Zdenka Braunerová : koncovka
Moderní Revue sv. 20, 1907/08
La malédiction de la fille
Karel Jaromír Erben
Pourquoi es-tu devenue si sombre, ma fille ?
pourquoi t'es-tu donc assombrie ?
toi qui étais toujours si gaie,
ton rire aujourd'hui a cessé !
« J'ai tué un pigeonneau, ma mère !
j'ai tué un petit pigeon, maman -
le seul de la couvée -
il était blanc comme la neige ! »
Ce n'était pas un pigeonneau, ma fille !
ce n'était pas un petit pigeon -
tes joues ont changé de couleur
et ton regard est tourmenté !
« Oh! j'ai tué un enfançon, ma mère
oh! j'ai tué un petit enfant, maman,
mon pauvre petit nouveau-né -
j'en mourrai de douleur ! »
Et que comptes-tu faire, ma fille ?
que comptes-tu faire à présent ?
comment racheter ta faute
et calmer la colère de Dieu ?
« J'irai chercher la fleur, ma mère
j'irai chercher cette fleur, maman,
qui efface tant de fautes
et calme le sang échauffé. »
Et où trouveras-tu cette fleur, ma fille ?
où iras-tu trouver cette fleur,
de par le vaste monde ?
en quel jardin pousse-t-elle ?
« Là-haut, hors de la ville, ma mère!
hors de la ville sur la colline, maman,
au crochet du poteau
sur la corde de chanvre! »
Et que fais-tu dire à ce garçon, ma fille ?
que fais-tu dire au garçon
qui venait chez nous à la maison
et s'amusait avec toi ?
« Je lui donne ma bénédiction, ma mère
!
je lui donne ma bénédiction, maman -
qu'un ver lui ronge l'âme jusqu'au trépas
pour m'avoir parlé traîtreusement! »
Et que vas-tu laisser à ta mère, ma fille ?
que vas-tu laisser à ta maman
qui t'aimait tellement
et qui t'as bercée tendrement ?
« Je te laisse ma malédiction, ma mère !
je te laisse ma malédiction, maman,
que jamais tu ne trouves de repos dans la tombe
pour m'avoir laissé faire à mon caprice! »
Traduction Katérina Hala