Konstantin Biebl
26.2.1898 Slavětín près de Louny
12.11.1951 Prague
Poète. Son père était dentiste, sa mère
reprendra le cabinet après son suicide (en 1916, au front
de Galicie). En 1916, Biebl est recruté et passe la guerre
au front de Galicie et dans les Balkans. Il est blessé
en 1918, arrêté par des comités de résistance
hostiles au gouvernement autrichien dans les Balkans et condamné
à mort. Il réussit à s'échapper et
se soigne en Bohème d'une tuberculose présumée.
Influencé par son oncle, A. Rá,
il se met à écrire (ensemble, ils publient le recueil
La route vers le peuple, 1923). Il s'inscrit à la
faculté de médecine mais n'achève pas ses
études et se consacre entièrement à la littérature.
Il se lie d'amitié avec Wolker et sa poésie lyrique
trouve dans une humanisation des choses (notamment à travers
la figure de la personnification) un moyen de se libérer
des ses expériences de guerre. Il exprime l'ivresse de
la paix à travers une sensualité spontanée.
Sa poésie sociale, parsemée d'éléments
oniriques, mêle le tragique à des traits d'humour
(La voix fidèle, 1924 ; La brisure, 1925).
Membre de la Literární skupina
à partir de 1921, il rejoint, en 1924, le Devětsil
qui lui est plus proche par ses théories poétistes
et par l'orientation communiste de la plupart de ses membres.
Sa fantaisie débridée emplit d'images ses poèmes,
aboutissant le plus souvent à une chute fortement marquée,
basée sur une hyperbole (Le voleur de Bagdad,
1925). De tous les membres de l'avant-garde tchèque, fascinés
par l'exotisme (non pour ce qu'il a d'étranger, mais désireux
de se l'approprier comme une partie intégrante de la vie),
il est le seul à l'avoir exploré pour de bon : en
1926, il part pour un voyage d'un an de par l'Océan pacifique.
Ces expériences se ressentent dans le recueil En route
avec le bateau qui transporte le thé et le café
(1927) et dans le reste de ses uvres.
Son chef-d'uvre, Le nouvel Icare
(1929), écrit dans la lignée de Zone de
G. Apollinaire, annonce déjà son passage vers le
surréalisme : en 1934, il est un des membres fondateurs
du groupe surréaliste praguois. Son vers, de plus en plus
libre, proche de la prose, met en scène des transformations
bizarrement oniriques, souvent avec un touche d'humour (La
marelle, 1930 ; Le miroir de la nuit, 1939). En 1938,
il proteste contre la façon dont Nezval dissout le groupe.
Pendant la guerre, il habite à Prague et dans ses environs
et travaille pour le cinéma. Après la guerre, il
a un poste au Ministère des informations et en tant que
membre du Comité du cinéma.
Dans son dernier recueil, Sans soucis
(1951), regroupant des vers écrits entre 1940 et 1950,
certains poèmes antifascistes évoquant les horreurs
de la guerre renouent avec l'imagerie surréaliste, d'autres
le montrent comme un défenseur convaincu de l'évolution
socialiste du pays. Il écrit alors plusieurs manifestes
satiriques pour défendre l'autonomie de la poésie
face aux normes dogmatiques postulées par la critique et
la politique culturelle de l'époque. Souffrant de pancréatite,
enclin à des crises de dépression, ne supportant
pas la méfiance ambiante des années 50 et, notamment,
l'attitude du nouveau gouvernement envers les anciens membres
des avant-gardes, il met fin à ses jours.
Jean-Gaspard Páleníček
D'après Zdeněk Peat, in Slovník
českých spisovatelů od roku 1945, T. 1, p.
41-42.