Les études centre-européennes
à Paris IV
Site du CIRCE : http://www.circe.paris4.sorbonne.fr
Par son statut intermédiaire
de région de passage, l'Europe centrale constitue un objet
d'études parfois difficile à saisir. Son analyse
est souvent entravée par une conception strictement linguistique
des aires culturelles, et notamment par la démarcation
des zones germanophone et slavophone. C’est de ce constat qu’est
né le désir d’enseignants germanistes et slavistes
de l’Université de Paris-Sorbonne (Paris IV) de dépasser
ces clivages en confrontant leurs recherches et en proposant un
enseignement commun. Principalement destiné aux spécialistes
des différentes langues représentées, ces
cours, assurés en français, sont aussi ouverts aux non-spécialistes.
Durant l’année universitaire 1999-2000,
les UFR d’Etudes germaniques et d’Etudes slaves ont inauguré
un cours de licence (EC 301) intitulé « L’art du récit
en Europe centrale au XXe siècle », qui
se proposait d’aborder des textes d’écrivains tchèques,
yiddish et polonais. [1] L’un des objectifs était de poser la
double question de la pertinence des genres (roman et nouvelle)
dans le projet narratif, et de dégager la spécificité
centre-européenne dans le recours aux « genres mineurs ».
Le programme s’est élargi l’année
suivante à une unité d’enseignement intitulée
« Courants littéraires et artistiques d'Europe centrale »
et conçue en deux parties, littéraire et artistique (un
semestre d’histoire de la musique, un semestre d’histoire de l’art
- Prague, Vienne, Budapest, Cracovie).
Le cours d'histoire de la musique replace la
musique dans un contexte : l'histoire de la musique est également
la musique dans l'histoire. L'étude des compositeurs, des
œuvres, des genres et des mouvements y est abordée non
pas sous un angle formel, mais en rapport avec la société
et les autres arts. Elle est présentée successivement
dans les principaux espaces culturels et linguistiques d'Europe
centrale. [2]
De même, le cours d’histoire de l’art
retrace chronologiquement courants et thèmes partagés
par les différents pays de la région : les
XIXe siècles ; les Sécessions ;
le « moi » et l’Univers ; l’artiste et la société ;
entre le beau et l’utile : les arts décoratifs ;
vers l’abstraction ; les avant-gardes. [3]
Le cours de « littérature centre-européenne »,
couvrant cette fois les domaines autrichien, tchèque, polonais
et yiddish, a été pensé autour du thème
« Figures du marginal dans les littératures centre-européennes
du XXe siècle ».
[4] Les articles réunis dans ce volume, centrés
sur certains de ces textes, constituent les actes d’une journée
publique d’études présentée dans le cadre
de ce cours, le 2 mars 2001 au centre Malesherbes de l’Université
de Paris Sorbonne (Paris-IV).
L’année universitaire 2001-2002
verra l’élargissement de ces études par la création
d’un cours de deuxième année de DEUG (EC 201) :
« De la politique à la littérature : littératures
et civilisations centre-européennes XIXe-XXe
siècles » ; la reconduction du cours de licence
« Courants littéraires et artistiques d'Europe centrale »
décrit ci-dessus (le programme littéraire étant
élaboré autour du thème « Fantastique
et merveilleux ») ; et enfin l’ouverture d’un séminaire
de maîtrise consacré à « L’expressionnisme
en Europe centrale ». Par ailleurs, un centre interdisciplinaire
de recherches centre-européennes devrait être inscrit
au sein de l’Ecole doctorale « Civilisations, Cultures, Littératures
et Sociétés »; il proposera entre autres un
programme de recherches autour du thème « Loin du
centre. Mythe des confins, quête identitaire et poétique
périphérique dans la culture centre-européenne
de 1880 aux années 1930. » Un colloque international
consacré aux « Images des confins de l'Europe centrale
dans la littérature des voyageurs, 1880 -1930 » se
tiendra en février 2002.
Notes
[1] Littérature tchèque : Karel
Čapek, La Guerre des salamandres, Milan Kundera, Risibles
amours, Bohumil Hrabal, Une trop bruyante solitude ;
littérature yiddish : Mendele Moykher Sforim, Les
Voyages de Benjamin III, Lamed Shapiro, Le Royaume juif,
Isaac Bashevis Singer, La Corne du bélier ;
littérature polonaise : Bruno Schulz, Les Boutiques
de cannelle, Witold Gombrowicz, Ferdydurke, Tadeusz
Konwicki, La Petite Apocalypse.
[2] Autriche : Johann Strauss, Richard Strauss,
Gustav Mahler, Arnold Schönberg, Anton von Webern, Alban Berg ;
Bohême : Bedřich Smetana, Leoš Janáček, les
avant-gardes des années 1920 - Alois Hába, Pavel
Haas, Gideon Klein, Hans Krása, Victor Ullmann, etc. ; Hongrie :
Béla Bartók et Zoltan Kodály ; Pologne : Karol
Szymanowski. Cours assuré par Bernard Banoun.
[3] Sont évoqués les artistes :
Oskar Kokoschka, Alfred Kubin ; Mihaly Munkácsi, Laszló Páal,
Josef Rippl-Rónai, Pál Szinyei-Merse ; Alois Bílek, František
Kupka, Emil Filla, Bohumil Kubišta, Otakar Kubin ; Stanisław
Witkiewicz, Stanisław Wyspiański, Jacek Malczewski,
Jan Matejko, etc. Cours assuré par Markéta Theinhardt,
maître de conférences à l’UFR d’Etudes slaves.
[4] En allemand : Franz Kafka, « Joséphine
la cantatrice », « Rapport pour une académie »,
« Extraits des Journaux » ; Joseph Roth,
Le Marchand de corail ; Josef Winkler, Cimetière
des oranges amères ; en tchèque :
Jaroslav Hašek, Le Brave Soldat Chweïk ; Bohumil Hrabal,
Moi qui ai servi le roi d’Angletrre ; en polonais :
Witold Gombrowicz, Trans-Atlantique ; Jarosław
Iwaszkiewicz, Gloire et renommée ; en yiddish :
Isroel Rabon, La Rue.