], « Que de choses ici » [« Je tady věcí »], « Variation sur Gellner » [« Variace na Gellnera »] et « Des horreurs aux alentours » [« Hrůz kolem »], Tvář, année 1, n° 2, le 21 février 1964, p. 1-2. Cf. les points 6.2., 6.3.2 et 6.4.2. de la bibliographie.

[7] « L’homme à l’oiseau mort » [« Muž s mrtvým ptákem »], Et tout ici est plein de musique [A tady všude muziky je plno], in Zbyněk Hejda, Poèmes [Básně], Prague, Torst, 1996, p. 111-120.

[8] « Et l’on déterrera encore/des milliers de mâchoires. » [« A ještě se vykope/tisíce čelistí. »], in « Un peu d’archéologie » [« Z archeologie »], Et tout ici est plein de musique [A tady všude muziky je plno], in Zbyněk Hejda, Poèmes [Básně], Prague, Torst, 1996, p. 91-92.

[9] « Comme une pierre tombale/avant de se fendre./Il y a de vieux cimetières/où l’on n’enterre plus. » [« Jako náhrobní kámen,/dokud se neprovalí./Jsou staré hřbitovy,/kam už se nepohřbívá. »], in « Avant la kermesse » [« Před poutí »], Et tout ici est plein de musique, in Ibid., p. 93 ;  trad. Petr Král, in La poésie tchèque en fin de siècle, Namur, 1999 ; repris in Petr Král, Anthologie de la poésie tchèque contemporaine 1945-2000, Poésie/Gallimard, 2002, p. 168.

[10] « Parfois, c’est quelque chose d’autre qui s’arrête avec l’homme,/ou bien quelque chose reste abandonné quelque part,/il y a bien des boutiques pleines de vieux meubles,/de chambres à coucher avec leurs tables de toilettes (…)/Il n’y a pas à avoir peur des morts,/tant qu’il ne se faufilent pas dans nos chambres à coucher,/mais même les creux dans les matelas/nous forcent à coucher comme eux aussi ont couché,/mon Dieu, même allongé, être prédestiné/par ceux qui devraient être à la brocante/comme leurs chambres à coucher et leurs tables de toilette (…) » [« Někdy se s člověkem zastaví zase jiná věc,/nebo někde zůstane vězet,/jsou přece plné krámy starého nábytku,/ložnic i stoaletními stolky (…)/Mrtvých se nemusíme bát,/jen když se nevtírají do ložnic,/jenže i důlky v matracích/nutí nás ležet, jakož i oni líhávali,/můj Bože, i vleže být předurčen/těmi, kdo patří do starého krámu/jako jejich ložnice a toaletní stolky (…) »], in « Car il n’y a pas à avoir peur des morts » [« Ježto se mrtvých nemusíme bát »], Toute volupté [Všechna slast], in Zbyněk Hejda, Poèmes [Básně], Prague, Torst, 1996, p. 54-55.

[11] « Que de choses ici » [« Je tady věcí »], Et tout ici est plein de musique [A tady všude muziky je plno], in Zbyněk Hejda, Poèmes [Básně], Prague, Torst, 1996, p. 88.

[12] « A la fin, n’entendre/plus que l’horloge (…) » [« Nakonec už jen/slyšet hodiny (…) »], in « Les fillettes » [« Děvčátka »], in Zbyněk Hejda, Poèmes [Básně], Prague, Torst, 1996, p. 105.

[13] « Que de choses ici déposées d’en haut/et combien de lampes où l’huile finit de brûler. » [« Je tady věcí odloženo shůry/a hle, co lamp, v nichž dohořívá líh. »], in « Que de choses ici » [« Je tady věcí »], Ibid., p. 88.

[14] « On déterrera encore/des milliers de pots en terre cuite./Derrière les oreilles de la terre, on découvrira des merveilles./Une pièce de monnaie dans ce qui était/la bouche,/là où, d’habitude,/tu chercherais la langue. » [« Ještě tisíce hliněných nádob/bude vykopáno./Za ušima hlíny se najde skvost./Mince v ústech/bývalých,/tam, kde bys popaměti/hledal jazyk. »], in « Un peu d’archéologie » [« Z archeologie »], Et tout ici est plein de musique [A tady všude muziky je plno], in Zbyněk Hejda, Poèmes [Básně], Prague, Torst, 1996, p. 91-92.

[15] « Il y a de vieux cimetières/où l’on n’enterre plus./Tu passes à côté des tombeaux ;/des photographies d’enfants/suintent dessus. » [« Jsou staré hřbitovy,/kam už se nepohřbívá./Jdeš kolem náhrobků;/fotografie dětí/na nich mokvají. »], in « Avant la kermesse » [« Před poutí »], Ibid., p. 93 ; trad. Petr Král, in La poésie tchèque en fin de siècle, Namur, 1999 ; repris in Petr Král, Anthologie de la poésie tchèque contemporaine 1945-2000, Poésie/Gallimard, 2002, p. 168. Hejda avait-il déjà lu « Le Retour » [« Návrat »] de Holan, publié en 1957 dans le livre Trois [Tři] et que constitue une longue promenade dans un cimetière où l’on rencontre aussi ces motifs des tombes d’enfants et des photos sur les tombes ?

[16] « Ils avaient déjà vu mourir des enfants puisque la terreur, depuis des mois, ne choisissait pas, mais ils n’avaient jamais encore suivi leurs souffrances minute après minute, comme ils le faisaient depuis ce matin. Et, bien entendu, la douleur infligée à ces innocents n’avait jamais cessé de leur paraître ce qu’elle était en vérité, c’est-à-dire un scandale. Mais jusque-là du moins, ils se scandalisaient abstraitement, en quelque sorte, parce qu’ils n’avaient jamais regardé en face, si longuement, l’agonie d’un innocent », Albert Camus, La Peste, Gallimard, 1947 (édition citée : Folio, Gallimard, 1991, p. 195).

[17] « Tu es chez toi et de la porte/par une fente étroite, tu guettes le couloir./Le facteur s’avance, il vient les mains vides,/la tête bandée, blanche,/tu voudrais crier Mort,/j’entends ton sifflement dans mon cœur… » [« Ty doma jsi a dveří/uzoučkým rámem obhlížíš chodbu./Jde listonoš, jde s prázdnou,/s hlavou ofáčovanou, bílou,/chtěl bys vykřiknout Smrti,/tvůj sykot slyším v srdci… »], in « Le matin » [« Ráno »], Et tout ici est plein de musique [A tady všude muziky je plno], in Zbyněk Hejda, Poèmes [Básně], Prague, Torst, 1996, p. 99-100.

[18] « Quelqu’un avait entendu l’appel au rassemblement pour le jugement./Les âmes de froussard cherchaient dans les trembles,/à savoir ce qu’il en était./Les feuilles ne se sont pas tues. » [« Kdosi zaslechl svolávání k soudu./Duše třasořitky zvídaly v osikách,/cože je ne tom./Listí nemlčelo. »], in « Les brumes » [« Mlhy »], Ibid., p. 94-95.

[19]> « Et je dois penser/à cette ancienne coutume/d’attacher avec un foulard/les mentons des morts,/et que cette habitude/se maintient par inertie,/mais par l’inertie qu’ont les mâchoires/de tomber lorsqu’il n’y a plus rien à dire./Et qu’elle se maintient aussi/par l’inertie de la peur/que le mort,/de là-bas,/ne se délie. » [« A já musím myslet/na starý zvyk/brady mrtvých/podvazovat šátkem,/a že se ten zvyk/udržuje setrvačností,/ale setrvačností čelistí/spadnout, když dojde řeč./A že se také udržuje/setrvačností strachu,/aby mrtvý/tam odjinud/nerozvázal. »], in « Un peu d’archéologie » [« Z archeologie »], Ibid., p. 91-92.

[20]> « Et quelqu’un façonne ici avec de l’écorce/nos rêves dans les sombres forêts génitales. » [« A někdo tady vydlabává z kůry/sny naše v temných lesích pohlavních. »], in « Que de choses ici » [« Je tady věcí »], Ibid., p. 88.

[21] « (…) comme coupés en deux et comme si, dans le tronc/d’un arbre coupé, un oiseau nous avait encore entendu. » [« (…) jakoby stínáni a jako by nás v kmeni/podřezaného stromu ještě zaslechl pták. »], in « Ainsi, nous sommes là » [« A tak tu jsme »], Ibid., p. 86. Le rejet nous fait croire, après la lecture du premier vers, que ce tronc est le nôtre. Ce n’est qu’à la lecture du second vers que le sens devient clair. L’effet produit est une interpénétration des choses. Cf. le commentaire en 3.2.6.

[22] « Za ušima hlíny se najde skvost (…) », in « Un peu d’archéologie » [« Z archeologie »], Ibid., p. 91-92.

[23] « Que de choses ici déposées d’en haut (…) » [« Je tady věcí odloženo shůry (…) »], in « Que de choses ici » [« Je tady věcí »], Ibid., p. 88.

[24] « A tak tu jsme, že jsme sem uvrženi,/my jen tak náhodou, my pro nikoho, tak », in « Ainsi, nous sommes là » [« A tak tu jsme »], Ibid., p. 86.

[25] « (…) et combien de lampes où l’huile finit de brûler. » [« (…) a hle, co lamp, v nichž dohořívá líh. »], in « Que de choses ici » [« Je tady věcí »], Ibid., p. 88.

[26] « (…) Ici, sans un souffle,/le bois (des arbres qui s’ennuient) travaille/à devenir cercueils. (…) » [« (...) Tady bez dechu/pracuje dřevo (stromů, jimž je dlouze)/na rakvích. (...) »], in « Ainsi, nous sommes là » [« A tak tu jsme »], Ibid., p. 86.

[27] « Posledně se mi po vytržení zubu trochu odchlípla dáseň a já jsem viděl svou kost, svou smrt. Kost byla úplně bílá, jako bývají tyhle kosti bílé, to známe, kostí je všude jako naseto, čelistí zvlášť. Je to podivné uvidět na chvíli na sobě něco, co bývá vidět, až když už je dávno po očích. » in « Tiré d’une lettre » [« Z dopisu »], Ibid., p. 109.

[28] « Au bouts des doigts des femmes, la tendresse délire./Les perles du toucher sont de nacre./A la fin, sous la chemise, tout va noircir,/même l’argent des ongles noircira de sang.//Secoué par l’infime toucher des mains/toujours comme au premier instant./Tendrement, les rossignols des doigts battent encore,/leurs petites gorges, déjà, sont tachées de sang. » [« V konečcích prstů něha ženám šílí./Korálky doteků jsou nachové./Nakonec zčerná všechno pod košilí,/i stříbro nehtů zčerná od krve.//Otřásán malým dotýkáním rukou/vždy jako poprvé./Slavíci prstů ještě něžně tlukou,/hrdélka jejich už jsou od krve. »], in « Dans les pointes des doigts » [« V konečcích prstů »], Ibid., p. 87.

[29] « Nous tous par deux. Ô nous à genoux/face au miracle des ventres tout au plus. » [« My všichni po dvou. Ó my na kolenou/leda tak ještě nad zázrakem břich. »], in « Que de choses ici » [« Je tady věcí »], Ibid., p. 88.

[30] « Tendrement, les rossignols des doigts battent encore,/leurs petites gorges, déjà, sont tachées de sang. » [« Slavíci prstů ještě něžně tlukou,/hrdélka jejich už jsou od krve. »], in « Dans les pointes des doigts » [« V konečcích prstů »], Ibid., p. 87. A nouveau, le rejet nous force à associer ces doigts, tremblant fébrilement, aux gorges tachées de sang.

[31] « V Paříži tři urození muži buď z kratochvíle, neb z potřeby okolo půl noci po ulicích chodíce zahlídli, že se beře jakás paní, před kterouž šel lokaj nesa rozsvícenou fakuli. Měla pak ta paní tvář florem zakrytou, jak mívají zemanky. I přišli k ní a lahodnými slovy tázali se jí, odkud a kam by se tak pozdě nočním časem brala. Odpověděla ona, že se dlouho pro přílišné prosby svých přátel u večeře jednoho přítele zdržela; odkudž potom předce bez odpovědi, ale zanechjíc s nimi svého manžela, odešla a domu pospíchá. Oni hned obstupivše ji sami se v to uvolují, že jí chtějí pro větší bezpečnost domu doprovoditi. A když se ona nezdráhala, šli s ní všickni tři a na cestě rozličné rozpravky spolu měli a žertovali. Když pak přišli před dům, který ona svůj býti pravila, hned lokaj klíčem, kterýž měl pohotvě, dvéře otevřel a oni pozváni jsouce od paní, spolu s ní do domu, rozmanitým drahým nábytkem nazbyt opatřeného, vešli. Po přátelském přivítání prosila jich paní, aby se posadili. I posadili se a ona také se posadila. Potom lokaj přinese víno, kteréž když paní hostům připila, poručila sobě skrze služebníka flor z tváři složiti. Což když se stalo, ukázala se býti mladicí velmi krásné tváři, kterouž jak uzřeli dotčení muži, nezřízenou milostí zapáleni jsouce, požadali ji v srdci, ano i jeden z nich lehkomyslně zahrávati počal. Zardělať se ovšem ta paní z počátku, jako by ji kdo krví polil, a stavěla se, jako by tomu velmi nerada byla; nicméně potom všem třem po vůli byla, což také jim bylo k záhubě. Než k jaké? Coť se zdá, laskavý čtenáři? Zdaliž snad přišel nenadále její pán s služebníky svými, a dopadna je, dal se do nich, ranil neb pomordoval je? Zdaliž přišel na ně rychtář a cizoložníky do žaláře pobral? Nic z toho se nestalo, než nětco jiného, mnohem hroznějšího. Poslyš. Nebyla to žádná živá paní, ale bylo mrtvé tělo nějaké zatracené ženy, v které byl sám ďábel, a ten sám je hejbal, ten z něho mluvil, ten, dokud se mu líbilo, je na oko krásné činil a ty nečisté milovníky mámil. Neboť potom, když se jich dost namámil, místo krásné mladice ukázalo se přešeredné, smrduté, větším dílem shnilé a červy rozlezlé tělo, takže se všickni náramně zhrozili. A v tom hned jak paní, tak lokaj, ano i celé stavení se vším nábytkem v okamžení zmizelo a dva z těch mužů ďábel zadávil, třetí pak mezi jejich mrtvými těly v jednom smradlavém koutu města odpolu mrtvý zrána nalezen jest, kterýž předně pořádnému knězi z svých hříchů zkroušeně se zpovídal, a potom to všecko, co se s ním a s jeho tovaryši dálo, jiným vypravoval. », in Giovanni Battista Manni, La Prison éternelle de l’enfer ou Horribles tortures infernales, images et exemples, parus à la lumière en langue italienne à quarante-cinq reprises et nouvellement traduits en tchèque à présent… [Věčný pekelný žalář aneb Hrozné pekelné muky, obrazy a příklady v jazyku vlaském po čtyřidcetikráte na světlo vyšlými vypodobněné a nyní vnově na česko přeložené…], Václav Matěj Štejer (trad.), Prague, 1676 ; Giovanni Battista Manni, La Prison éternelle de l’enfer… [Věčný pekelný žalář...], Brno, Atlantis, Thesaurus absconditus, 2002 ; extrait in L’Homme est un petit monde [Malý svět jest člověk], H&H, 1995, p. 69-70.

[32] Cf. le commentaire en 3.3.4.

[33] « Nous tous par deux. Ô nous à genoux/face au miracle des ventres tout au plus. » [« My všichni po dvou. Ó my na kolenou/leda tak ještě nad zázrakem břich. »], in « Que de choses ici » [« Je tady věcí »], Et tout ici est plein de musique [A tady všude muziky je plno], in Zbyněk Hejda, Poèmes [Básně], Prague, Torst, 1996, p. 88.

[34] « Si seulement quelqu’un pouvait dire : oui, oui,/mais que nous sont/toutes ces voix derrière les portes,/ ce marmonnement incompréhensible et ces cris. » [« Kdyby někdo řekl: ano, ano,/ale co nám jsou platny/hlasy za dveřmi,/to nesrozumitelné mumlání a řev. »], in « Les feuilles appartiennent au paysage » [« Listí patří do krajiny »], Ibid., p. 97-98.

[35] « Dans les canalisations en surface/s’est levé le désir des bateaux (…) » [« V povrchových kanálech/se zvedla touha po lodích (…) »], in « La Ruée des souris » [« Myší horečka »], Ibid., p. 103-104.

[36] « Jazyk u pramenů/hor. », in « Durant l’été 1959 » [« V létě 1959 »], Ibid., p. 89.

[37] « Děvčátka/ve vlhkých sklepích/své touhy přebývají./Svíčky uhořívají a slzy/voskové kanou do úst./Chuť perel. (...) » in « Les fillettes », Ibid., p. 105

[38] « Deux personnes descendent du train./Une petite gare de campagne et rien que nous deux. (…)/Marcela,/un ange nous a tendu une route, une autre/se rue en nous. » [« Dva lidé vystupují z vlaku./Malé venkovské nádraží a jen my dva. (...)/Marcelo,/anděl nám nastavil cestu, jiná/cesta se do nás dere. »], in « Les feuilles appartiennent au paysage » [« Listí patří do krajiny »], Ibid., p. 97-98.

[39] « A Marcelle/Le poète et la cigale » et « A Marcelle/La cigale et le poète », Tristan Corbière, Les Amours jaunes, frères Glary, aux frais de l’auteur, 1873.

[40] « Il était entendu/que j’attende jusqu’à la nuit/à la station de Bojanov./Or, le dernier train opportun/partait déjà dans l’après-midi,/et c’est ainsi que j’ai fait les cent pas dans la forêt autour de la station de Bojanov,/attendant que tombe la nuit/et qu’au loin s’allume le petit feu de la cigarette/et qu’elle dessine le signal/de son arrivée/et, surtout, le signal de la voie libre./C’était au temps où,/par peur d’être trahis,/nous ne nous rencontrions presque plus./Mais, à présent,/M. est parti/pour une semaine en Afrique./Cette nuit-là, comme exprès,/des avions survolaient/Bojanov presque sans arrêt./Faisant l’amour, les amoureux/durent penser aux horaires des vols aériens,/après tout,/l’Afrique n’est pas si loin. » [« Bylo domluveno,/že počkám do tmy/na zastávce v Bojanově,/Poslední příhodný vlak ale/jel už v odpoledních hodinách,/a tak jsem obcházel bojanovskou zastávku v lesích,/než padne tma/a v dálce zasvítí ohníček cigarety/a nakreslí znamení/jejího příchodu/a zejména znamení, že vzduch je čistý./Bylo to v době,/kdy ze strachu z prozrazení/téměř už jsme se nesetkávali./Ale teď/odletěl M./na týden do Afriky./Tu noc/jako naschvál/nad Bojanovem téměř bez přestání/přelétávala letadla./Za milování zamilovaní/museli myslet na letové řády,/Afrika není/zas tak daleko. »], in « Il était entendu » [« Bylo domluveno »], Valse mélancolique [Valse mélancolique], in Zbyněk Hejda, Poèmes [Básně], Prague, Torst, 1996, p. 259-260. Cf. la traduction de ce poème en annexe.

[41] Dans un contexte érotique, dans « Mes ténèbres » [« Mé tmy »], « Lorsque s’éveillera la femme » [« Až se probudí žena »], « Le pouvoir des clés » [Moc klíčů], « Que cela vienne de la cécité » [« Ať je to z nevidoma bráno »], « Toute volupté » [« Všechna slast »], « Le 2 octobre » [« 2. října »] et dans « Lorsque se cabre le cheval » [« Když se vzepře kůň »] si l’on compte l’image de l’ange, contre deux occurences au pluriel, dans « Mes ténèbres » [« Mé tmy »] et « Pendant l’écoulement de la clepsydre » [« Za přesýpání hodin »].

[42] « Le pouvoir des clés » [« Moc klíčů »], Toute volupté [Všechna slast], in Zbyněk Hejda, Poèmes [Básně], Prague, Torst, 1996, p. 39-40. Cf. le commentaire de ce poème en 3.3.6.

[43] « Nous tous par deux (...) » [« My všichni po dvou (...) »], in « Que de choses ici » [« Je tady věcí »], Et tout ici est plein de musique [A tady všude muziky je plno], in Zbyněk Hejda, Poèmes [Básně], Prague, Torst, 1996, p. 88. C’est nous qui soulignons.

[44] « (…) Lits jamais refaits. » [« (…) Nikdy neustláno »], in « Les fillettes » [« Děvčátka »], Ibid., p. 105.

[45] « Variation sur Gellner » [« Variace na Gellnera »], in Ibid., p. 107. « Cela dit, je ne suis pas contre les variations. Il est possible d’écrire des variations, ma troisième variation sur Gellner, par exemple, est une variation. Même si je ne sais pas exactement sur quoi, concrètement, je ne saurais le dire. Sur l’idée que je me fais de Gellner. » [« Ačkoli já nejsem proti variacím. Variace je možné psát, třeba ta třetí gellnerovská je variace. Sice nevím přesně, na co konkrétního, to nedovedu říct. Na moji představu o Gellnerovi. »], Antonín Petruželka, « Je ne pense pas que le lecteur puisse ne pas se passer de mes vers » [« Nemyslím, že čtenář by se bez mých veršů neobešel »], Revolver Revue, n° 35, 1997, p. 124. Hejda se réfère ici à sa « Variation sur Gellner III » ([Variace na Gellnera III »], Valse mélancolique [Valse mélancolique], in Zbyněk Hejda, Poèmes [Básně], Prague, Torst, 1996, p. 250). Voir la traduction de ce poème en annexe.

[46] « Naissance du néant/et quelqu’un gargouille :/ma chérie./Ô Seigneur, ne nous ôte pas/notre gargouillement, ni cette voix,/ce gargouillement d’où/l’amour souffle/sous les porte-jarretelles. » [« Rození nicoty/a někdo kručí:/milá./Kručení naše/neber nám, ó Pane,/kručení břišní/i ten hlas,/kručení, z něhož/milování vane/pod podvazkový pás. »], in « Variation sur Gellner » [« Variace na Gellnera »], Et tout ici est plein de musique [A tady všude muziky je plno], in Zbyněk Hejda, Poèmes [Básně], Prague, Torst, 1996, p. 107.

[47] « Ne pleure pas, mignone ma chérie !/Hélas, c’est la vie.//Aujourd’hui encore soyons joyeux/sur notre lit blanc !/Demain, quoi demain ? Qui sait./Demain, nous coucherons en des cercueils. » [« Má milá rozmilá, neplakej!/Život už není jinakej.//Dnes buďme ještě veselí/na naší bílé posteli!//Zejtra, co zejtra? Kdož pak ví./Zejtra si lehneme do rakví. »], « Perspective » [« Perspektiva »], in František Gellner, Après nous le déluge! [Po nás ať přijde potopa!], Edice Nového kultu, 1901.

[48] « Une minute : tout ça, c’est très aristocratique en quelque sorte, ça a du pathos. Enfin, vous êtes fait ainsi, non ? » [« No počkejte, vždyť je to všechno svým způsobem aristokratismus, má to patos. Vždyť jste takový, ne? »], Antonín Petruželka, « Je ne pense pas que le lecteur puisse ne pas se passer de mes vers » [« Nemyslím, že čtenář by se bez mých veršů neobešel »], Revolver Revue, n° 35, 1997, p. 135.

[49] J. H. Krchovský (pseudonyme de Jiří Hásek, *1960). Poète de l’underground, publiant en samizdat jusqu’en 1989. Sa poésie, conséquemment monothématique et rythmé et rimée de façon régulière (strophes régulières, vers dactylique, importance de la rime), met en scène un narrateur stylisé, alcoolique et pervers, développant des réflexions sur la perte du sens et de tout idéal.

[50] « Nemyslím, že by to byla záliba. (...) A tady se ptám: má v Krchovského poetice nějaké místo morálka, to jest něco, co umožnuje lišit dobré od zlého? Člověku, kterého pro sebe objevil v jeho osamocenosti, v naprosté nicotnosti, v jeho zoufalství, je to, co jsme zvyklí jmenovat morálkou, spíš něčím nesrozumitelným, něčím, co klade překážku, s kterou se potýká; třeba provokací. Rozhodně to není lhostejnost. Nic z jeho básní se nás nedotkne, když nepochopíme, že vír, který u něj všechno vtahuje do svého středu, je bolest. Otevřenost, s jakou vystavuje své rány, může být zarážející; zarážející pro toho, kdo dává přednost zakrývání. », in Zbyněk Hejda, « Note au sujet d’une polémique… » [« Poznámka k jedné polemice… »], Revolver Revue, n° 15, octobre 1990, p. 117.

[51] « Un cri, comme celui d’une accouchée/qui vient de faire une fausse couche./Naissance du néant/et quelqu’un gargouille :/ma chérie./Ô Seigneur, ne nous ôte pas/notre gargouillement, ni cette voix,/ce gargouillement d’où/l’amour souffle/sous les porte-jarretières. » [« Křik jako z rodičky,/jež právě potratila./Rození nicoty/a někdo kručí:/milá./Kručení naše/neber nám, ó Pane,/kručení břišní/i ten hlas,/kručení, z něhož/milování vane/pod podvazkový pás. »], in « Variation sur Gellner » [« Variace na Gellnera »], Et tout ici est plein de musique [A tady všude muziky je plno], in Zbyněk Hejda, Poèmes [Básně], Prague, Torst, 1996, p. 107. Le verbe potratit peut désigner aussi bien la fausse couche que l’avortement.

[52] « C’est encore un autre chemin » [« To je zas jiná cesta »], Toute volupté [Všechna slast], in Zbyněk Hejda, Poèmes [Básně], Prague, Torst, 1996, p. 51-53. Cf. le commentaire de ce poème en 3.3.3.

[53] « My všichni po dvou. Ó my na kolenou/leda tak ještě nad zázrakem břich./Leda tak v loži, zacloněném plenou/z dušiček dětí nechtěných. » in « Que de choses ici » [« Je tady věcí »], Et tout ici est plein de musique [A tady všude muziky je plno], in Ibid., p. 88.

[54] « Tam někde za zdí sténá/se na nového člověka. » in « Avant la kermesse » [« Před poutí »], Ibid., p. 93 ; trad. Petr Král, in La poésie tchèque en fin de siècle, Namur, 1999 ; repris in Petr Král, Anthologie de la poésie tchèque contemporaine 1945-2000, Poésie/Gallimard, 2002.

[55] « La Fillette » [« Děvčátko »], Et tout ici est plein de musique [A tady všude muziky je plno], in Zbyněk Hejda, Poèmes [Básně], Prague, Torst, 1996, p. 90 ; « Lorsque la fillette de novembre » [« Když listopadové děvčátko »], Ibid., p. 96 ; « Les fillettes alors, dans les rideaux/étranglées. » [« Děvčátka tenkrát v záclonách/uškrcená. »], in « C’était en rêve » [« Bylo to ve snu »], Ibid., p. 101-102 ; « (Pour une petite fillette) » [« (Malému děvčátku) »], in « La Ruée des souris » [« Myší horečka »], Ibid., p. 103 ; « Les Fillettes » [« Děvčátka »], Ibid., p. 105 ; « C’était du temps/des fillettes pieds nus (…) » [« Bylo to za časů/děvčátek naboso (…) »], in « Là, en bas » [« Tam, dole »], Ibid., p. 106.

[56] « Et en route pour l’école,/rencontrer les fêtes de brumes,/les demoiselles d’honneur, dans les arbres,/qui pendent flasquement. » [« A cestou do školy/potkávat slavnosti mlh,/drůžičky se stromů/splihle visící. »], in « Les Fillettes » [« Děvčátka »], Ibid., p. 105.

[57] « Un jour, tu grandiras/hors de tes petits manteaux,/mais pas en des printemps. » [« Jednou vyrosteš/ze svých zimníčků,/ale ne do jar. »], in « La Ruée des souris » [« Myší hořečka »], Et tout ici est plein de musique [A tady všude muziky je plno], in Zbyněk Hejda, Poèmes [Básně], Prague, Torst, 1996, p. 103-104.

[58] « Là, en bas » [« Tam, dole »], Ibid., p. 106 ; trad. Petr Král, in La poésie tchèque en fin de siècle, Namur, 1999 ; repris in Petr Král, Anthologie de la poésie tchèque contemporaine 1945-2000, Poésie/Gallimard, 2002, p. 170.

[59] « C’était du temps/des fillettes aux pieds nus » [« Bylo to za časů/děvčátek naboso »], Et tout ici est plein de musique [A tady všude muziky je plno], in Zbyněk Hejda, Poèmes [Básně], Prague, Torst, 1996, p. 106.

[60] « Et les cruelles tendances des fillettes/tellement en travers des petits gosiers des oiseaux qui/ne s’y connaissent pas en jeux. » [« A kruté sklony děvčátek/tak napříč hrdélkům ptáků, kteří/se nevyznají v hrách. »], « La Fillette » [« Děvčátko »], in Ibid., p. 90.

[61] « La fillette/baptise les oiseaux avec l’eau/des proches flaques/et, les prenant dans ses mains,/elle parle avec eux tant et tant/que cela craque dans les petites gorges./Ô, ne pas avoir cette sensation d’étranglement/dans les doigts./Et les pulsions cruelles des fillettes,/en travers des petites gorges des oiseaux qui/ne s’y connaissent pas en jeux. » [« Děvčátko/křtí ptáčky vodou/z okolních loužích/a do ruky je berouc,/tak s nimi rozmlouvá,/že praská v hrdélkách./Ó nemít pocit škrcení/v prstech./A kruté sklony děvčátek/tak napříč hrdélkům ptáků, kteří/se nevyznají v hrách. »], in « La fillette » [« Děvčátko »,] in Ibid., p. 90.

[62] « C’est encore un autre chemin » [« To je zas jiná cesta »], Toute volupté, in Ibid., p. 51-53. Cf. le commentaire de ce poème en 3.3.3.

[63] « C’était du temps/des fillettes aux pieds nus,/troussées jusqu’au ventre,/du temps des neiges/sans traces depuis longtemps,/car du temps des routes/de nulle part vers nulle part. » [« Bylo to za časů/děvčátek naboso,/pod bříška vyhrnutých,/za sněhů/dávno bez šlapot,/protože za cest/odnikud nikam. »], in « Là, en bas » [« Tam, dole »], Ibid., p. 106 ; trad. Petr Král, in La poésie tchèque en fin de siècle, Namur, 1999 ; repris in Petr Král, Anthologie de la poésie tchèque contemporaine 1945-2000, Poésie/Gallimard, 2002.

[64] « Là/ceinture iliaque d’une forêt/et en bas… » [« Tam/kyčelní pás lesa/a dole... »], in « Là, en bas » [« Tam, dole »], Ibid., p. 106 ; trad. Petr Král, in La poésie tchèque en fin de siècle, Namur, 1999 ; repris in Petr Král, Anthologie de la poésie tchèque contemporaine 1945-2000, Poésie/Gallimard, 2002.

[65] « C’était du temps/des fillettes aux pieds nus,/troussées jusqu’au ventre (…)/Là,/prunelles d’yeux aveugles/en leurs chiffons suintants. » [« Bylo to za časů/děvčátek naboso,/pod bříška vyhrnutých (…)/Tam/slepé panenky očí,/v hadříčkách promokvaných. »], in « Là, en bas » [« Tam, dole »], Ibid., p. 106 ; trad. Petr Král, in La poésie tchèque en fin de siècle, Namur, 1999 ; repris in Petr Král, Anthologie de la poésie tchèque contemporaine 1945-2000, Poésie/Gallimard, 2002.

[66] Oh combien différente de celle de Jaroslav Seifert : « Qu’est-il de plus beau sur terre/que les petites filles./Déjà, lorsqu’elle naissent, elles sentent bon la pomme/enrobée de miel et de lait.//Cela lorsqu’elles sont toute petites, jusqu’à trois ans à peu près,/puis leur peau devient dorée/et une ombre à peine visible/commence à esquisser leur innocence.//Elles sourient, encore ingénues,/et la vague qui traverse le corps/s’arrêtera à ses sommets/et n’en bougera plus.//Depuis ce moment, elles rougissent désormais,/mais lors des jeux d’enfants,/leurs poupées jouent encore avec elles/et les forcent à plisser les yeux.//Mais alors, leur peau/commence à sentir bon comme la feuille écrasée/du doux érable. Et lorsque, furtivement, elles regardent en arrière,/leur cœur se met à battre. » [« Co je krásnějšího na zemi/než malé dívky./Už když se narodí, voní jak jablko/polité medem a mlékem.//A to jsou maličké, tak do tří let,/pak jejich pokožka zezlátne/a neznatelný stín/počíná kreslit jejich nevinnost.//Usmívají se, dosud bezelstně,/a vlna, která prolne tělem,/zastaví se pak na svých vrcholcích/a už se nepohne.//Od té chvíle se již červenají,/ale při dětských hrách/panenky jejich si ještě hrají s nimi/a nutí je přivírat oči.//To už však jejich pleť/počíná vonět jako rozdrcený list/sladkého javoru. A když se ohlédnou,/rozbuší se jim srdce. »], Jaroslav Seifert, « Chanson sur les petites filles » [« Píseň o malých dívkách »], Le Concert sur l’île [Koncert na ostrově], Čs. Spisovatel, 1965.

[67] « A la craie, la fillette travaille cependant/à la compréhensibilité des murs. » [« Děvčátko zatím křídou pracuje/na srozumitelnosti zdí. »], in « Lorsque la fillette de novembre » [« Když listopadové děvčátko »], Et tout ici est plein de musique, in Zbyněk Hejda, Poèmes [Básně], Prague, Torst, 1996, p. 96.

[68] « Personne ne voulait se brûler les doigts/et il n’y avait pas de souffle. » [« Nikdo si nechtěl spálit prsty/a dechu nebylo. »], in « Les brumes » [« Mlhy »], Ibid., p. 94-95.

[69]  « La Ruée des souris » [« Myší horečka »], Ibid., p. 103-104.

[70] « Nous tous par deux. Ô nous, à genoux/juste peut-être face au miracle des ventres./Juste peut-être dans le lit, voilé du lange/des petites âmes des enfants non-voulus. » [« My všichni po dvou. Ó my na kolenou/leda tak ještě nad zázrakem břich./Leda tak v loži, zacloněném plenou/z dušiček dětí nechtěných. »], in « Que de choses ici » [« Je tady věcí »], Et tout ici est plein de musique [A tady všude muziky je plno], in Ibid., p. 88. C’est nous qui soulignons.

[71] « Cependant, même aux cimetières, il est des printemps,/des printemps tels que l’oiseau grince,/qu’il est nécessaire de dissimuler la petite voûte du ventre/derrière quelque ouvrage à l’aiguille./Il est des printemps. Il est des printemps,/de printemps tels que, dans les mains/des faiseuses d’ange, il fleurit… » [« Leč jsou i na hřbitovech jara,/taková jara, že vrzne pták,/klenbičku břicha že třeba zakrývat/nějakou ruční prací.//Jsou jara. Jara jsou,/taková jara, že v rukou/andělíčkářkám začne kvést… »], in « Lorsque la fillette de novembre » [« Když listopadové děvčátko »], Ibid., p. 96.

[72] « Děvčátka tenkrát v záclonách/uškrcená./Okolo modrých úst/nastřádaná věna./Radosti po troškách nasbírané,/rubášky na míru příštích věcí seprané,/radosti za celý život svěřené/úsměvu nehybnému v té tváři zteřené. », in « C’était en rêve » [« Bylo to ve snu »], Ibid., p. 101-102. A cette image fait écho celle des demoiselles d’honneur pendues aux arbres dans « Les Fillettes » : « Et en route pour l’école,/rencontrer les fêtes de brumes,/les demoiselles d’honneur, dans les arbres,/qui pendent flasquement. » [« A cestou do školy/potkávat slavnosti mlh,/důžičky se stromů/splihle visící. » (« Les fillettes » [« Děvčátka »], Ibid., p. 105).

[73] « Ruce oběšence ptáky nepřivolají,/zdálky pták vyhne se jim./Vždycky je tu strom, co zbyl tu po ráji,/o němž jen ten strom vím.//Z dětství vyhnali nás slepé/o holi, jíž se derem do klínů./O chlup jen je tam lépe/v tu vteřinu. », « Les mains du pendu n’attirent pas les oiseaux » [« Ruce oběšence ptáky nepřivolají »], Proximités de la mort [Blízkosti smrti], in Zbyněk Hejda, Poèmes [Básně], Prague, Torst, 1996, p. 128.

[74] « Sur quoi, le Croupissant,/l’un d’entre nous,/pétrissant le sein d’une statue,/ tombé hors de l’auberge/et rampant, se mit à jouer/de la varice,/disant qu’il avait connu le sein vivant/encore avant que n’ait parlé/l’Allongé, d’en bas. » [« A na to Skrčenec,/jeden z nás,/jenž drtí ňadro sochy,/z hospody vypadnuv/a belhaje se, hrál/na žíly křečové,/že živé ňadro znal,/ještě než promluvil/ten Natažený zdola. »], in « La Ruée des souris » [« Myší horečka »], Et tout ici est plein de musique [A tady všude muziky je plno], in Zbyněk Hejda, Poèmes [Básně], Prague, Torst, 1996, p. 103-104. Hejda a déjà désigné le mort par sa position d’homme allongé dans « Même allongé » : « Lorsque Sisyphe quittera son sort,/lorsqu’il abandonnera sa pierre et s’en ira librement,/laissant dans les traces de sa marche/son immortalité/goutte après goutte,/et lorsqu’il se sera soulagé,/les oiseaux/peuvent bien/la boire,/derrière le premier horizon,/déjà, l’attend la mort. (…)/Même allongé,/il ne pourra fuir sa pierre,/même couché,/il ne peut échapper au mouvement/entre le creux et la cime/de la montagne. » [« Až Sisifos vyjde z údělu,/opustí kámen a vyjde do svobody,/ve stopách chůze své/zanechávaje nesmrtelnost/kapku po kapce,/a až si ulehčí,/ať si ji/vypijí/ptáci,/za prvním obzorem/už na něj čeká smrt. (…)/Ani natažený/neujde svému kameni,/ani vleže/neujde pohybu/mezi úpatím a vrcholem/hory. »] (« Même allongé » [« Ani natažený »], in Toute volupté [Všechna slast], in Zbyněk Hejda, Poèmes [Básně], Prague, Torst, 1996, p. 72-73). On peut penser également aux « vivants déjà mourants » de « Car il n’y a pas à avoir peur des morts » : « Il n’y a pas à avoir peur des morts,/tant qu’il ne se faufilent pas dans nos chambres à coucher,/mais même les creux dans les matelas/nous forcent à coucher comme eux aussi ont couché,/mon Dieu, même allongé, être prédestiné/par ceux qui devraient être à la brocante/comme leurs chambres à coucher et leurs tables de toilette (…) » [« Mrtvých se nemusíme bát,/jen když se nevtírají do ložnic,/jenže i důlky v matracích/nutí nás ležet, jakož i oni líhávali,/můj Bože, i vleže být předurčen/těmi, kdo patří do starého krámu/jako jejich ložnice a toaletní stolky (…) »] (« Car il n’y a pas à avoir peur des morts » [« Ježto se mrtvých nemusíme bát »], in Ibid., p. 54-55). Enfin, cet Allongé peut aussi être le narrateur de « Chers survivants » : « Chers survivants,/dit celui qui était mort (…) » [« Drazí pozůstalí,/řekl ten, který zemřel (…) »] (« Chers survivants » [« Drazí pozůstalí »], in Ibid., p. 74-76).

[75] « Les hommes recherchent les statues de marbres/et dans leurs bras/se sentent les maîtres des canicules. » [« Muži vyhledávají mramorové sochy/a v jejich objetí/se cítí pány veder. »], in « Durant l’été 1959 » [« V létě 1959 »], Et tout ici est plein de musique [A tady všude muziky je plno], in Zbyněk Hejda, Poèmes [Básně], Prague, Torst, 1996, p. 89.  ; « Sur quoi, le Croupissant,/l’un d’entre nous,/pétrissant le sein d’une statue,/ tombé hors de l’auberge/et rampant, se mit à jouer/de la varice,/disant qu’il avait connu le sein vivant/encore avant que n’ait parlé/l’Allongé, d’en bas. » [« A na to Skrčenec,/jeden z nás,/jenž drtí ňadro sochy,/z hospody vypadnuv/a belhaje se, hrál/na žíly křečové,/že živé ňadro znal,/ještě než promluvil/ten Natažený zdola. »], in « La Ruée des souris » [« Myší horečka »], in Ibid., p. 103-104 ; « Chacun seul,/près de la table de la brasserie,/de la paume,/soutient sa tête,/comme s’il voulait soutenir son affaissement./Quelle paume/devrais-tu tendre contre le destin/dès le ventre de ta mère./Mais le destin/coule/à travers les doigts tendus. » [« Každý sám/u stolu hospody/dlaní/podpírá hlavu,/jako by chtěl/podepřít sesouvání./Jakou dlaň/bys to musel nastavit osudu/už v břiše matky./Ale osud/skrz nastavené prsty/protéká. »], in « Na skutečnou událost » [« A l’occasion d’un réel évènement »], Toute volupté [Věechna slast], in Zbyněk Hejda, Poèmes [Básně], Prague, Torst, 1996, p. 62-63. Cf. le commentaire de ce poème en 3.3.9.

[76] « Jen kanály,/ty se ještě chvějí,/neb myší prý/je bohudíky dost. », in La Ruée des souris » [« Myší horečka »], Et tout ici est plein de musique [A tady všude muziky je plno], in Zbyněk Hejda, Poèmes [Básně], Prague, Torst, 1996,  p. 104.

[77] « Dans le recueil Toute volupté, ainsi que dans le livre suivant, Proximités de la mort, Hejda nous amène dans la contrée phantomatique de la ruine et du déclin, où le monde des morts se fond avec le monde de ceux qui sont encore vivants. On y trouve les personnages traditionnels de la campagne – l’équarisseur, l’idiot du village, le fossoyeur, les musiciens, les demoiselles d’honneur, les putes et les chiens errants – se forme ainsi une sorte de cruel mythe rural. » [« Ve sbírce Všechna slast i v následující knize Blízkosti smrti nás Hejda přivádí do přízračné krajiny zmaru a zániku, v níž se svět mrtvých prolíná se světem ještě živých. Vystupují zde tradiční venkovské postavy – ras, obecní blb, hrobník, muzikanti, družičky, děvky a potulní – a vytváří se jakýsi krutý rurální mýtus. »], Vratislav Färber, « Básník blízkosti smrti » [« Le poète de la proximité de la mort »], Revolver Revue, n° 16, 1991, p. 44-46.

[78] « Les couteaux passaient sur les gorges des animaux. » [« Po hrdlech zvířat přejížděly nože. »], in « Et tout ici est plein de musique » [« A tady všude je muziky plno »], Ibid., p. 85.

[79] « Dans la cour le cri des poules./Sur les seuils, du sang dispersé. » [« Na dvorech křik slepic./Po zápražích rozcouraná krev. »], in « Avant la kermesse » [« Před poutí »], Ibid., p. 93 ; trad. Petr Král, in La poésie tchèque en fin de siècle, Namur, 1999 ; repris in Petr Král, Anthologie de la poésie tchèque contemporaine 1945-2000, Poésie/Gallimard, 2002.

[80] Toyen [Marie Čermínová], Le Champ de tir [Střelnice], Prague, František Borový, 1946.

[81] « Un attelage de chevaux./Là-bas, derrière minuit,/où les chevaux henissent,/et de la poussière tombe de leurs crinières/et de leur ventre/ils vomissent leurs entrailles… » [« Pár koní./Až tam za půlnoc,/když zařehtají koně/a z hřív jim padá prach/a z břich/útroby hrnou… »], in « Des horreurs aux alentours » [« Hrůz kolem »], Et tout ici est plein de musique [A tady všuse muziky je plno], in Zbyněk Hejda, Poèmes [Básně], Prague, Torst, 1996, p. 110.

[82] « Derrière la femme/se traînent des chiens errants. » [« Za ženou/se vlekou zběhlí psi. »], in « Avant la kermesse » [« Před poutí »], Ibid., p. 93.

[83] Albert Camus, L’Etranger, Gallimard, 1957. « Et il en est de même avec les faces des animaux. Le chat, appuyé contre l’épaule du fumeur, représenté de face, n’est pas un chat câlin, rendant l’atmosphère de la maison plus agréable, il est le fruit étranger et incompréhensible d’une nature étrangère et incompréhensible. Voilà que nous nous trouvons soudain non loin d’Albert Camus. » [« A stejné je to i s tvářemi zvířat. Kočka, opírající se o rameno kuřáka, zobrazovaného en face, není kočka mazlíček, zpříjemňující domácí ovzduší, je to cizí, nesrozumitelný plod cizí, nesrozumitelné přírody. Ejhle, ocitli jsme se v blízkosti Alberta Camuse. »], Zbyněk Hejda, « Karlík s’était déjà essayé à la graphique il y a des années... » [« S grafikou to Viktor Karlík zkoušel už před léty... »], in Viktor Karlík, Linoleums [Linolea], Prague, à compte d’auteur (Viktor Karlík), 2000 ; repris in Viktor Karlík, Catalogue [Katalog], Galerie Klatovy/Klenová, 2001, p. 98.

[84] « Après quoi, à la surface, remontent/des femmes en robes de mariée. » [« Posléze vyplují na hladinu/ženy v svatebních toaletách. »], in « La ruée des poissons » [« Rybí horečka »], Toute volupté [Všechna slast], in Zbyněk Hejda, Poèmes [Básně], Prague, Torst, 1996, p. 45-46.

[85] « (…) et ne plus rien voir/à travers l’âme qui remonte lentement/à la surface des yeux. » [« (…) a nevidět už nic/skrz duši, která na hladinu očí/pomalu vyplouvá. »], in « Les fillettes » [« Děvčátka »], Et tout ici est plein de musique [A tady všude muziky je plno], in Zbyněk Hejda, Poèmes [Básně], Prague, Torst, 1996, p. 105.

[86] « Une femme se met du gaz./En ce moment, seule, quelque part,/entre les pierres de la meule du moulin de l’âme. » [« Žena si pouští plyn./V té chvíli někde sama/mezi mlýnskými kameny duše. »], in « Le matin » [« Ráno »], Ibid., p. 99-100.

[87] « Elle agitait les bras, marchait le long de la rive,/elle s’agenouilla sur une pierre et accoucha d’une petite fille.// « Veux-tu, ma pâle maman,/que je te pêche quelques petits poissons ? »/-Comment pourrais-tu lancer les filets,/voyons, tu viens de naître !-// « Veux-tu, ma pâle maman,/que je blanchisse mes langes ? »/-Laisse-là les langes, la route est longue,/il est temps que tu te dépêches !-// « La vague cause avec la vague,/veux-tu que je me laisse emporter par l’eau ? »/-Nous nous laisserons emporter par l’eau toutes deux,/nous arrêterons les roues du moulin,/pour que le jeune meunier sache/qui donc l’appelle au jugement de Dieu !- » [« Rukama lomila, po břehu chodila,/na kámen poklekla, dceru porodila.//„ Chceš ty, matičko má bledá,/bych ti rybek nalovila ? “/- jak bys sítě rozhodila,/vždyť ses sotva narodila !//„ Chceš ty, matičko má bledá,/bych si plínek vybílila ? “/- Zanech plínek, dlouhá cesta,/čas, bys sobě popílila ! -//„ Vlna s vlnou v rozhovoru,/mám se po vodě dát dolů ? “/- Po vodě se dáme spolu,/zastavíme mlýnská kola,/aby mladý mlynář věděl,/kdo ho před soud boží volá ! - »], « Ballada stará – stará », in Ballades et romances [Ballady a romance], Poetická beseda, 1883.

[88] « En bas,/mon âme/limace et aveugle. » [« Dole/má duše/slimáčí a slepá. »], in « Là, en bas » [« Tam, dole »], Ibid., p. 106 ; trad. Petr Král, in La poésie tchèque en fin de siècle, Namur, 1999 ; repris in Petr Král, Anthologie de la poésie tchèque contemporaine 1945-2000, Poésie/Gallimard, 2002, p. 170. Il s’agit des vers cité dans Je n’y croiserai personne [Nikoho tam nepotkám], Zbyněk Hejda, Poèmes [Básně], Prague, Torst, 1996, p. 19.

[89] « Trávy přeprchávají a místy/reziví na nich duše podzimu. », in « Les Feuilles appartiennent au paysage » [« Listí patří do krajiny »], Et tout ici est plein de musique [A tady všude muziky je plno], in Zbyněk Hejda, Poèmes [Básně], Prague, Torst, 1996, p. 97-98.

[90] « Une femme se lèvera de l’herbe/et de ses seins blancs : de la fumée,/et dans les yeux quelque chose de vert/qui a poussé là,/ou bien, peut-être, cela tombe/comme de l’eau verte. » [« Zvedne se z trávy žena/a z bílých ňader dým/a v očích něco zeleného,/co narostlo,/nebo jestli to padá/jako zelená voda. »], in « Des horreurs aux alentours » [« Hrůz kolem »], Ibid., p. 110.

[91] « La ruée des poissons » ([« Rybí horečka »], Toute volupté, in Zbyněk Hejda, Poèmes [Básně], Prague, Torst, 1996, p. 45 ; « Pendant l’écoulement de la clepsydre » ([« Za přesýpání hodin »], Ibid., p. 37. Cf. le commentaire en 3.3.5. pour les poèmes « La ruée des poissons » ([« Rybí horečka »], Toute volupté, in Zbyněk Hejda, Poèmes [Básně], Prague, Torst, 1996, p. 45) et « Pendant l’écoulement de la clepsydre » ([« Za přesýpání hodin »], Ibid., p. 37).

[92] « (Nenapadá trocha vody/do těch důlků tady?) », in « Les Fillettes » [« Děvčátka »], Et tout ici est plein de musique [A tady všude muziky je plno], in Zbyněk Hejda, Poèmes [Básně], Prague, Torst, 1996, p. 105.

[93] « Quelque chose se fera entendre/du côté de minuit » [« Něco se ozve/ze strany půlnoční »], in « La Ruée des souris » [« Myší horečka »], Ibid., p. 103-104 ; « Jusque là-bas, derrière minuit » [« Až tam za půlnoc »], in « Des horreurs aux alentours » [« Hrůz kolem »], Ibid., p. 110.

[94] « C’est donc ainsi/que tout s’est fini,/c’est donc ainsi/que tout finira un jour. » [« Tak tedy takhle/to všechno skončilo,/tak tedy takhle/to jednou všechno skončí. »], in « Les fillettes » [« Děvčátka »], Ibid., p. 105.

[95] « C’était du temps/des fillettes aux pieds nus,/retroussées jusqu’aux ventres,/du temps des neiges/depuis longtemps sans traces de pas,/car du temps des routes/allant de nulle part vers nulle part. » [« Bylo to za časů/děvčátek naboso,/pod bříška vyhrnutých,/za sněhů/dávno bez šlápot,/protože za cest/odnikud nikam. »], in « Là, en bas » [« Tam, dole »], Ibid., p. 106 ; trad. Petr Král, in La poésie tchèque en fin de siècle, Namur, 1999 ; repris in Petr Král, Anthologie de la poésie tchèque contemporaine 1945-2000, Poésie/Gallimard, 2002, p. 170. Le motif de la route allant de nulle part vers nulle part sera repris dans « Bêtement, je regarde » ([« Blbě zírám »], Valse mélancolique [Valse mélancolique], in Zbyněk Hejda, Poèmes [Básně], Prague, Torst, 1996, p. 257) d’une façon plus conséquente : l’absence existentielle du but de la route sera étendue à tout sur quoi se pose notre regard. Voir la traduction de ce poème en annexe.

[96] « Dans le paysage de la lune,/la nuit montait. » [« V krajině luny/vycházela noc. »], in « Variation sur Gellner » [« Variace na Gellnera »], Et tout ici est plein de musique [A tady všude muziky je plno], in Zbyněk Hejda, Poèmes [Básně], Prague, Torst, 1996, p. 107. Le choix de mot « luna » au lieu de « měsíc » n’est bien entendu pas fortuit : il est dicté par sa ressemblance phonique avec le mot « lůno » (le giron) – cf. « La lune de Mácha, la lune pleine !/L’éternelle faim des entrailles!/C’est maintenant, ce n'est que maintenant que je me sépare pleinement du giron/au son de l’air grinçant des fermetures des portails. » [« Máchova luna, luna úplná!/Po lůně věčný hlad!/Teprve teď, teprve až teď se úplně oddělím od lůna/za skřípavé hudby zavíraných vrat. »], in « Souvenir sur Mácha et Josef Šíma » [« Vzpomínka na Máchu a Josefa Šímu »], Valse mélancolique [Valse mélancolique], in Zbyněk Hejda, Poèmes [Básně], Prague, Torst, 1996, p. 283. Voir la traduction de ce poème en annexe.

[97] « A la manière du bétail » [« Po způsobu dobytčat »], in Zbyněk Hejda, Toute volupté [Všechna slast], in Poèmes [Básně], Prague, Torst, 1996, p. 58-59

[98] « L’homme à l’oiseau mort » [« Muž s mrtvým ptákem »], Ibid., p. 111-120.

[99] « Et ensuite,/quelqu’un avec une hache/se rapproche/et puis,/alors qu’il croît à travers la plaie,/il se fond avec le ciel. » [« A potom/někdo se sekyrou/jde blíž/a pak,/jak vzrůstá k ráně,/splyne s oblohou. »], in « Des horreurs aux alentours » [« Hrůz kolem »], Et tout ici est plein de musique [A tady všude muziky je plno], in Zbyněk Hejda, Poèmes [Básně], Prague, Torst, 1996, p. 110.

[100] « Sur quoi, le Croupissant,/l’un d’entre nous,/pétrissant le sein d’une statue,/ tombé hors de l’auberge/et rampant, se mit à jouer/de la varice,/disant qu’il connaissait le sein vivant/encore avant que ne parle/l’Allongé, d’en bas. » [« A na to Skrčenec,/jeden z nás,/jenž drtí ňadro sochy,/z hospody vypadnuv/a belhaje se, hrál/na žíly křečové,/že živé ňadro znal,/ještě než promluvil/ten Natažený zdola. »], in « La Ruée des souris » [« Myší horečka »], Ibid., p. 103-104.

[101] « (…) comme coupés en deux et comme si, dans le tronc/d’un arbre coupé, un oiseau nous avait encore entendu. » [« (…) jakoby stínáni a jako by nás v kmeni/podřezaného stromu ještě zaslechl pták. »], in « Ainsi, nous sommes là » [« A tak tu jsme »], Ibid., p. 86.

[102] « (…) deux personnes ont la tête levée,/entre eux et les étoiles, les chaînes/des pluies. » [« (...) dva lidé mají hlavy zdviženy,/mezi nimi a hvězdami řetězy/dešťů. »], in « Les feuilles appartiennent au paysage » [« Listí patří do krajiny »], Ibid., p. 97-98.

[103] « Les fillettes/demeurent dans les caves humides/de leur désir. » [« Děvčátka/ve vlhkých sklepích/své touhy přebývají. »], in « Les Fillettes » [« Děvčátka »], Ibid., p. 105.

[104] « Des horreurs aux alentours, autant de flammes/des bougies sur le pré en fleurs. » [« Hrůz kolem jako zapálených/svic na kvetoucí louce. »], in « Des horreurs aux alentours » [« Hrůz kolem »], Ibid., p. 110.

[105] « (…) La rue s’est faite silencieuse/de sorte/que l’on pouvait entendre le souffle de l’univers./Nous, dans nos pardessus,/en ce temps inopportun,/et les têtes tranchées/par nos cols relevés haut,/nous marchions de par cet univers.//Très seuls. » [« (…) Ulice ztichla/tak,/že bylo slyšet, kterak vesmír vane./My ve svých zimníčcích,/v čas nechodný,/a hlavy zutínané/vysoko zdviženými límci,/tím vesmírem jsme šli.//Velice sami. »], « Reproches » [« Výčitky »], Oldřich Mikulášek, Sentences et grâces [Ortely a milosti], Čs. Spisovatel, 1958. C’est nous qui soulignons. Cf. par exemple : « Et en même temps, à l’époque, je ne devais pas encore avoir lu un seul des livres de Mikulášek, mais j’avais découvert plusieures de ses poésies, séparément, dans les revues que je lisais alors, par exemple, dans Blok, je pense, il y avait la poésie Dialogue de fous et une fois, dans Lidovky, je suis tombé sur une poésies qu’il a ensuite incorporée au recueil Sentences et grâces et qui se termine par les vers : « Nous, dans nos pardessus,/en ce temps inopportun,/et les têtes tranchées/par nos cols relevés haut,/nous marchions de par cet univers.//Très seuls. » Ces quelques poésies de Mikulášek que j’ai lues dans les revues m’ont fait beaucoup d’effet. Je pense qu’aucun de ses livres après ne m’a fait autant d’effet que ces poésies prises séparément. » [« Přitom jsem v té době možná ani žádnou Mikuláškovu knihu ještě nečetl, ale setkal jsem se s jednotlivými básničkami v časopisech, které jsem tenkrát četl, například v Bloku to tuším byla báseň Rozhovor bláznů a jednou jsem v Lidovkách narazil na jeho básničku, kterou potom otiskl v knížce Ortely a milosti a která končila verši: « My ve svých zimníčcích,/v čas nevhodný,/a hlavy zutínané/vysoko zdviženými límci,/tím vesmírem jsme šli.//Velice sami. » Těch několik básniček, které jsem četl z Mikuláška v časopisech, na mě velmi zapůsobilo. Myslím, že už potom žádná knížka ne tolik jako ty jednotlivé básně. »], in Vratislav Färber, « Nommer les choses de la façon la plus précise possible » [« Pojmenovat co nejpřesněji »], Proglas 7, n° 3, 1996, p. 45-47.

[106] « Otevřel jsem okno i dveře,/okno na chodbě i dveře na chodbě,/aby byl průvan./Vzduch zkameněl. », in « Durant l’été 1959 » [« V létě 1959 »], Et tout ici est plein de musique [A tady všude muziky je plno], in Zbyněk Hejda, Poèmes [Básně], Prague, Torst, 1996, p. 89.

[107] « J’ai ouvert la fenêtre ainsi que la porte,/la fenêtre du couloir ainsi que la porte du couloir,/pour faire un courant d’air./L’air est devenu pierre./La bouteille de lait caillé/derrière la fenêtre. » [« Otevřel jsem okno i dveře,/okno na chodbě i dveře na chodbě,/aby byl průvan./Vzduch zkameněl./Láhev zkysalého mléka/za oknem. »], in « Durant l’été 1959 » [« V létě 1959 »], Ibid., p. 89.

[108] « Ticho se protrhává. Praská to v něm,/jako by třeno bylo/na náboj slova. », in « Les feuilles appartiennent au paysage » [« Listí patří do krajiny »], Ibid., p. 97-98.

[109] « Les hommes recherchent les statues de marbres/et dans leurs bras/se sentent les maîtres des canicules. » [« Muži vyhledávají mramorové sochy/a v jejich objetí/se cítí pány veder. »], in « Durant l’été 1959 » [« V létě 1959 »], Et tout ici est plein de musique [A tady všude muziky je plno], Ibid., p. 89 ; « Sur quoi, le Croupissant,/l’un d’entre nous,/pétrissant le sein d’une statue,/ tombé hors de l’auberge/et rampant, se mit à jouer/de la varice,/disant qu’il connaissait le sein vivant/encore avant que ne parle/l’Allongé, d’en bas. » [« A na to Skrčenec,/jeden z nás,/jenž drtí ňadro sochy,/z hospody vypadnuv/a belhaje se, hrál/na žíly křečové,/že živé ňadro znal,/ještě než promluvil/ten Natažený zdola. »], in « La Ruée des souris » [« Myší horečka »], Ibid., p. 103-104.

[110] « Všechna unavená srdce se dusí/v hrdle sopek. », in « Durant l’été 1959 » [« V létě 1959 »], Ibid., p. 89.

[111] « Rien qu’en marchant, il n’est pas d’échappatoire de cette immobilité. » [« Z této nehybnosti není úniku chůzí »], « Les feuilles appartiennent au paysage » [« Listí patří do krajiny »], Ibid., p. 97.   

[112] « Marcela,/un ange nous a tendu une route, une autre/route se rue en nous. » [« Marcelo,/anděl nám nastavil cestu, jiná/cesta se do nás dere. »], in « Les feuilles appartiennent au paysage » [« Listí patří do krajiny »], Ibid., p. 97-98.

[113] « Aujourd’hui ouverte comme la lumière,/tu comprendras les ténèbres qui nous entourent./Elles, lorsqu’elles décroissent,/c’est qu’elles pénètrent en nous. » [« Dnes otevřená jako světlo,/pochpoíš okolní tmu./Té ubývá-li,/ubývá jí do nás. »], in « La Ruée des souris » [« Myší horečka »], Ibid., p. 103-104.

[114] « Byl jsem u zubaře, vytrhl mi zas jeden zub a já jsem utrmácený, ne tolik z toho cloumání dásněmi a hlavou, spíš z toho ubývání. », in « Tiré d’une lettre » [« Z dopisu »], Ibid., p. 109.

[115] « Sur quoi, le Croupissant,/l’un d’entre nous,/pétrissant le sein d’une statue,/ tombé hors de l’auberge/et rampant, se mit à jouer/de la varice,/disant qu’il avait connu le sein vivant/encore avant que n’ait parlé/l’Allongé, d’en bas. » [« A na to Skrčenec,/jeden z nás,/jenž drtí ňadro sochy,/z hospody vypadnuv/a belhaje se, hrál/na žíly křečové,/že živé ňadro znal,/ještě než promluvil/ten Natažený zdola. »], in « La Ruée des souris » [« Myší horečka »], Ibid., p. 103-104

[116] « A la fin, n’entendre/plus que l’horloge/et les voix hurlantes/de ceux qui sont autour,/et ne plus rien voir/à travers l’âme qui remonte lentement/à la surface des yeux. » [« Nakonec už jen/slyšet hodiny/a řvoucí hlasy/těch, co jsou okolo,/a nevidět už nic/skrz duši, která na hladinu očí/pomalu vyplouvá. »], in « Les Fillettes » [« Děvčátka »], Ibid., p. 105.

[117] « Là,/prunelles d’yeux aveugles/en leurs chiffons suintants./En bas,/mon âme,/limace et aveugle. » [« Tam/slepé panenky očí,/v hadříčkách promokvaných./Dole/má duše/slimáčí a slepá. »], in « Là, en bas » [« Tam, dole »], Ibid., p. 106 ; trad. Petr Král, in La poésie tchèque en fin de siècle, Namur, 1999 ; repris in Petr Král, Anthologie de la poésie tchèque contemporaine 1945-2000, Poésie/Gallimard, 2002, p. 170.

[118] « Víčka v tom chvatu/zapomenou na oči. », in « Le matin » [« Ráno »], Et tout ici est plein de musique [A tady všude muziky je plno], in Zbyněk Hejda, Poèmes [Básně], Prague, Torst, 1996, p. 99-100.

[119] « Dva lidé vystupují z vlaku./Malé venkovské nádraží a jen my dva./Beru za ruku svou samotu/a nejsem schopen pláče. », in « Les feuilles appartiennent au paysage » [« Listí patří do krajiny »], Ibid., p. 97-98. Cf. Je n’y croiserai personne [Nikoho tam nepotkám], in Ibid., p. 22-23 : « Et ce n’est pas un don, c’est un sort qu’il faut porter, personne ne peut vous tendre la main, ni l’épouse, ni l’ami, pas même ma sœur, si j’avais une sœur, ne pourrait me tendre la main. C’est un chemin, plein de signes obscurs, incompréhensibles comme la vie elle-même. Pas même maman ne peut me tendre la main pour m’aider. » [« A není to dar, ten úděl se musí nést, ale není nikdo, kdo by řekl ano, ani žena, ani přítel, ani milenka, nikdo vám nemůže podat ruku, ani sestra, kdych měl sestru, nemohla by mi podat ruku. Je to cesta, plná temných znamení, nesrozumitelných jako život sám. Ani maminka mi nemůže podat pomocnou ruku. »].

[120] « Ainsi, ça s’est ébruité. » [« Tak se to rozkřiklo. »], in « Les Brumes » [« Mlhy »], Et tout ici est plein de musique [A tady všude muziky je plno], in Ibid., p. 94-95.

[121] « Là, en bas » [« Tam, dole »], Ibid., p. 106 ; trad. Petr Král, in La poésie tchèque en fin de siècle, Namur, 1999 ; repris in Petr Král, Anthologie de la poésie tchèque contemporaine 1945-2000, Poésie/Gallimard, 2002, p. 170.

[122] « Goût de perles. Lits jamais refaits./Sur les oreillers,/les empreintes des têtes. » [« Chuť perel. Nikdy neustláno./Na polštářích/otisky hlav. »], in « Les Fillettes » [« Děvčátka »], Et tout ici est plein de musique [A tady všude muziky je plno], in Zbyněk Hejda, Poèmes [Básně], Prague, Torst, 1996, p. 105.

[123] « Quelque oiseau de nuit/se ménageait pour pouvoir vivre. » [« Šetřil se pro život/nějaký noční pták. »], in « Variation sur Gellner » [« Variace na Gellnera »], Ibid., p. 107.

[124] « Je mnoho utrpení/ukryto za slovem/a mlčí », in « Avant la kermesse » [« Před poutí »], Ibid., p. 93 ; trad. Petr Král, in La poésie tchèque en fin de siècle, Namur, 1999 ; repris in Petr Král, Anthologie de la poésie tchèque contemporaine 1945-2000, Poésie/Gallimard, 2002. Le motto de Toute volupté est : « Comment décrire simplement ces salles de palais,/où a lieu le grand bal de formidables monstres,/mais où il n’est pas assez de place pour une poupée d’enfant ? » [« Jak vylíčit prostě ony palácové síně,/kde se koná velký ples nesmírných oblud,/kam se však nevejde dětská panenka? »], Toute volupté [Všechna slast], in Zbyněk Hejda, Poèmes [Básně], Torst, 1996, p. 33.

[125] « Une pièce de monnaie dans ce qui était/la bouche,/là où, d’habitude,/tu chercherais la langue./Mais tu ne saurais la trouver./La pièce enfoncera/toute parole,/elle l’obstruera (…) » [« Mince v ústech/bývalých,/tam, kde bys popaměti/hledal jazyk./Nedohledáš se./Mince zatíží/všechnu řeč,/zavalí ji (…) »], in « Un peu d’archéologie » [« Z archeologie »], Ibid., p. 91.

[126] « Zblblý tak dlouhým utrpením/s úlevou kdekomu na potkání říkám,/že se mám dobře. », in « De si paisibles couchers de soleil » [« Západy slunce tak mírné »], Lady Feltham [Lady Felthamová], in Ibid., p. 217 ; trad. française par Erika Abrams, Lady Feltham, Paris, Orphée/La Différence, 1989, p. 84-87.

[127] « Si seulement quelqu’un pouvait dire : oui, oui,/mais que nous sont/toutes ces voix derrière les portes,/ ce marmonnement incompréhensible et ces cris. » [« Kdyby někdo řekl: ano, ano,/ale co nám sjou platny/hlasy za dveřmi,/to nesrozumitelné mulmání a řev. »], in « Les feuilles appartiennent au paysage » [« Listí patří do krajiny »], Ibid., p. 97-98 ; « A la fin, n’entendre/plus que l’horloge/et les voix hurlantes/de ceux qui sont autour,/et ne voir plus rien/à travers l’âme qui remonte lentement/à la surface des yeux. » [« Nakonec už jen/slyšet hodiny/a řvoucí hlasy/těch, co jsou okolo,/a nevidět už nic/skrz duši, která na hladinu očí/pomalu vyplouvá. »], in « Les Fillettes » [« Děvčátka »], Ibid., p. 105.

[128] « A byla slyšet první slova,/že někdo vyškytal/nás na svět z opilosti,/není tedy, proč bychom se báli,/my jen tak mimoděk,/my vyháněný plod,/my, že nás někdo řek/právě, když něco zamlčoval. », in « Les Brumes » [« Mlhy »], Ibid., p. 94-95.

[129] « C’était du temps/des fillettes aux pieds nus,/troussées jusqu’au ventre,/du temps des neiges/sans traces depuis longtemps,/car du temps des routes/de nulle part vers nulle part. » [« Bylo to za časů/děvčátek naboso,/pod bříška vyhrnutých,/za sněhů/dávno bez šlápot,/protože za cest/odnikud nikam. »], in « Là, en bas » [« Tam, dole »], Ibid., p. 106 ; trad. Petr Král, in La poésie tchèque en fin de siècle, Namur, 1999 ; repris in Petr Král, Anthologie de la poésie tchèque contemporaine 1945-2000, Poésie/Gallimard, 2002.

[130] « C’était en rêve et moi,/entassé par mes vallées/au pied du sommeil./Puis,/un bout d’étoile s’est décroché/et moi j’y pensais:/un bout d’étoile s’est décroché/et vers nulle part… » [« Bylo to ve snu a já/svými údolími natěsnán/na úpatí spánků./Pak/kus hvězdy se utrhlo/a já jsem na to myslel,/jak se kus hvězdy utrhne/a nikam… »], in « C’était en rêve » [« Bylo to ve snu »], Et tout ici est plein de musique [A tady všude muziky je plno], in Zbyněk Hejda, Poèmes [Básně], Torst, 1996, p. 101-102.

[131] « Rození nicoty (…) », in « Variation sur Gellner » [« Variace na Gellnera »], Ibid., p. 107.

[132] « Tak lepkavě se může také počít mlha,/mlha, jež stoupá z postelí,/mlha jemných pleťových žilek,/když stoupá,/dech mrtvých ptáků/na dnech údolí./To je ta mlha/nad pářením savců,/to je ta mlha/zatajená v snech,/to je ta mlha/v krvavých očích dravců,/to je ta mlha mech. », in « Les Brumes » [« Mlhy »], Ibid., p. 94-95. La traduction ne rend pas ici la musicalité du texte. Ce poème, par son côté de mise en scène d’un jugement universel, par ses formulations impersonnelles, n’est pas sans rappeler « Le Crieur » [« Vyvolavač »] de Mikulášek (Sentences et grâces [Ortely a milosti], Čs. Spisovatel, 1958).

[133] « Slavnosti mlh », in « Les Fillettes » [« Děvčátka »], Et tout ici est plein de musique, in Zbyněk Hejda, Poèmes [Básně], Torst, 1996, p. 105.

[134] « Du lointain s’en vient la fumée/des musiques funéraires. » [« Zdálky sem doutná/hudba pohřební. »], in « Des horreurs aux alentours » [« Hrůz kolem »], Ibid., p. 110.

[135] « Ainsi, tout ici est plein de musique,/venant comme des anges morts, comme de partout./Comme lorsque, du trop-plein de musique, le giron éclate,/comme lorsqu’on commence à jouer dans les auberges. » [« Tak tady všude muziky je plno,/jak z mrtvých andělů, jak odevšad./Jako když samou hudbou praskne lůno,/jako když začnou po hospodách hrát. »], in « Et tout ici est plein de musique » [« A tady všude muziky je plno »], Ibid., p. 85. C’est nous qui soulignons.

[136] « Sur les gorges des animaux, des couteaux passaient./Que de musique ! » [« Po hrdlech zvířat přejížděly nože./Té muziky! »], in « Et tout ici est plein de musique » [« A tady všude muziky je plno »], Ibid., p. 85 ; « Dans les cours, le cri des poules./Sur les seuils, du sang, répandu par les pas. » [« Na dvorech křik slepic./Po zápražích rozcouraná krev. »], in « Avant la kermesse » [« Před poutí »], Ibid., p. 93 ; trad. Petr Král, in La poésie tchèque en fin de siècle, Namur, 1999 ; repris in Petr Král, Anthologie de la poésie tchèque contemporaine 1945-2000, Poésie/Gallimard, 2002.

[137] « Té muziky ! A bez hlásku ! », in « Et tout ici est plein de musique » [« A tady všude muziky je plno »], Et tout ici est plein de musique [A tady všude muziky je plno], in Zbyněk Hejda, Poèmes [Básně], Torst, 1996, p. 85.

[138] « Ainsi, tout ici est plein de musique,/venant comme des anges morts, comme de partout./Comme lorsque, du trop-plein de musique, le giron éclate,/comme lorsqu’on commence à jouer dans les auberges. » [« Tak tady všude muziky je plno,/jak z mrtvých andělů, jak odevšad./Jako když samou hudbou praskne lůno,/jako když začnou po hospodách hrát. »], in « Et tout ici est plein de musique » [« A tady všude muziky je plno »], Ibid., p. 85. C’est nous aui soulignons.

[139] « C’est ainsi que cela grincera. La musique, on n’en manque/pas ici. Ici, sans un souffle,/le bois (d’arbres qui s’ennuient) travaille/à des cercueils. Que pour l’écoute pour l’instant. » [« A tak to vrzne. O muziku nouze/není tu. Tady bez dechu/pracuje dřevo (stromů, jimž je dlouze)/na rakvích. Zatím k poslechu. »], in « Ainsi, nous sommes là » [« A tak tu jsme »], Ibid., p. 86 ; « Cependant, même aux cimetières, il est des printemps,/des printemps tels que l’oiseau grince,/qu’il est nécessaire de dissimuler la petite voûte du ventre/derrière quelque ouvrage à l’aiguille. » [« Leč jsou i na hřbitovech jara,/taková jara, že vrzne pták,/klenbičku břicha že třeba zakrývat/nějakou ruční prací. »], in « Lorsque la fillette de novembre » [« Když listopadové děvčátko »], Ibid., p. 96.

[140] « (…) jen hudba vesmírem že duje/z otevřených klínů. », in « Il faisait déjà sombre dans les feuilles », in « L’homme à l’oiseau mort » [« Muž s mrtvým ptákem »], Ibid., p. 119-120.

[141] Otokar Březina, Hudba pramenů, Symposion, 1903. Cf. : « Face à la musique de Březina se tient le flonflon de Hejda, et ce changement de sens caractérise pleinement ses vers ainsi que son sens pour les cruels paradoxe de la vie (…). » [« Proti březinovské hudbě stojí Hejdova muzika a tento významový posun plně charakterizuje ladění jeho veršů, stejně jako smysl pro kruté paradoxy života (…). »], in Bohumil Doležal (signé –bd–), « La poésie prise hors contexte » [« Poesie mimo kontext »], Tvář, année 2, n° 2, 1965, p. 39-40.

[142] « Sur les gorges des animaux, des couteaux passaient./Que de musique ! Et sans le moindre filet de voix ! » [« Po hrdlech zvířat přejížděly nože./Té muziky! A bez hlásku! »], in « Et tout ici est plein de musique » [« A tady všude muziky je plno »], Zbyněk Hejda, Poèmes [Básně], Torst, 1996, p. 85 ; « C’est ainsi que cela grincera. La musique, on n’en manque/pas ici. Ici, sans un souffle,/le bois (d’arbres qui s’ennuient) travaille/à des cercueils. Que pour l’acoute pour l’instant. » [« A tak to vrzne. O muziku nouze/není tu. Tady bez dechu/pracuje dřevo (stromů, jimž je dlouze)/na rakvích. Zatím k poslechu. »], in « Ainsi, nous sommes là » [« A tak tu jsme »], Ibid., p. 86.

[143] « Et c’est là mon enfer. » [« A to je moje peklo. »], in Je n’y croiserai personne [Nikoho tam nepotkám], in Ibid., p. 25.

[144] Blaise Pascal, Pensées, fragment 185.

[145] « La sensation et l’expérience du néant et de l’absence de sens de tout font partie des expériences fondamentales de notre époque, bien qu’elles aient été formulées depuis longtemps dans la fameuse question de Pascal. La possibilité des « étonnantes démarches » de Pascal est devenue un défi pour la pensée ainsi que pour la poésie, ainsi qu’en témoigne plus d’un aveu poétique. Zbyněk Hejda, lui aussi, semble avoir entendu ce défi et tenté, à travers sa nouvelle poésie, de transformer son regard fixe portant sur le déclin en une compréhension du néant en tant que forme de l’éternel, et d’entrouvrir ainsi la porte à l’espoir qui « peut-être, un jour, m’éclaircira lui aussi ». » [« Prožitek a zkušenost ničeho i absence smyslu všeho je jednou z podstatných zkušeností naší doby, i když ji už dávno předjala slavná Pascalova otázka. Možnost Pascalova « děsivého kroku » se stala výzvou pro myšlení i poezii, jak o tom svědčí nejedna básnická výpověď. I Zbyněk Hejda jako by tuto výzvu zaslechl a svou novou poezií se pokusil svou utkvělost ve zmaru proměnit v pochopení nicoty jako podoby věčného, a tak aspoň pootevřít dveře k naději, která « mi třeba jednou taky svitne ». »], Jaroslav Med, « Du désespoir à la pitié » [« Od beznaděje k lítosti »], Literární noviny, année 7, le 16. 10. 1996, p. 5. La poème cité est « (Peut-être un jour, moi aussi, y verrai-je clair) » [« Třeba mi jednou taky svitne »], Valse mélancolique [Valse mélancolique], in Zbyněk Hejda, Poèmes [Básně], Torst, 1996, p. 253, cf. la traduction française de ce poème en annexe. Ce jugement de Jaroslav Med porte sur le dernier recueil de Hejda, Valse mélancolique [Valse mélancolique], uniquement. Il me semble qu’une fois de plus, la critique cherche à trouver des catégories négatives (dans la plupart de ses recueils) ou positives (principalement dans Valse mélancolique [Valse mélancolique], à cause de son ton plus résigné) dans la poésie de Hejda – c’est-à-dire dans une poésie qui est entièrement dépourvue des deux. Nous en reparlerons dans notre conclusion.

[146] « Ó byly po vsích muziky/a chorály nám hrály temné/kapely našich žil a zel./A já jsem šel/a v hrdle dusil/jsem pláč, a co bych vyznat měl. », in « Il faisait déjà sombre dans les feuilles » [« V listí už byla tma »], in « L’homme à l’oiseau mort » [« Muž s mrtvým ptákem »], Ibid., p. 119-120. Nous sommes conscients du fait que nous sommes loin d’avoir épuisé les richesses de ce recueil (il y aurait encore beaucoup à dire sur les motifs bibliques par exemple). Nous avons notamment pratiquement passé sous silence le poème final, « L’homme à l’oiseau mort » [« Muž s mrtvým ptákem »] où le concept abstrait que nous avons essayé de mettre en lumière dans ce chapitre est personnifié. Ce dernier poème s’inscrit dans le contexte du « Crieur » [« Vyvolavač »], déjà mentionné, de Mikulášek (Sentences et grâces [Ortely a milosti], Čs. Spisovatel, 1958), mais aussi de son poème Le Galeux marche de par le pays [Krajem táhne prašivec] (Čs. Spisovatel, 1957), du « maître Personne » [« Nikdo – ten hrozný pán »] de Zahradníček (in Le Signe du pouvoir [Znamení moci], Čs. Spisovatel, 1992) ou encore, à un autre niveau, du « monsieur Lazare » [« pan Lazar »] de Kainar (in Lazare et la chanson [Lazar a píseň], SN krásné literatury, hudby a umění, 1960) ou du « monstre » [« netvor »] de Hrubín (in La Crèche de Lešany [Lešanské jesličky], Čs. Spisovatel, 1970), mais s’en démarque très nettement, ne serait-ce que par son côté atemporel.

 

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