Note sur Les Chemises de noce
Cette légende
se raconte dans les pays tchèques sous deux formes sensiblement
différentes ; elles proviennent de Chansons populaires
que 1'on chantait chez nous. Dans l'une d'elles, un revenant propose
par ces mots à une fille de l'accompagner :
Viens-t-en, ma mie, viens-t-en,
Mon temps s'enfuit, je ne puis attendre ;
Mon cheval est rapide comme une blessure de flèche,
Avant le matin il nous emportera à cent lieues.
Chez presque tous les Slaves, et aussi
chez d'autres peuples, on trouve légendes et chansons populaires
racontant l'histoire d'un mort qui sort du tombeau pour chercher
la fille qu'il a aimée de son vivant. Les Serbes ont une
chanson où le mort, Jovan,
vient sur le cheval du fossoyeur chercher sa sur Jelica.
Les Slovaques racontent l'histoire d'une fille qui invoque son
amoureux en faisant cuire la tête du mort, qui, en bouillant,
émet une voix qui dit: " Viens, viens, viens! ".
Les Petits-Russes ont une chanson analogue à la serbe.
Joukovski a fagoté cette légende russe en poème,
et de même Mickiewicz, avec une légende polonaise
ou lituanienne. La Lenore allemande, du Burger, est universellement
connue. On raconte dans une chanson populaire écossaise
comment Guillaume vient chercher son amie Margueritte; une vieille
légende bretonne décrit quant à elle l'histoire
d'un frère tombé au champ de bataille qui, de nuit,
emporte sa malheureuse sur, Gvennolaik, dans l'autre monde.
La notable diffusion de cette légende parmi des peuples
linguistiquement et géographiquement éloignés
indique clairement l'ancienneté de son origine. Lui sont
analogues d'autres légendes encore, de vampires et de loups-garous,
que l'on trouve chez tous les Slaves de même que chez de
nombreux autres peuples d'Europe.
" Et ton corps blanc,
ton corps gracieux eût été comme ces chemises!
"
Dans la légende slavonne, la fille
donne son manteau de fourrure au vampire aux assauts duquel elle
essaie d'échapper. Quand vient l'heure de minuit, le vampire
mange la fourrure puis va chercher la fille qui s'est enfermée
chez elle. Le vampire frappe à la porte la fille sous différents
prétextes le retient au-dehors jusqu'au chant du coq.